Un groupe de chercheurs de l’Université du Kent, au Royaume-Uni, vient récemment de publier un article dans le Journal of Epidemiology and Community Health qui décrit leur étude sur le lien entre l’hypothyroïdie et la fluoration de l’eau. Selon l’étude, la fluorisation de l’eau serait associée à une augmentation des taux d’hypothyroïdie d’entre 40 % et 60 %. La Ville d’Ottawa soutient la fluoration de l’eau depuis les années 1960, tandis que la ville de Gatineau a arrêté la pratique il y a quelques années.
Qu’est-ce que la fluoration de l’eau? Cela consiste à diminuer ou augmenter la concentration de fluor dans l’eau de manière à garder un taux optimal (l’OMS reconnait le taux optimal comme étant entre 0,5 mg/L et 1 mg/L). Au Canada, le taux naturel de fluor dans l’eau varie entre 0,01 mg/L et 11,00 mg/L. Ottawa ajoute de l’acide hydrofluorosilicique (H2SiF6) lors du traitement de l’eau afin d’atteindre la concentration de fluorure de 0,7 mg/L. Le fluor est très efficace comme protection contre les caries. La fluoration pourrait réduire le taux de décomposition dentaire par près de 50 %. Les caries dentaires sont surtout causées par l’acide produit par les bactéries qui vivent dans la bouche ; cet acide a pour effet de détruire l’émail des dents. Le fluor prévient cette décomposition de l’émail.
La fluoration est non seulement efficace, mais elle est aussi saine et non dangereuse. Beaucoup d’organisations de Santé publique telle que Santé Canada, l’OMS, le FDA des États-Unis, et le NHS Britannique appuient la fluoration de l’eau. En fait, le CDC américain a nommé la fluoration comme une des dix avancées médicales les plus importantes du XXe siècle. La grande majorité des études ont trouvé que la fluoration est saine, comme, par exemple, une étude britannique menée par le Département de la Santé et l’Université de York qui a trouvé qu’il « n’existe pas suffisamment de preuves pour établir une conclusion » sur les effets négatifs potentiels de la fluoration. C’est aussi une procédure qui ne coute pas cher : la ville d’Ottawa ne dépense qu’environ de 400 000 $ par année pour fluorer son eau. Il est vrai que la ville de Gatineau ne fluore pas son eau, mais ceci va à l’égard des recommandations de la Direction de la santé publique de l’Outaouais, qui soutient la fluoration.
Quant à l’hypothyroïdie, cette condition affecte moins d’un pour cent de la population. Le risque suggéré par l’étude récente ne représentera qu’une petite augmentation du risque, surtout comparé au risque de caries. Bien sûr, il ne s’agit que d’une étude. Cela n’est pas assez pour établir une corrélation entre la fluoration et l’hypothyroïdie : il faudra faire plus de recherches à ce sujet.
L’argument moral principal contre la fluoration est celui des droits de la personne : est-ce que le gouvernement a le droit de nous donner des médicaments sans notre consentement? La fluoration de l’eau n’est pas une sorte de médicament. Par contre, si le gouvernement ne devait pas contrôler la composition de l’eau du robinet, alors le gouvernement ne devrait pas assurer que l’eau du robinet soit saine. Est-ce que ça devrait être la responsabilité de chaque citoyen.ne de filtrer son eau afin de la rendre potable? Il est vrai qu’il n’existe pas un consensus politique sur la fluoration mais cela n’est pas un argument efficace. Il faudra se rappeler du temps où l’état de l’Indiana a presque passé une loi qui, entre autres, aurait défini π comme étant 3,2. Cependant, il existe quand même un assez grand consensus politique : au-dessus de 70 % de la population boit de l’eau fluorée dans de nombreux pays, tels que les États-Unis, l’Irlande, l’Australie, et Singapore.
Comme Canadiens et Canadiennes, et en tant qu’habitants d’Ottawa, l’eau que l’on boit est généralement de très bonne qualité, et la fluoration de l’eau aide à conserver cette qualité. Espérons voir une augmentation de l’utilisation de cette technique saine et efficace. Il ne faudra surtout pas confondre la peur de la chimie et l’analphabétisme scientifique comme de véritables raisons pour opposer les efforts de santé publique. À votre santé!
– Nicholas Robinson
Étudiant en physique