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Mont Logan en Solo

26 novembre 2018

Par Camille Ducellier 

Lorsque l’Université d’Ottawa l’avait approchée pour donner une conférence sur son parcours d’alpiniste l’an dernier, Monique Richard, alors à la veille de son départ pour le mont Logan, avait répondu que si elle en revenait vivante, elle se ferait un plaisir de faire un tour à Ottawa.

Monique Richard devient, le 30 mai 2018, à 14h38, la première femme au monde à avoir réussi l’ascension du plus haut mont du Canada, le mont Logan, en solo. Invitée par l’Institut d’études féministes et de genre de l’Université d’Ottawa mercredi dernier, cette dernière a pu partager son parcours impressionnant, qui l’a mené aux sommets de l’Asie, de l’Afrique, de l’Europe et du Canada.

Un long processus

Pour Monique Richard, l’ascension des plus hauts sommets de la planète requiert une énorme préparation logistique, physique et psychologique. En effet, à l’occasion du 150e anniversaire du Canada, Richard a décidé de gravir la plus haute montagne du pays. Pour ce faire, elle s’est alliée à un collègue alpiniste et a préparé assidûment son ascension en 2017.

Une fois arrivée au camp de base du mont Logan, à l’extrême ouest du Yukon au printemps 2017, Monique Richard et son partenaire de montagne sont bien entourés. « On était pas les seuls à avoir eu l’idée de gravir la plus haute montagne du Canada pour le 150e! », raconte-t-elle. L’alpiniste de Montréal mentionne que dans ce type de sport extrême, la santé psychologique est tout autant importante que la forme physique. En effet, après quelques jours de montée, le collègue de Richard a du mal à rester motivé, et l’équipe doit faire demi-tour, à regret.

Logan Solo

De retour à Montréal, encore amère de sa tentative sur Logan, Monique Richard se questionne sur son prochain défi. Puis, « après mûre réflexion je me suis dit : pourquoi pas Logan en solo? ». Dès lors, l’alpiniste débute l’organisation pour sa plus grande expédition. En mai 2018, lorsque Richard se fait déposer par un avion au camp de base, elle est seule. Ce n’était plus du tout la folie du 150e anniversaire du Canada. Ainsi, la conférencière explique que c’est tout le contraire de l’Everest, puisque le camp de base de la plus haute montagne du monde compte près de 2 000 personnes.

La montée fut mouvementée, entre crevasses, tempêtes et bâtons brisés, mais le 30 mai, après plusieurs jours passés à attendre que le ciel se dégage entre les cinq camps au long de la montagne, Monique Richard atteint seule le sommet de la plus haute montagne du Canada, à 5 959 m d’altitude.

Lors de la descente, surnommée par Richard « la descente aux enfers », elle se perd dans le brouillard, et gravit l’équivalent de la tour Eiffel en tentant de retrouver son chemin. Finalement, en se basant sur ses expériences de 2016 lors de l’ascension du mont Rainier tout près de Seattle, où elle a perdu un ami qui est décédé d’hypothermie à ses côtés, Monique Richard utilise ce qui lui reste de batterie pour appeler les secours, puisqu’elle est consciente qu’il faudra plusieurs jours avant d’arriver à son emplacement.

Difficultés

Pour ce qui a trait aux nombreux obstacles sur son chemin, ceux-ci ne se résument pas à des crevasses ou à des avalanches. En effet, Monique Richard est employée à temps plein de Postes Canada en tant que factrice. Celle-ci raconte d’ailleurs devoir prendre des vacances pour être en mesure de partir en expédition. De plus, en tant que « femme dans un milieu d’homme », Richard explique qu’elle est souvent sous-estimée et a souvent besoin de sortir la liste des sommets qu’elle a atteints pour prouver sa valeur. Bref, à 43 ans, les prochains projets de Monique Richard sont de taille : atteindre les 14 sommets de plus de 8 000 m, tous dans la chaîne himalayenne.

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