– Par Didier Pilon et Alex Millaire –
La bière coulait à flots, autant à la scène principale qu’à l’estrade « Skate Ramp ».
Pour cette édition d’Oktobrefest, Beau’s a invité une vingtaine de groupes canadiens, répartis sur deux scènes. Le contraste entre les scènes était saisissant.
Sur la grande scène, six groupes folks se sont enchainés. Une foule de six à sept mille spectateurs se balançait paisiblement de gauche à droite en appréciant les airs paisibles. L’exception notoire est bien sûr Radio Radio, qui est demeuré toujours aussi inclassable! La petite scène, en revanche, située entre un mini-planchodrome et une demi-lune de huit pieds, était un lieu d’intensité sans compromis, donnant écho au power chords d’une douzaine de groupes punks.
Les spectacles du vendredi soir ont bien montré que les groupes les plus connus ne sont que rarement les meilleurs. Bien que la foule se soit accumulée par milliers pour la prestation de Rural Alberta Advantage et de Joel Plaskett Emergency, les meilleurs spectacles de la soirée étaient plutôt New Swears et Groenland.
New Swears est entré sur scène avec leurs guitares pastel et leurs perruques roses. En écoutant leurs riffs pop-punk à la Ramones baignés de réverbération, nul n’anticipait leur talent de musicien. Après avoir été témoin de leurs solos de guitare techniques — parfois entre les jambes, parfois sur les hautparleurs — qui pourrait en douter? La foule a moshé sur leurs chansons punks et skanké sur leurs rythmes ska qui évoquaient autant Rancid que les Planet Smashers.
Les harmonies à quatre voix de Groenland — sur un fond de clavier, ukulélé, violon, violoncelle, mélodica, tambourin, maracas et bien d’autres encore — étaient certes très différentes. La voix sereine et puissante de la Sabrina Halde a évoqué une version folk Amanda Palmer. La musique, pleine et touchante, est venue chercher la foule.
Samedi a vu l’arrivée d’une pleine dose de groupes punks sur la petite scène, dont les vedettes incontournables étaient D.O.A., groupe légendaire de Vancouver à l’œuvre depuis 1978. La formation a même eu droit à sa propre bière Beau’s cette édition, la Hardcore 8.1% Malt Liquor, première dans sa classe à être brasée avec de la canne à sucre biologique. « Quand on l’a essayée, je me suis rendu mi-chemin à travers mon quatrième 40 onces avant que j’ai vraiment commencé à la ressentir », raconte Joey « Shithead » Keithley, chanteur et seul membre original du groupe. «Si après trois, ça fait l’affaire, bien moi je suis satisfait », souligne-t-il.
Blue Mushroom Sirkus Psyshow a offert, sur la grande scène, un spectacle de cirque poignant, surtout pour ceux qui ont l’estomac fragile. Clous dans le nez, dards dans le dos, sabres jusque dans les voies digestives, cette troupe talentueuse en offrait pour tous les, euh, goûts.
Retour vers des prestations plus traditionnelles, The Strumbellas, sextuor folk-pop de Lindsay nouvellement récipiendaire du prix Juno, a impressionné la foule avec sa musique texturée et sa grande maîtrise de l’harmonie vocale. Pour sa puissance brute et sa capacité de faire danser les gens, cependant, Radio Radio était imbattable. La foule était simplement enivrée au son des chansons de leur plus récent album, Ej feel zoo. C’est la formation électro-pop Tokyo Police Club qui a eu le malheur de suivre la prestation énergétique du duo acadien. Bien visiblement, il n’a pas su engager le public autant. Quoique démontrant un son poli, la présence sur scène du groupe laissait un peu à désirer.