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Et si Narcisse avait raison ?

29 juillet 2020

Crédit visuel : Noémie Calderon Tremblay

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste

Pendant que nos rues sont vidées de presque la moitié des usager.ère.s ordinaires, le télétravail le permettant, les abris pour les sans-abri, eux se remplissent à une vitesse ahurissante. Face à ce paradoxe social, ma tête fait des montagnes russes et mon coeur crie à l’injustice. Nous ne sommes irrémédiablement pas égaux.ales devant la COVID-19. Alors, comment faire dans ce contexte, pour se convaincre de penser à soi, sans voir des alarmes rouges qui crient « égocentrisme » à toute heure de la journée ?

Je suis de ce type de gens qui a les méninges style trou noir. Même quand j’acclame : « stop ça suffit ! », je ne peux rien y faire, mes pensées me volent des doigts. Bref, il m’arrive souvent de faire de l’anxiété.

Voir du positif

Je viens d’un milieu privilégié, j’en conviens. Je suis sincèrement dévastée par ce qui se passe dans le monde actuellement. Si je n’avais pas une psychologue et des proches pour me dire de me calmer, je serais constamment en train de chercher une solution pour « sauver le monde », aussi présomptueux que cela puisse paraître.

Sauver le monde est bien, je l’ai appris, mais ça ne se fait pas. Pour qui est-ce que je me prends, sérieusement ? Je me demande bien où j’ai bien pu aller chercher ça. 

À noter, je crois que c’est quand même un peu la faute des films à la Marvel. La culture populaire nous donne franchement l’impression qu’il existe des humains plus grands que tout. En ce cas, je dois faire le deuil de mon super-héroïsme.

Durant ce confinement, je ne me suis pas jetée sur le nombre de morts à l’heure sur Radio-Canada et j’ai essayé de prendre du temps pour moi. J’ai eu l’occasion de réfléchir, de lire, de faire du sport, de me rapprocher de mes proches, de ma famille et je crois en avoir profité.

Alors, le confinement, et bien pour moi, il a été plutôt positif. Je l’écris et j’ai l’impression que c’est presque une vilaine chose à affirmer. « Comment est-ce que j’ose dire ça ? », j’ai envie de me dire. Mais c’est vrai, je n’ai jamais été aussi connecté à moi-même, informée politiquement et prête à l’action et au changement.

Ça n’a pas toujours été facile, je me suis sentie inutile, stressée et angoissée par des problèmes personnels et le sort du monde. Mais, je crois que pour le moment, je vis plutôt bien cette période étrange de l’Histoire.

Je me dis aussi, que même si ce n’est qu’une poignée de gens, que s’il y en a, qui comme moi, ont pu respirer et réfléchir et bien que c’est une bonne chose ! Je suis certaine qu’il y aura un boom d’idées qui suivra la fin de la pandémie. Dans tous les cas, je suis prête à mettre mes mains à la pâte dès que j’aurais l’opportunité d’agir d’une quelconque façon.

Je suis optimiste pour l’avenir. Optimiste, parce que c’est plutôt inutile de ne pas l’être. Ça ne veut pas dire que je suis complètement naïve face à l’avenir du monde, mais que je crois qu’il y a encore de belles choses qui vont et peuvent se passer autour de nous avant la fin de notre monde.

Regarder son jardin

« On ne peut pas comparer nos souffrances », m’a dit un jour une amie, professeure à l’université. C’est certes une chose difficile à se dire lorsqu’on voit par exemple des sans-abri. On se demande «  vraiment est-ce que ma souffrance est aussi « valable » que la leur ? » Et bien oui ! Socialement, peut-être que non, mais individuellement, oui.

Bon, il faut dire qu’il me manque probablement plusieurs années de vie et de misère avant de bien pouvoir décortiquer cette phrase, mais du moins j’aurais essayé.

Tout ça pour dire qu’une chose sur laquelle je me suis renseignée durant la pandémie, c’est le narcissisme. Oui, oui vous avez bien entendu, j’ai bien employé ce terme.

Je suis allé faire des recherches sur ce mot tabou du 21e siècle et j’ai terminé un livre sur la psychanalyse. Ce que j’en ai tiré, c’est que ce n’est pas une si mauvaise chose d’être narcissique (narcissique sain). Les médias sociaux, la radio, les films et même les experts n’arrêtent pas de nous casser les oreilles en affirmant que notre génération est narcissique, et ce d’une façon péjorative.

Toutefois, c’est impossible de ne pas l’être : nous n’habiterons jamais un autre corps que le nôtre.

C’est facile à dire, ça semble presque impossible à affirmer, mais il le faut. Il faut penser à soi. J’ai réalisé en fait que c’était le seul moyen de faire quelque chose pour la planète. Parce qu’aller bien, c’est bien pour soi-même, mais ça a aussi des répercussions sur notre entourage.

Finalement quand tu marches avec le fardeau du monde sur le dos, tu ne fais pas grand-chose. Le simple fait de prendre soin de toi aura automatiquement des répercussions positives sur ton entourage.

En post-scriptum, je vous laisse ce lien vers cette série de balados de France Culture sur le mythe de Narcisse et le narcissisme. Vous verrez, vous y trouverez une perspective bien différente de celle qu’on à l’habitude d’entendre.

« Narcisse ne serait pas le représentant de l’égocentrisme, tombé amoureux de lui-même et noyé pour avoir trop admiré son reflet dans l’onde », mais plutôt un modèle à suivre pour s’approcher de son soi.

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