– Par Moussa Sangaré-Ponce –

L’Université d’Acadia a annoncé, au mois de septembre dernier, un partenariat avec Kinduct Technologies, une compagnie d’Halifax qui se spécialise en sciences de la santé et sportives. Les équipes sportives d’Acadia peuvent accéder aux technologies de Kinduct sur le campus. Les entraineurs auront aussi accès à une base de données interactive qui fera en sorte qu’il sera plus facile pour eux de gérer la progression et la performance des athlètes individuellement. Bien que Kinduct fasse déjà affaire avec des équipes de la NBA, la LNH et la NFL, l’Université Acadia est le premier membre du Sport interuniversitaire canadien (SIC) à former une association du genre avec le secteur privé. La Rotonde a communiqué avec Scott Landry, l’un des directeurs du projet et du Laboratoire de biomécanique John MacIntyre, pour en savoir plus à propos du projet.

La Rotonde : Que représente une collaboration avec le secteur privé pour l’université?

Scott Landry : À mon avis, il n’a jamais été plus important d’avoir des collaborations entre les universités et le secteur privé, surtout avec la réduction des fonds de recherche et de financements aux universités du gouvernement. Mon programme de recherche personnel travaille avec Adidas et cela a permis à mes étudiants d’honneur et de recherche de mener des recherches sur les chaussures en utilisant nos athlètes universitaires au nouveau John MacIntyre MLab [Laboratoire de mouvement de biomécanique appliquée]. Notre collaboration avec Kinduct est très importante et je pense qu’il y aura des bénéfices importants pour l’ensemble de nos étudiants athlètes, pour tout le département des sports et pour Kinduct aussi.

LR : Quel est votre rôle dans le projet?

S. L. : J’ai utilisé certaines des technologies de Kinduct, comme la bibliothèque d’animation d’anatomie et de blessures, dans mes cours de kinésiologie, et je suis assez familier avec leurs produits. J’ai été impliqué dans tout le processus de création de cette collaboration et je travaille directement avec l’équipe de Kinduct pour obtenir cette plate-forme de logiciels utilisée par nos quelque 290 athlètes, tous nos physiothérapeutes, thérapeutes sportifs, entraîneurs et entraîneurs adjoints.

LR : Êtes-vous impliqué de quelconque façon avec les équipes sportives?

S. L. : J’ai été membre de l’équipe de soccer à Acadia dans les années 90. Je sers principalement à titre d’entraîneur adjoint de l’équipe de soccer féminin depuis 2008 et c’est exigeant, mais très excitant. L’équipe a remporté un championnat national en 1990 et plusieurs championnats du Sport universitaire de l’Atlantique (SUA) à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Notre objectif est de ramener le programme à ce niveau. Comme un ancien de l’équipe de soccer, je travaille aussi à amasser des fonds pour des bourses d’études et sportives pour nos hommes.

Je suis au comité organisateur du tournoi de golf commémoratif John MacIntyre qui a lieu chaque année à Cole Harbour. Ce tournoi recueille des fonds pour des bourses pour le soccer masculin en la mémoire d’un grand ami, ancien coéquipier et camarade de classe lorsque j’étais un athlète à Acadia. John était une star académique du SIC pour l’équipe de soccer masculin dans les années 90 et malheureusement, lui et son épouse Renée ont été tragiquement tués par un conducteur ivre en 2004, juste après leur retour de leur lune de miel en France.

LR : Quand est-ce que le programme sera instauré et pouvez-vous voir d’autres universités suivre les traces d’Acadia?

S. L. : Ce projet est maintenant en cours d’exécution. Tous nos athlètes sont entrés dans le système et ils ont accès à leur profil. Je ne suis pas au courant d’autres universités au Canada qui utilisent cette plate-forme, mais je suis assez sûr que dans un très proche avenir, vous verrez d’autres universités et programmes sportifs utiliser ce logiciel. Des équipes professionnelles l’utilisent actuellement, incluant les Wizards et les Capitals de Washington, les Sénateurs d’Ottawa, les Canadiens de Montréal, les Rams de Saint-Louis et le Magic d’Orlando.

LR : Est-ce que le rôle des thérapeutes étudiants avec les équipes va évoluer ou diminuer?

S. L. : Le rôle d’étudiants thérapeutes ne sera en aucun cas diminué à cause de cette plate-forme de gestion de l’athlète. Avec cette plate-forme logicielle, ces professionnels de la santé seront en mesure de travailler en étroite collaboration avec les entraîneurs pour gérer plus efficacement et guider nos athlètes tout au long de la saison et de la saison morte, quand les athlètes ne sont pas sur le campus. Les thérapeutes auront accès à des milliers de vidéos de différents types d’exercices, et ils pourront créer des programmes de réhabilitation et d’entrainement. Les athlètes peuvent suivre leur progrès à partir d’ordinateurs ou de téléphones intelligents, et les thérapeutes et les entraîneurs seront en mesure d’observer leur progrès et d’apporter des modifications à leurs programmes. Nos athlètes auront toujours autant de contacts physiques avec les thérapeutes et les kinés dans leurs cliniques, mais ce logiciel permettra d’améliorer les voies de communication entre tous les individus impliqués dans l’amélioration de la performance de l’athlète et de minimiser le risque de blessure.

LR : Est-ce que ceci va augmenter la performance des athlètes?

S. L. : Ce logiciel de gestion de l’athlète permet à l’athlète de suivre de nombreux aspects de sa vie. Ils sont capables de suivre des programmes sur mesure conçus par des professionnels formés ici à l’Université. Le logiciel dispose d’une option d’alimentation qui permet aux athlètes de suivre et gérer leurs repas. Il permet également aux athlètes sur la route de déterminer le contenu nutritionnel des différents types de mets dans différents restaurants. Les athlètes universitaires sont les personnes les plus occupées que je connaisse. Le plus grand nombre d’entre eux visent l’excellence en classe, dans le sport et dans la communauté. Ce système de gestion permettra aux entraîneurs de guider et de conseiller leurs athlètes plus efficacement. Le système dispose d’un centre de messages qui nous permet de texter ou d’envoyer un courriel à chaque athlète pour que nous soyons en mesure de les suivre sur une base continue. Une grande partie du rôle d’un entraîneur est d’aider les athlètes à maximiser leur potentiel et de leur enseigner les choses dans le sport qui peut se traduire à la vie.

La Rotonde a essayé de rejoindre le Service des sports de l’Université d’Ottawa pour savoir si les Gee-Gees allaient pouvoir profiter d’un partenariat du genre, mais n’a pas obtenu de réponse. Cependant, si le partenariat avec Kinduct a un effet positif pour les athlètes d’Acadia lors de compétitions, il ne serait pas surprenant de voir d’autres membres du SIC investir dans de tels projets.