Par Molly de Barros
Dr. Marc-André Langlois
Chaire de recherche du Canada en virologie moléculaire et immunité intrinsèque
Professeur adjoint
Faculté de médecine
Les antibiotiques, qui ont pour but de détruire des bactéries ou de les empêcher de se reproduire, ont été mis en évidence par Alexander Fleming en 1928, avec la découverte des effets de la pénicilline. Ils ont révolutionné la médecine moderne et sont vus par beaucoup comme étant une solution miracle à tout genre d’infections. Dr Marc-André Langlois nous explique pourquoi les antibiotiques sont inefficaces contre les virus.
Un virus est un assemblage de protéines structurales avec un acide nucléique. C’est un parasite intracellulaire obligatoire, contrairement aux bactéries. Un virus n’a donc pas de métabolisme comme une bactérie et d’autres organismes vivants. La structure d’un virus est très simple : il ne respire pas, n’a pas besoin d’eau. Une bactérie, quant à elle, peut respirer, faire de l’énergie, se diviser. Ce sont deux organismes très différents.
Il existe différentes classes d’antibiotiques qui ont pour but de contrer certains pathogènes, que ce soit des bactéries, des levures, des protozoaires… Certains auront été optimisés pour ralentir la réplication de ces pathogènes. D’autres s’attaqueront à la membrane cellulaire des bactéries; ils vont causer des dérégulations dans l’assemblage de la membrane de ces pathogènes. La pénicilline est en un exemple. D’autres antibiotiques peuvent arrêter l’assemblage des protéines des bactéries. Il existe donc plusieurs cibles à l’intérieur des pathogènes qui peuvent être perturbées par les antibiotiques.
Les cibles auxquelles les antibiotiques s’attaquent n’existent tout simplement pas chez les virus. Ceux-ci ne font pas leurs propres protéines, ils n’ont pas de membrane cellulaire semblable à celle des bactéries. Toutes les cibles pour lesquelles les antibiotiques ont été optimisées n’existent pas chez les virus. Les antibiotiques sont absolument inutiles pour contrer une infection virale.
Le but lors de l’utilisation d’antibiotiques est l’élimination complète d’une catégorie de pathogènes qui a envahi l’hôte. La cessation prématurée de la prise d’antibiotiques risque d’affaiblir certaines bactéries sans les tuer. Ces pathogènes affaiblis peuvent développer une nouvelle capacité de résister à l’antibiotique. C’est dû à leur propriété de pouvoir se diviser rapidement et de s’adapter à leur milieu. Il a été démontré que si des faibles doses d’antibiotiques étaient données à des bactéries, celles-ci finiraient par s’adapter et devenir résistantes. De ne pas suivre une prescription jusqu’à terme créé un risque de développer des bactéries résistantes sur lesquelles l’antibiotique ne fonctionnera plus. C’est une forme de sélection naturelle : celles qui résistent le mieux survivront.
Un des mécanismes de défense que nous avons tous est la flore bactérienne. Ce sont des colonies de bactéries et de levures qui vivent dans nos systèmes digestifs, respiratoire… Ces bonnes bactéries préviennent l’implantation de pathogènes. Elles agissent comme une barrière de défense. Lorsqu’on prend des antibiotiques, il n’y a pas que les antibiotiques qui sont détruits, les bactéries de la flore le sont également. Cela ouvre à la possibilité de se faire coloniser par d’autres types de bactéries pathogènes.