
Les enjeux de la communauté féminine pour les élections municipales
Par Camille Ducellier, Cheffe du pupitre actualités
En préparation pour l’élection municipale du 22 octobre, une centaine de personnes se sont rassemblées jeudi dernier à l’hôtel de ville d’Ottawa pour discuter de différents enjeux qui préoccupent la communauté féminine. L’événement intitulé Une ville pour tous, organisé par l’IVTF (Initiative : Une ville pour toutes les femmes) a réussi à mêler citoyens, élus, spécialistes ainsi que candidats au conseil municipal.
Étant donné que les questions soulevées par les nombreux acteurs en équité des genres englobent souvent une variété de concepts rhétoriques et abstraits, il est rafraîchissant d’entendre parler et de participer à des initiatives en politique municipale.
Le forum Une ville pour tous a pour but, entre autres, de faire d’Ottawa une ville où toutes les femmes ont l’opportunité de participer et de contribuer au fonctionnement de leur communauté. Pour ce faire, de nombreuses panélistes ont présenté les principaux enjeux qui inquiètent la capitale nationale et sa population féminine. En fait, des organisations comme The Well, un centre de jour pour les femmes sans-abri, soulèvent que les logements sociaux ne sont pas accessibles en raison de la montée fulgurante du prix du logement. De plus, les porte-paroles de cette organisation mentionnent que de plus en plus, les femmes qui fréquentent ce foyer sont issues de communautés nouvellement immigrées, et sont souvent à la tête de familles monoparentales.
Caroline Johnston, représentante de la OCTEVAW, soit la Coalition d’Ottawa contre la violence faite aux femmes, estime que toutes les femmes, qu’elles soient nées à Ottawa ou qu’elles viennent tout juste d’arriver au pays, méritent des services d’appui ainsi qu’une ville sécuritaire. En fait, celle-ci propose que les officiers responsables du respect des règlements municipaux soient formés pour détecter un environnement de violence domestique ou de violence sexuelle. De plus, la coalition veut que les armes à feu soient bannies dans les habitations connues des services de police, là où il y a déjà eu des cas de violence domestique.
L’enjeu des taxes
Beaucoup d’initiatives concrètes ont été mises de l’avant par les panélistes ainsi que les participant.e.s. En guise d’exemple, une augmentation de 1% des taxes municipales pour les citoyens de la ville d’Ottawa équivaudrait à 14 millions de dollars supplémentaires pour le budget municipal, et ne requiert que 37$ de plus par foyer durant une année fiscale.
Si l’on regarde Montréal, Vancouver et même Edmonton, Ottawa a un travail phénoménal à faire pour rattraper les initiatives mises sur pied pour inclure les femmes dans l’engagement municipal. En effet, les trois villes citées plus haut ont, entre autres, investi dans des consultations publiques ainsi que dans des recherches et analyses sur l’équité des genres.
Cela étant dit, un nombre important de participants au forum, comptant des organisations communautaires, des candidats au conseil municipal et des membres du public, ont soulevé que la ville d’Ottawa devrait lancer une analyse intersectionnelle basée sur le genre pour être en mesure de progresser. En d’autres mots, il s’agit d’une analyse qui prend en compte le fait qu’une personne peut faire face à différentes sortes de discrimination dans une société.
Et les étudiantes ?
Parmi les nombreux participants au forum, quelques étudiantes de l’Université d’Ottawa s’informaient elles aussi sur les intentions des candidats vis-à-vis l’inclusivité. Elliane Loignon, étudiante de troisième année en étude de conflits et droits humains, estime que « les enjeux que nous devons aborder pour créer une ville plus inclusive sont nombreux et complexes, mais, avec la passion et le dévouement de tous ceux qui ont participé ce soir, je suis convaincue que nous réussirons à créer une ville pour tous ».
Étudiante universitaire depuis une semaine seulement, Pascale Couturier-Rose s’intéresse déjà à la question féminine à Ottawa. Celle-ci explique qu’il est impératif de créer une ville inclusive, principalement axée sur l’intersectionnalité, puisqu’il est « important de reconnaître que nous ne vivons pas notre féminisme de la même façon que tout le monde ». D’ailleurs, celle-ci espère que « les électeurs prendront le temps de se renseigner sur les plateformes des candidats pour pouvoir prendre une décision éclairée qui bénéficiera à la ville en entier ».
Les candidats municipaux présents ont tous exprimé leur appui à Une ville pour tous, incluant Mathieu Fleury, qui relance sa campagne pour un troisième mandat dans le district 12, où se trouve l’Université d’Ottawa.
Au final, ralliant les différentes définitions qu’on peut se faire de l’inclusivité, ce forum a su rassembler une multitude d’individus militant pour un futur assurant la sécurité à tou.te.s les habitant.e.s d’Ottawa. Plusieurs autres initiatives sont présentement entamées par divers organismes pour tenter de faire changer les statistiques alarmantes qui démontrent un débalancement au sein du conseil municipal : sur les 24 représentants de la ville d’Ottawa lors du dernier mandat, incluant le maire, uniquement 4 sont des femmes.