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On prend les mêmes et on recommence !

21 septembre 2021

Crédit visuel : Benoit Debaix – Unsplash

Une chronique rédigée par Johan Savoy – Journaliste

Au terme d’une soirée électorale n’ayant laissé que peu de place au doute, les résultats ont confirmé que le nouveau gouvernement sera formé par le Parti libéral de Justin Trudeau. Il s’agira, une nouvelle fois, d’un gouvernement minoritaire puisqu’au moment d’écrire ces lignes, les libéraux.ales étaient en passe de faire élire 158 député.e.s, soit 12 de moins que le chiffre requis pour atteindre la majorité.

Les premiers chiffres à tomber ont été ceux des provinces atlantiques aux alentours de 20h30. Malgré des premiers résultats à tendance libérale, les conservateur.ice.s entamaient cette soirée électorale plus confiant.e.s que jamais puisqu’ils.elles étaient en voie de réaliser quelques gains en Nouvelle-Écosse ainsi qu’au Nouveau Brunswick.

Une soirée qui s’annonçait donc palpitante… Jusqu’à la fermeture des bureaux de vote québécois et ontariens à la suite de laquelle une tendance s’est assez vite dégagée. Les régions du grand Montréal et du grand Toronto se sont rapidement vêtues de rouge, tuant ainsi dans l’œuf tout espoir conservateur d’arracher un gouvernement minoritaire. C’est ainsi que peu après 22h, le sort de ces élections était connu.

Un « coût » pour rien ?

À la lumière de ces résultats, dire que ces élections ne changeront pas fondamentalement les choses serait un euphémisme puisqu’avec 158 sièges, les libéraux.ales améliorent leur score de 2019 de un siège. Autant dire qu’il s’agit d’un échec cuisant car, rappelons-le, l’objectif était de récupérer la majorité au Parlement, même si le Premier ministre s’est toujours bien gardé de l’avouer.

Pourquoi maintenant ? Il s’agit sans doute d’une question épineuse à laquelle devra faire face le chef du parti nouvellement élu. Alors que la quatrième vague de la COVID frappe fort, notamment en Alberta, le déclenchement d’élections fédérales dans ce contexte continue à susciter l’incompréhension à travers le pays. Ce ne sont certainement pas ces résultats qui aideront Trudeau à se justifier.

François Rocher, professeur titulaire de l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, renchérit même en affirmant « qu’il s’agit de deux mois de perdus dans la manière d’aborder les enjeux qui comptent réellement pour les Canadien.ne.s […] Deux mois où un certain nombre de projets sont morts au feuilleton et devront être repris, comme notamment la Loi portant sur l’encadrement des réseaux sociaux ou encore la Loi sur les langues officielles. »

Que dire du coût engendré par ces élections ? En se basant sur les estimations réalisées par Élections Canada au cours du mois d’août dernier, la facture avoisinerait les 612 millions de dollars. Un montant qui a de quoi déranger, surtout à la suite des dépenses réalisées dans le cadre de la pandémie.  

Une percée populiste 

Si un résultat peut paraître surprenant, c’est bien celui du parti de Maxime Bernier. Bien que n’ayant pas réussi à faire élire le.la moindre député.e, pas même leur chef, le Parti Populaire du Canada (PPC) est tout de même parvenu à obtenir 5,1 % du vote populaire, arrachant ainsi la cinquième place au Parti vert en termes de pourcentage de voix obtenues.

Le vote populaire a ainsi plus que doublé depuis 2019, même si le PPC ne sera toujours pas représenté à la Chambre des Communes.

Rocher analyse d’ailleurs ce phénomène comme étant particulièrement inquiétant : « Les résultats démontrent que plus de 814 000 Canadien.ne.s sont aujourd’hui prêt.es à faire confiance à M. Bernier, un candidat à la sauce Trump particulièrement extrême quant à ses positions sur l’immigration ou encore sur sa tendance à négliger les changements climatiques. »

Effondrement des verts

Finalement, le grand perdant de cette joute électorale est incontestablement le Parti vert du Canada. Littéralement balayé dans le vote populaire, le parti d’Annamie Paul n’a même pas fait illusion dans ces élections.

Elle-même battue dans sa circonscription de Toronto-Centre, la cheffe du Parti vert n’a réussi qu’à obtenir 2,3 % des suffrages pour son parti, se plaçant ainsi bonne dernière du classement. Un choix de chef.fe qui pose d’ailleurs question puisque l’ancienne dirigeante du Parti vert, Elizabeth May, a quant à elle été réélue dans sa circonscription de Saanich-Gulf Islands en Colombie-Britannique. 

Rocher nous explique que cette débâcle a été provoquée essentiellement par deux facteurs : « Le  refus de madame Paul d’aller appuyer ses candidat.e.s dans les différentes circonscriptions a été assez révélateur de son manque de leadership […]. Par ailleurs, le Parti vert ne dispose plus, aujourd’hui, du monopole des questions environnementales, ce qui était leur marque de commerce. »

Étonnant finalement de constater que dans un contexte climatique toujours plus oppressant, le seul parti politique dédié entièrement à la cause environnementale soit laminé de la sorte, et ce, au profit d’un parti pour le moins controversé.

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