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Éditorial

Motions de l’AG. Prendre position

– Didier Pilon –

Après trois Assemblées générales (AG) qui n’ont su assembler les étudiants, plusieurs approchent celle de ce mardi avec un scepticisme justifié. Mais, de prime abord, il semble que cette AG a tout pour réussir.

Après la première AG qui a effleuré le quorum – il ne manquait que 11 étudiants! – l’enthousiasme initial s’est dilué. Les deux suivantes, celles de mars et d’octobre 2015, ont été désastreuses. Nombreux sont ceux qui ont critiqué, et avec raison, leur manque d’accessibilité et de promotion. Mais le problème primordial était les motions.

Alors que l’AG de mars présentait des motions ennuyantes, celle d’octobre dernier en n’avait même pas!

Mais celle-ci semble différente. Elle est sur le campus. Elle a été relativement bien publicisée. Les étudiants bénéficieront même de l’amnistie universitaire (ils sont excusés de leur cours pour pouvoir y participer).  Et elle propose finalement des motions intéressantes et controversées.

Un exécutif bilingue 

Si vous avez assisté au premier débat électoral de cette année, vous avez surement remarqué quelque chose de louche. Un des candidats, Tanner Tallon, était incapable de répondre à la moindre question en français. Même s’il avait compris le sens des questions, il lui aurait été impossible d’improviser des phrases complètes dans la langue de Molière.

Au cours de l’année, nous avons communiqué à maintes reprises avec les membres de l’exécutif. Combien de conversation ont viré en anglais afin de faciliter la communication, il serait impossible de les compter.

Pourtant, l’Institut des langues officielles et du bilinguisme assure que tous les membres – y compris Tallon – ont obtenu la note de passage lors de leurs tests de compétence linguistique. Nous ne pouvons alors conclure qu’une chose : la note de passage n’est pas adéquate.

L’exécutif se doit d’être en mesure de servir les étudiants dans leur langue d’étude. Nous encourageons la communauté étudiante de voter en faveur d’un exécutif véritablement bilingue.

L’interdiction des groupes misogynes

Les groupes misogynes sont une peste qui prolifère rapidement sur les campus universitaires. Ils utilisent des arguments superficiels aisément réfutables pour justifier leur sentiment de supériorité et les privilèges masculins. Alors, pourquoi ne pas les interdire?

La réponse est simple : parce que c’est illégal.

En début de l’année 2016, le Syndicat étudiant de l’Université de Toronto à Mississauga (UTMSU) a refusé de donner le statut de club à un groupe pro-vie. Depuis, une poursuite en justice, menée par le Justice Centre for Constitutional Freedoms, a été déposé contre l’UTMSU. Le Centre postule que les actions du Syndicat sont une violation de la liberté d’expression et d’association garantie par la Charte canadienne des droits et libertés.

Si l’AG approuve la motion, la FÉUO se retrouverait sous peu dans une situation similaire. Toutefois, les Robert’s Rules stipulent clairement qu’on ne peut voter pour une motion qui enfreint la loi. Il s’en suit que la motion ne devrait pas être présentée à l’AG.

Pour les plus téméraires qui voudraient braver la loi, il faudrait alors proposer des modifications à la clause 3.13.10.1 de la constitution de la FÉUO, afin de ne pas suivre certaines stipulations des Robert’s Rules.

Un fonds d’urgence

Si l’idée semble bonne, il reste que peu de détails sont présentement disponibles sur l’administration de ce fonds. Proposée par Vanessa Dorimain, vice-présidente aux affaires universitaires, la motion confèrerait un nouveau pouvoir à l’exécutif : décider à quel étudiant donner de l’argent.

Dans le meilleur des mondes, il est possible qu’une telle contribution puisse complètement changer la vie d’un étudiant, lui permettant de finir son baccalauréat plutôt qu’abandonner les études. Dans le pire des mondes, il est aussi possible que l’exécutif tire avantage du fond pour passer quelques dollars leurs amis.

Combien d’argent serait alloué et d’où viendrait-elle? Quels critères détermineraient si un candidat mérite les fonds? Qui choisirait? Comment la FÉUO assurerait-elle la transparence du processus, tout en protégeant la vie privée des récipiendaires? Quels mécanismes seraient mis en place pour éviter les conflits d’intérêts?

À l’instant, la motion nécessite un saut de foi énorme : avoir confiance que l’exécutif distribuera l’argent des étudiants de manière songée, juste et incorruptible. Seule une discussion minutieuse à l’AG saura déterminer s’il est sage de la passer.

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