Crédit visuel : Hugo Gaudet-Dion, Bon vivant (détail), 2019 Crayon, acrylique et encre sur papier, 20,32 X 12,7 cm.
Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe du pupitre Arts et culture
Du 17 janvier au 8 mars 2020, le Centre d’exposition L’Imagier présente l’exposition Tragi- de l’artiste Hugo Gaudet-Dion. Cet ensemble d’oeuvres est dessiné au crayon dans une expographie tri-dimensionnelle.
L’artiste multidisciplinaire est originaire de l’Abitibi-Témiscamingue et travaille maintenant à Gatineau. Détenteur d’un baccalauréat en arts et design de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), il est reconnu pour son style déjanté, entre la bande dessinée et le dessin réaliste.
Tragi- est sa première exposition presqu’entièrement consacrée au dessin. Il y a pondu des personnages « biscornus et incongrus ». L’exposition est montée par le commissaire Jean-Michel Quirion, détenteur d’une maîtrise en muséologie de l’UQO. Il décrit Gaudet-Dion comme « [un] grand garçon […], si doux, mais qui dessine finalement avec une virulence ».
L’artiste dessine principalement des figures masculines « angoissées », le corps et ses organes. Il s’intéresse à la façon dont des thématiques sombres, telles que la mort et la violence, sont « incrustées dans la société ».
Une mise en espace éclatée
Le commissaire explique que le style « théâtral » de l’artiste exigeait une expographie tout autant théâtrale. Celui-ci a mis en place les dessins sur des dispositifs, afin de dévoiler les perspectives multiples de chaque oeuvre.
Quirion cherchait à donner vie aux figures de Gaudet-Dion ainsi qu’à « décloisonner et éclater davantage son dessin». Il rapporte qu’un « mode d’expographie trop muséal aurait été assez platonique ». La mise en espace tri-dimensionnelle semble permettre aux visiteurs et visiteuses de se déplacer et d’observer les différents côtés des oeuvres.
Un rire, jaune, contagieux
L’angoisse générale des dessins côtoie ici le ludique. L’artiste s’intéresse beaucoup à la combinaison du tragique et du comique qui, selon lui, une fois mis ensemble, transforment l’objet initial et lui ajoute une dimension de plus.
Gaudet-Dion affirme aimer jouer sur la ligne entre le morbide et le coloré, le positif et le négatif ; ce contraste peut créer une ambiguïté chez le spectateur. La limite du rire et du sérieux ne semble pas être explicitement communiquée.
Du vécu au dessin
Le dessinateur précise qu’il ne dessine pas dans un but de revendication sociale, mais plutôt car ces sujets l’interpellent personnellement. Le réalisme de ses dessins favorise l’identification : « ça m’arrive quand même souvent que quelqu’un me dit ; je me sens comme ça, je me suis déjà senti.e comme ça », confie l’artiste.
Hugo Gaudet-Dion rapporte ne pas chercher à critiquer, mais plutôt à inviter le spectateur à se questionner sur la violence et le mal-être en société ainsi qu’au niveau personnel. Aborder ces thématiques est, selon lui, un besoin que nous avons en société.
Le Centre L’Imagier est ouvert du mardi au dimanche, de 13 h à 17 h.