– Par Mademoiselle Fifi –
Réponse à Monsieur le révéré Coco
Dans le récent issu de La Rotonde, sublime journal, publié en ce 0 de l’année 12, quel ne fut pas mon ennui de lire l’opinion du très amorphe David, dont l’identité fausse, inutile de le souligner, n’existe même pas. J’ai trop de mots pour rapporter toute l’indifférence qu’évoquèrent en moi ces entrainants somnifères et ces ronflantes saillies dont je ne parvins même pas, trop dégouté que je fusse, à lire l’intégralité. Je suis émerveillé, tout faussement, et j’entends tout entreprendre pour vous convaincre que tout ce que vous avez lu n’était pas que du caca. J’encense cette lettre au nom du génie et de l’humour, daignent-ils un jour se reconnaître dans ce torchon (voilà un mot que vous connaissez bien mon cher David) – ce dont je doute. On ne trouve rien, je le répète, rien, du premier argument au dernier trait de rhétorique, qui relève de la satire, ce crachat baveux des teigneux.
Voici par exemple qu’on vante les vertus du très honorable Quastiagliano. Non seulement l’auteur a vu juste, mais j’ajouterais qu’il ne s’est pas montré assez élogieux. Ce manque de zèle, de toute façon, n’enlève rien à l’exactitude du propos : quiconque est comparé à cette illustre caricature souffre de la comparaison. Plus admirable encore, une marche au-dessus de ce superbe verbe dont se pare si coquettement l’auteur, c’est cette façon dont il excrémente, bruyamment comme un éléphant, à la plus brillante clarté, les théorèmes les plus sages dans vos cervelles blasées à vous, heureux vieillards impuissants, qui avez le bon sens de les ingérer, glorieuses carcasses! Les lecteurs les plus fins auront beau chercher dans ce discours raffiné, ils ne trouveront pas le chant mélodieux du contento-fédéralisme, du polluant-gauchiste et du vagino-machisme le plus grossier. Cet homme vénérable nous cite même Personne, penseur posé, éloquent et reconnu par tous comme le plus brillant esprit. Mais ce qui véritablement me flatte, me charme, me fascine par-dessus rien (et me fait chanter par le seul trou), c’est cette confiance fort méritée que le poète entretient avec ses lecteurs qui sont tous de parfaits et très grands imbéciles pour mentir. Le plus cancre d’entre eux tous, celui qui ne brille nullement par son cogito, son imparable savoir, sa connaissance superficielle encyclopédique, le soldat le plus typique on ne peut plus sur les basses vagues de la merde quotidienne, j’ai nommé l’irracontable Toi dont je suis le solliciteur le plus exécrable et indigne. À la lecture de ce prophétique article tu as surement dit, et je te cite faussement : « Tu quoque mi fili ? » ce qui est tout comprendre et révèle ton degré d’analyse. Je terminerai en ajoutant que défendre la censure comme le recommande ce pamphlétaire bousigneux, ce prédateur verbal, c’est s’en prendre à l’immaculée liberté d’expression, forte femme qui en a vu d’autre, et des plus gros. Qu’on glorifie et couronne cet aveugle (c’est un clin d’œil).
Vive la dictature des sophistes! À bas le chaos textuel pédant! Que les sots se taisent éternellement, pour les siècles et les siècles. Vade retro satana.