Par Myriam Bourdeau-Potvin
Église presbytérienne Knox, mardi soir : la sixième édition du VERSefest débute. Des poésies provenant de l’international, du Canada et d’Ottawa étaient au rendez-vous. Gerður Kristný était présente pour partager avec légèreté son interprétation au penchant féministe d’un mythe nordique. Le double récipiendaire du prix littéraire en poésie de la Saskatchewan, Gerald Hill, et les Ottaviennes Amal El-Mohtar et Sonia Lamontagne y étaient également. Cette dernière a profité du lancement du festival pour échanger avec d’autres auteurs. « Le fait que ce soit bilingue nous permet de nous découvrir les uns et les autres », relate-t-elle. « Ça nous donne l’occasion de partager cette expérience qu’est d’être poète avec des gens qu’on ne connait pas mais avec qui on a des affinités. »
En six jours, soixante poètes ont pris la parole. Pour la poète de Fauquier, ce festival représente « un point de convergence des voix. » Souvent, explique-t-elle, « on ne donne pas beaucoup de place et de temps à la poésie. Au VERSefest, chaque poète dispose de vingt minutes, c’est donc une chance de pouvoir connecter avec le public avec des mises en contexte plutôt que de simplement faire des lectures. Le public est très attentif et réceptif. »
Très présente sur la scène francophone, Lamontagne a publié son deuxième recueil, Comptine à rebours, l’année dernière. Sa première publication, À tire d’ailes, s’est méritée le prix de poésie du Trillium en 2012. Lors de son passage sur scène à la soirée d’ouverture, elle était accompagnée de Daniel Groleau Landry à la guitare, ce qui semble avoir inspiré plusieurs auteurs.
Par Didier Pilon
L’expérience a su s’allier à la relève, mercredi dernier, pour une soirée particulièrement hétéroclite.
Parmi les sept poètes de la soirée, on y compte la double récipiendaire du Prix du Gouverneur général, Caroline Pignat; la spécialiste de littérature caribéenne, Pamela Mordecai; ainsi que Mia Morgan, étudiante au département d’English à l’U d’O.
La francophonie canadienne était tout aussi représentée avec des performances du Québécois Thierry Dimanche, de l’Acadien Gabriel Robichaud et du Franco-Manitobain Paul Savoie.
Récipiendaire du Prix Champlain 2015 pour son recueil Le milieu de partout, Dimanche a tiré avantage des lieux – l’église Knox – pour partager un extrait de L’Évangile jetable.
Mécréant, Dimanche recycle symboles et images religieuses dans des narratives bien contemporaines. Il tire la poétique de la métaphysique biblique, tout en évitant le dogmatisme et le regard moqueur. « Je m’inspire du langage lyrique de la Bible en exploitant une certaine ambiguïté », explique le poète. « C’est toujours au deuxième degré, mais sans jamais ridiculiser la source. »
Dimanche avoue éprouver certaines difficultés avec la scène : « La scène, c’est dangereux. Elle a tendance à vouloir séduire les gens. On veut faire des clins d’œil, un peu d’humour… Mais c’est à double tranchant : on risque d’y perdre la poétique. »
Pour Gabriel Robichaud, c’est tout le contraire. Comédien d’abord, l’Acadien se décrit « un gars de la scène » : « Ça serait à l’encontre de qui je suis d’exclure la scène de mon écriture. Le souci de la lecture est toujours présent. »
Cette passion théâtrale s’est infiltrée dans tous les aspects de sa lecture, mercredi dernier, alors que le jeune poète a montré un contrôle impressionnant de la cadence, du volume et de l’expressivité dramatique.
Par Marie-Pier Pernice
Jeudi soir dernier, c’était au tour du Arc Poetry Magazine de présenter quatre poètes. L’animateur, Jean-Michel Francheteau, a su ajouter une touche d’humour à l’évènement en se moquant notamment de son français chancelant (lire plutôt : inexistant!) malgré la sonorité francophone de son nom.
Ce magazine canadien fêtera bientôt ses 40 ans et continue de se démarquer dans le monde de la poésie, notamment grâce à son programme Poet-In-Residence (PIR) qui offre du mentorat à des artistes émergents via le web.
Doyali Islam, participante au PIR, est montée sur les planches en premier, présentant entre autres un « poème parallèle » où elle explore des moments vécus simultanément par des gens se trouvant sur deux parallèles différents.
Katherine Leyton, le coup-de-cœur La Rotonde de la soirée, a par la suite charmé la foule grâce à ses textes crus et humoristiques, inspirés entre autres du Prince Edward County où elle a récemment terminé l’écriture de son premier recueil intitulé All The Gold Hurts My Mouth.
Hector Ruiz, représentant francophone de l’évènement, a proposé une formule interactive et en a fait sourire plus d’un. Extasié à l’idée de pouvoir lire ses poèmes pendant plus de 20 minutes, il s’est pourtant inquiété des risques associés à sa présentation : « C’est comme si on traversait le Sahara, mais dans sa bouche », s’est-il exclamé en sortant des quartiers de citron de son sac.
Marilyn Dumont, poète de descendance Cri et Métis et mentor du PIR en 2014-2015, a clôt cette magnifique soirée avec ses textes sensibles et militants.
Par Myriam Bourdeau-Potvin
Le samedi après-midi a permis à plusieurs étudiants de prendre la parole. Certains ont profité de la vitrine qu’offrait le festival pour partager leur travail pour la première fois en dehors de leur salle de classe. Deux auteurs francophones, Frédéric Lanouette et Geneviève Bouchard, ont joué le rôle d’ambassadeur de l’Université d’Ottawa.
Dans sa première partie, Bouchard s’est laissé inspirer par un vieux guide d’étiquette et de bienséance pour l’épouse modèle. Elle a recyclé et transformé ce discours sexiste des années cinquante en une liste satyrique de conseils pratiques pour assassiner son mari, qu’elle récite avec la suffisance requise. « Il y a beaucoup de mes poèmes qui sont plus sombres, mais toujours aussi ludiques », précise l’auteure.
Présentement à la Maîtrise en création littéraire, les écritures de la jeune dame se penchent plus particulièrement sur le corps. Puisqu’elle a d’abord une formation en danse et en théâtre, la dualité entre son dialogue intérieur et celui qui se transmet physiquement la passionne : « Le paraitre par rapport à l’intérieur; la poésie parle plutôt de l’intérieur alors que quand on danse, c’est plutôt le corps qui s’exprime. »
Une mention spéciale à Sanita Fejzić, également présente pour l’évènement, qui a terminé sa présentation avec un slam francophone enivrant.