
« On peut constuire une assemblée qui nous représente tous » J-P Ouellet
– Par David Beaudin Hyppia –
Le référendum sur les Assemblées générales (AG) visant leur création comme instance décisionnelle suprême de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) se produira en même temps que les élections. Ce référendum d’envergure doterait l’Université d’une toute nouvelle organisation de démocratie directe qui permettrait aux étudiants de prendre part dans les décisions du syndicat étudiant.
La Rotonde a rencontré Jean-Philippe Ouellet, porte-parole de la campagne du Oui, qui a profité de l’occasion pour exposer les arguments pour un vote favorable à leur proposition. M. Ouellet a mis l’accent sur le fait que l’AG donnera le droit de participer à tous les étudiants sans exception, et a essayé de réfuter tout risque de domination de l’instance par une frange ou par une autre.
La Rotonde : Pourquoi pensez-vous qu’il est nécessaire de créer des assemblées générales?
Jean-Philippe Ouellet : Le mouvement étudiant ontarien est grandement handicapé par les actions anti-démocratiques qui ont réduit les syndicats étudiants en organisations libérales bureaucratiques qui ne servent plus à rien. Malgré les divisions entre la campagne du Oui et la campagne du Non, beaucoup de personnes qui n’appartiennent pas nécessairement à des groupes qui sont pro-AG sont venues me voir pour me dire qu’ils sont d’accord avec notre proposition. Il n’y a pas de gauche ni de droite, il n’y a que le progrès et ceux qui veulent l’empêcher. Des groupes comme le Student Coalition for Fiscal Responsability [qui n’existe plus] sont des réactionnaires qui veulent l’empêcher et pour eux, tous les moyens sont bons pour l’empêcher. Ils réalisent que les étudiants veulent une démocratie directe.
LR : Avez-vous plus de détails sur la logistique des assemblées générales ?
JPO : Pour ce qui en est des spécificités et de la logistique des Assemblées générales, c’est au Conseil administratif (CA) que les modalités vont être décidées. C’est certain que si le référendum passe, il va y avoir la création d’un comité. La campagne du Oui n’est pas là pour construire les AG, mais pour inciter les gens à voter pour la création des AG. Il y a plusieurs façons de faire et de gérer le déroulement de ces Assemblées-là. Certains veulent utiliser le Robert’s Rule [Robert’s Rules of Order, ouvrage traitant des règles de procédure des assemblées délibérantes], mais je crois qu’il faudrait créer un système propre à l’Université d’Ottawa. Si les gens du Non sont prêts à accepter l’existence des Assemblées générales, nous sommes prêts à travailler avec eux.
LR : Y-a-til une bonne écoute et une bonne participation pour ce référendum ?
JPO : Pour l’instant, la campagne avance bien. On a le vent dans les voiles. Beaucoup d’étudiants qui n’en avaient pas entendu parler en novembre m’ont dit qu’il allait voter pour ce référendum. La grande difficulté reste quand même de motiver les bénévoles. La FÉUO n’est présentement pas efficace à mobiliser la population étudiante parce qu’il n’y a pas de participation directe. Une fois que les gens vont venir aux Assemblées générales, ils vont continuer à venir parce qu’ils vont réaliser que leur vote compte autant que celui de la présidente ou que celui du VP aux finances. On reste optimistes, on fait confiance aux étudiants.
LR : Pensez-vous que les assemblées générales représenteraient mieux les étudiants?
JPO : Les Assemblées générales ne servent pas seulement la gauche. Le discours que la campagne du Non utilise sur la monopolisation des Assemblées par une frange radicale est complètement farfelu. Je vous dirais qu’il y a environ une quarantaine de gauchistes purs et durs à l’Université d’Ottawa. Ce n’est pas assez pour dépasser le quorum. Un autre argument de la campagne du Non qui est faux est celui que soit les Assemblées générales ne représentent pas les minorités, soit que les minorités prennent le contrôle. Les Assemblées générales permettent aux minorités de se montrer et de réclamer des droits dans le respect des autres minorités. C’est beaucoup mieux qu’un CA qui ne représente aucune minorité. C’est certain qu’Action étudiante est d’accord avec la création d’Assemblées générales, mais c’est plutôt des individus qui partagent les mêmes idées que nous qui veulent participer à la création d’une telle Assemblée. Trois cents personnes qui font une décision, c’est toujours plus démocratique que 32. Mais 300 personnes ça reste quand même trop petit, mais on y va tranquillement.
LR : Qu’avez-vous pensé du débat?
JPO : Par rapport au débat, le problème c’est que tout le monde qui se présente là savent déjà pour qui ils vont voter. Ce sont des amis qui apportent leurs amis pour les encourager, et finalement il n’y a pas de débat d’idées. Si quelqu’un venant écouter le débat sans avoir une opinion déjà faite, il en ressortirait tout aussi confus. Nous avons la même vision que celle que nous avions en novembre. On pense que le mouvement étudiant est le moteur du changement. Un jour on pourra avoir des vrais débats, et ça s’appellera des Assemblées générales.
LR : Pourquoi voter Oui ?
JPO : Même les étudiants qui ne se sont pas vraiment informés peuvent être conscients des changements en jeu. Je pense que ceux qui votent « non » sont fondamentalement anti-démocratiques, même ceux qui ne sont pas totalement contre le fondement de la démocratie directe mais qui n’aiment pas la manière dont les Assemblées sont présentées devraient voter oui, car c’est tous ensemble que l’on peut construire une vraie Assemblée qui nous représente tous.