Motion d’amnistie académique : Le Sénat vous autorise à rater vos cours!
Par Frédérique Mazerolle
Depuis l’adoption des Assemblées générales (AG) étudiantes par référendum en 2014, le chemin vers la mise en place de vrais rassemblements a été semé d’embuches. Entre cours tard le soir et réticence à venir jusqu’au campus la fin de semaine, très peu d’étudiants se seront effectivement déplacés pour participer dans la gouvernance étudiante lors des dernières AG. Pour tenter de résoudre à ce problème, lors de la dernière rencontre du Sénat, lundi 18 janvier, un représentant des étudiants a amené et réussi à faire adopter une motion d’amnistie universitaire. Retour sur les débats enflammés d’une réunion mouvementée.
Au cours des dernières années, il a été facile de constater que les motions étudiantes apportées dans les hautes instances institutionnelles de l’Université d’Ottawa (U d’O) sont vues d’un mauvais œil. La motion de ce lundi n’y aura pas fait exception. Ainsi, pour la première réunion de 2016, Jean-Philippe Dubé, sénateur élu, a proposé aux professeurs, administrateurs et autres membres de la communauté réunis au Sénat de considérer l’amnistie universitaire pour les étudiants ayant à cœur de se rendre aux AG.
Cette motion dans sa formulation première devait permettre aux étudiants au premier cycle de rater des cours pour assister aux assemblées générales, sans pour autant en être pénalisés. Les professeurs cependant continuent de donner leur cours pour les étudiants présents.
« La FÉUO a essayé de rejoindre le maximum d’étudiants de plusieurs façons », explique Dubé. « Avoir les étudiants qui participent à l’Assemblée générale de la FÉUO est une expérience à part entière de la vie étudiante. »
Après de houleux débats cependant, la motion telle que formulée par la Fédération étudiante a dû être quelque peu amendée.
Ainsi au cours des débats, Serge Coulombe, professeur d’économie, s’est catégoriquement opposé à l’idée avancée, soulevant que peu d’étudiants assistent aux assemblées quoi qu’il en soit.
« Vous allez créer un problème pour les professeurs qui enseignent le soir en voulant régler le problème », a déclaré Coulombe. « Vous tentez d’utiliser une médecine qui n’est pas de nature à régler le problème que vous avez. »
La professeure Barbara Graves est quant à elle venue soutenir Dubé, exprimant que « pour tous ceux qui s’y opposent, la motion peut être amendée. Le vrai problème ici semble être la qualité de l’expérience étudiante et c’est bien dommage. » Elle a ajouté que si les gens votent pour la motion et que la participation ne change pas, « nous aurons une chose ou deux à dire à notre Fédération étudiantes ».
Après délibérations, 32 sénateurs ont voté pour, 6 contre, et 11 se sont abstenus. Telle que votée, la motion inclut quelques exceptions. Ainsi, les étudiants qui auraient un examen lors de l’AG ne pourront en être exemptés; il en est de même pour les étudiants qui participeraient à un stage COOP ou clinique.
Anne-Émilie Hébert, présidente de la FÉUO, était présente lors de la réunion. Interrogée par La Rotonde, elle dit se réjouir de la décision du Sénat. « Les étudiants pourront réellement participer dans les décisions de la FÉUO », s’est-elle exclamée.
Le 17 novembre 2014, lors de sa première AG, la Fédération étudiante était passée à une dizaine étudiant(e)s près d’obtenir le quorum. Après une réunion également mouvementée, seule une cinquantaine d’étudiant(e)s étaient présents lors de la toute dernière AG, le 14 novembre dernier, un samedi matin. Aucune motion n’y avait été présentée.
La prochaine assemblée aura elle aussi lieu un mardi, le 15 mars prochain. La motion d’amnistie académique sera donc applicable. Reste à voir si les étudiants se rassembleront en masse pour influencer leur gouvernement étudiant, compte tenu du fait que de nombreuses motions devraient, selon des sources de la Rotonde, y être présentées.
*Dans une version préliminaire de l’article, il était indiqué que la prochaine AG aurait lieu samedi 15 mars; il s’agit en fait d’un mardi. La motion voté lundi 18 au Sénat y sera donc applicable.