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Où sont les femmes en politique ?

15 octobre 2018

Par Camille Ducellier 

La seule certitude que nous pouvons avoir pour l’élection municipale de la semaine prochaine est la suivante : Ottawa va élire un homme au poste de maire. Nous avons effectivement un choix diversifié de 12 candidats masculins sur les 12 qui se présentent à la mairie. Ces chiffres alarmants entraînent certainement un questionnement sur la représentation et la participation féminine en politique. Bref, où sont les femmes en politique ?

De nos jours, bien que nous puissions légalement voter ainsi que se présenter comme candidates dans nos circonscriptions, le nombre de femmes qui se lancent en politique est significativement plus bas lorsqu’on le compare à celui des hommes. Comment peut-on expliquer ce manque de représentation féminine en politique ?  

Suite à de mûres réflexions autour de la question, il vient rapidement à l’esprit que de nombreux obstacles font croche-pied aux femmes qui se lancent dans une carrière politique. Bien que l’on tente de prétendre le contraire, l’apparence physique ainsi que la situation familiale sont des sujets de discussion qui semblent plus pertinents que les compétences ou l’expérience. Prenons exemple sur Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères du Canada. Pour ne faire qu’un bref survol de son curriculum vitae, la ministre parle 5 langues, est une journaliste financière accomplie, auteure de best-seller, titulaire de diplômes de l’Université Harvard, et lauréate du prix de diplomate de l’année 2017. Cette liste est peut-être surprenante si l’on ne connaît pas la ministre Freeland, puisque sa voix, sa taille, ou son choix de tenue semblent souvent plus importants que sa valeur intellectuelle. Pour justifier ces propos, il ne suffit que d’effectuer une recherche Google en inscrivant le nom Chrystia Freeland dans la barre de recherche. Les 4 premiers mots associés à la ministre des Affaires étrangères sont husband, height, family, et cries.

Avant de m’emporter, j’ai voulu vérifier cette expérience avec son collègue Lawrence MacAulay, ministre de l’Agriculture et de l’agroalimentaire. Les 4 premiers mots proposés par Google suivant le nom de Lawrence MacAulay sont chief of staff, mp, minister et mandate letter. Bien entendu, MacAulay aussi a des enfants, mais ça ne semble pas être un défi lorsqu’on est un homme en politique.

Nous pouvons également voir une grande dualité lorsqu’il est question de la réaction médiatique quand une personnalité publique se montre vulnérable et sensible. Ce n’est pas une grande surprise, mais une femme qui pleure à la télévision se fait classer dans la catégorie des hystériques et irrationnelles. Au contraire, en tant qu’homme, il ne suffit que de verser quelques larmes pour gagner la sympathie des sénateurs et ainsi atteindre le statut de juge à la Cour suprême américaine.

Après avoir assisté à de nombreux panels sur la question des femmes en politique, il semblerait qu’une solution pour avoir un meilleur ratio homme-femme en politique serait de mettre sur pied des programmes pour les jeunes filles qui leur donne l’opportunité de s’impliquer dans la vie politique, en suivant un.e politicien.ne dans ses fonctions. De plus, des recherches de plusieurs firmes statistiques, tel qu’Abascus Data, expliquent que les femmes auraient plus de chance de se faire élire si les partis politiques les recrutaient pour des circonscriptions considérées « gagnées».

Bref, il existe une multitude de solutions et de techniques pour inciter les femmes à se lancer en politique. Toutefois, l’intérêt n’est pas le problème, mais plutôt les obstacles à franchir pour arriver à se faire élire, puis certainement pour arriver à se faire prendre au sérieux. Une piste pour un bon départ serait certainement un réajustement dans la représentation médiatique des femmes politiques, qui est entièrement ou presque fondée sur l’apparence et la vie privée. Ainsi, qui sait, peut-être que nous aurons la chance d’avoir au moins une candidate dans une marée d’hommes pour le poste de maire d’Ottawa en 2022.

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