
Nouveau recteur et vice-chancelier : Jacques Frémont, un corps étranger à la tête de l’Université
Par Frédérique Mazerolle
Moins d’un mois après l’annonce de l’identité du nouveau chancelier, Calin Rovinescu, l’Université d’Ottawa (U d’O) a officiellement présenté, vendredi dernier, le 30e recteur et vice-chancelier désigné, Jacques Frémont. Administrateur réputé de l’Université de Montréal (U de M), ce dernier n’est pas, contrairement aux précédents recteurs, un ancien étudiant de l’U d’O. Aperçu du successeur d’Allan Rock, qui entrera en poste en juillet 2016.
Suite à un processus de sélection de plus d’un an, c’est sur Jacques Frémont que le choix du Comité de sélection et du Bureau des gouverneurs (BdG) s’est arrêté.
Lors de la présentation officielle du nouveau recteur au public vendredi 4 décembre, Robert Giroux, président du BdG, a expliqué que M. Frémont était le candidat idéal en raison de son expérience au sein de l’U de M. Non seulement professeur à la Faculté de droit de l’U de M, Jacques Frémont y a aussi occupé de nombreux autres postes, comme secrétaire de la faculté de droit, vice-doyen aux études de premier cycle, doyen de la faculté et vice-recteur aux affaires universitaires.
Fait troublant : en 2009, alors qu’il était encore vice-recteur, Frémont aurait été mêlé à un conflit entre le syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal et l’institution. Une source anonyme rapporte que l’homme aurait enfreint le code de travail en se mêlant à des négociations d’un renouvèlement de la convention collective.
Michel Seymour, membre du Comité de négociations syndicales de l’époque, considère le tout comme de l’histoire ancienne. « J’ai la conviction profonde qu’il fera un excellent recteur », dit-il, ajoutant de même que « cela va entrainer, je crois, une amélioration du climat ».
Un recteur venu d’ailleurs
En novembre dernier, Allan Rock confiait à La Rotonde qu’il avait eu la chance, en tant qu’ancien étudiant de l’U d’O ,« d’internaliser les idéaux de l’Université ». Le manque de connaissance interne de l’Université ne semble cependant pas être un problème pour Jacques Frémont, ancien diplômé de l’Université Laval, de l’Université York et de la London School of Economics and Political Science.
« J’ai passé la majorité de ma carrière à l’Université de Montréal, même si les gens aimaient me rappeler que j’étais un ancien de Laval. On peut dire que j’avais la faute originelle. Il reste que j’ai su faire bonne carrière là-bas. […] J’ai confiance qu’on va vite oublier d’où je viens », plaisante le nouveau recteur désigné.
Frémont, l’homme derrière le projet de loi 59
Jaques Frémont est également connu au Québec pour sa participation à la rédaction du projet de loi 59, la loi contre les discours haineux, en tant que président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). Très critique, le projet de loi est critiqué par certains commentateurs comme allant à l’encontre de la liberté d’expression.
Interrogé quant à sa position face à la « culture du viol », longuement débattue ces dernières années sur le campus, Frémont a rapidement mis les points sur les i. « Ces questions ne sont pas spécifiques à l’Université d’Ottawa, c’est partout […], ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas les prendre extrêmement sérieusement ».
À quoi devra-t-il s’attaquer?
Sous la gouverne d’Allan Rock, l’Université d’Ottawa a connu plusieurs hausses de frais de scolarité. Dans son discours de présentation, Frémont a expliqué vouloir aborder la situation du manque de financement de la part du gouvernement de l’Ontario avec sensibilité.
« Comme j’ai fait une bonne partie de ma carrière au Québec, la question de la sensibilité des droits de scolarité, je la comprends bien. Les frais de scolarité, ce n’est pas une idéologie. Il faut être extrêmement sensible à la situation des étudiants, mais aussi à celle des établissements. »
Au revoir, monsieur Rock?
L’actuel recteur de l’U d’O, Allan Rock, a rappelé à la foule présente ce vendredi que ce n’était pas un adieu pour lui, mais bien un au revoir. L’ancien avocat deviendra professeur à la Faculté de droit de l’U d’O dès septembre prochain.
« Aujourd’hui, nous annonçons la désignation de Frémont, pas la retraite de Rock. »