
Mises à jour sur le référendum : que promettent les deux syndicats étudiants candidats ?
Par Gabrielle Lemire & Maeve Burbridge
Les derniers mois ont été chargés de péripéties dans le dossier de la politique étudiante à l’Université d’Ottawa. Le dénouement de cette période houleuse s’annonce du 8 au 11 février prochains alors que les étudiant.e.s se prononceront sur le syndicat étudiant à garder. La Rotonde s’est entretenue avec les représentants des deux syndicats candidats.
La Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), qui représente les étudiant.e.s de premier cycle à l’Université d’Ottawa depuis 1969, a affronté plusieurs obstacles au cours des dernières années. Rappelons les rencontres du Conseil d’administration houleuses et les états financiers qui s’approchaient de la faillite en 2017, ainsi que les membres de la Fédération qui ont fait l’objet d’enquêtes sur les politiques d’embauche et le climat de travail à l’interne.
En août 2018, après avoir fait face à des allégations de fraude où il était question d’avoir dépensé des fonds provenant des cotisations étudiantes à des fins personnelles, la FÉUO a fait l’objet d’une vérification juricomptable.
Après la publication du rapport de la firme PricewaterhouseCoopers (PwC) mandatée pour effectuer une vérification financière de la Fédération, l’Université a jugé que la FÉUO n’avait pas réussi à suffisamment éclairer sa situation financière. Par voie de communiqué, l’administration annonçait donc en novembre la résiliation du contrat faisant de la FÉUO le syndicat étudiant officiel des élèves de premier cycle, en vigueur le 24 décembre 2018.
Bien qu’une entente provisoire ait été annoncée le 14 décembre afin de maintenir les services et les clubs de la FÉUO jusqu’à la fin de l’année scolaire, la Fédération n’a plus le titre d’association représentant les étudiant.e.s de premier cycle. « L’entente provisoire sur la prestation de services ne constitue pas une réhabilitation de la FÉUO », pouvait-on lire dans le communiqué émis par l’administration de l’Université.
Sous cette entente provisoire, un climat d’inquiétude subsiste toujours quant au statut des services et des clubs sous la gouvernance du syndicat. La FÉUO est une entité qui dépasse le simple groupe de représentants étudiants et affecte directement ses employés, les clubs et regroupements étudiants qui s’inscrivent dans l’association ainsi que les étudiant.e.s qui dépendent de ses services.
L’administration de l’Université donne aux étudiant.e.s de premier cycle la chance d’élire l’organisation qui les représentera. Pour la première fois dans l’histoire de l’institution, le vote se fera de manière électronique « pour favoriser le maximum de participation de la part des étudiants», selon Lucie Allaire, cheffe référendaire. Du 8 au 11 février, les étudiant.e.s devront répondre à la question suivante:
« Quel groupe candidat choisissez-vous pour devenir votre association étudiante, reconnue par l’Université comme l’unique association étudiante représentant tous les étudiants et étudiantes de premier cycle inscrits à l’Université, à temps plein et à temps partiel ? ». Les deux candidats sont la FÉUO et le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO).
Malgré le choix décisif qu’aura à faire la population étudiante, un manque d’information généralisé persiste sur le campus, ce qu’indiquait une chronique dans La Rotonde en janvier. Sur une centaine d’étudiant.e.s interrogés, à peine 10 % étaient en mesure de répondre aux questions de notre journaliste. Cette ignorance déconcerte David Graham, vice-recteur aux Affaires académiques et provost, qui se serait attendu à ce que les étudiant.e.s soient mieux informés : « Il faut sortir les étudiants de cette apathie. C’est l’avenir de la représentation étudiante qui est en jeu ici. J’encourage les étudiants à venir massivement écouter les représentations lors des séances publiques d’information et à voter massivement lors du référendum du 11 février », affirme-t-il avant de souligner que « c’est un moment décisif, crucial, dans l’histoire de l’Université d’Ottawa. »
La Rotonde vous partage la plateforme des deux syndicats candidats.
Question du référendum :
Quel groupe candidat choisissez-vous pour devenir votre association étudiante, reconnue par l’Université comme l’unique association étudiante représentant tous les étudiants et étudiantes de premier cycle inscrits à l’Université, à temps plein et à temps partiel ?
Lundi 4 février Débat public associations étudiantes 17h30 – 20h Roger Guindon RGN 2005 |
Mardi 5 février Débat public associations étudiantes 18h30 – 20h30 UCU Auditorium des Anciens |
Vendredi 8 au lundi 11 février Vote en ligne |
Marche à suivre Réception le 8 février d’un message dans sa boîte courriel uottawa.ca Obtention de son NIP pour voter en suivant les instructions fournies Utilisation son numéro d’étudiant comme numéro d’électeur pour ouvrir la session |
Plateforme de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa
Paige Booth, présidente par intérim de la FÉUO et Jason Seguya, agent de promotion de la FÉUO
En quoi seriez-vous une amélioration par rapport à l’administration qui a précédé le référendum ?
On va implémenter plusieurs des suggestions de PricewaterhouseCooper à notre gouvernance. La personne qui gère nos affaires financières sera maintenant un expert-comptable provenant d’une firme externe qui va travailler pour nous à temps plein. Si l’expert-comptable voit des choses qui ne s’alignent pas avec une saine gouvernance, cette personne sera obligée de nous mettre au courant. On aura une équipe qui pourra gérer les finances et assurer qu’on a un budget fort et qui fonctionne. On a aussi changé la manière dont les étudiants vont voter. De plus, notre conseil administratif (CA) va dorénavant travailler sans slates, ce qui va assurer une représentation authentique des étudiants.
Quelles actions pour conserver et étoffer la pluralité des clubs et regroupements étudiants ?
Chaque club recevra 400 $. Un bureau pour les clubs est installé au troisième étage du Centre universitaire depuis janvier. Les étudiants peuvent y aller durant les heures du bureau s’ils ont des questions, des inquiétudes.
On compte aussi donner une plateforme aux clubs, comme la foire, pour assurer qu’ils interagissent activement avec la communauté étudiante. On utilise nos réseaux sociaux pour partager les événements qui se passent au sein des clubs pour fortifier la relation entre la Fédération et le corps étudiant.
Comment rester impliqués et attentifs aux besoins des étudiant.e.s tout au long de votre mandat ?
On a changé la structure de la Fédération pour que l’assemblée générale soit le corps le plus puissant alors qu’avant, c’était le conseil administratif qui gérait les décisions. On va continuer les consultations et communiquer davantage avec les étudiants à travers les réseaux, par courriel et face-à-face.
Comment assurer une dynamique saine et productive avec l’administration ?
Il faut bien communiquer avec l’administration et travailler ensemble, tout en gardant le syndicat autonome. C’est important que l’association étudiante donne la voix aux étudiants et qu’elle ne soit pas juste l’écho de la voix de l’administration.
Quelles actions pour défendre les intérêts des étudiants face aux menaces externes (provinciale, fédérale) ?
Nous sommes en communication avec les syndicats sur le campus et à travers le pays dans le but de s’affirmer, prendre des actions fortes, faire des grèves, du lobbying, et informer les étudiants par voie de communiqués et de dépliants. La Fédération a organisé des panels de discussion pour continuer cette conversation. Nous avons aussi invité les étudiants à participer aux manifestations qui vont se dérouler cette semaine et dans les semaines à venir.
Comment combattre l’apathie étudiante face au syndicat ?
Avec l’incertitude de la Fédération, je crois que les gens ont pensé que ça ne valait pas la peine de participer. Avec le référendum, on va faire de notre mieux pour informer les étudiants sur les réseaux sociaux et à chaque événement, mais cela revient aussi à l’Université d’informer ses membres. Il faut commencer à faire la promotion des assemblées générales et des élections beaucoup plus à l’avance.
Réponses en rafale – Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa
Plus grand défi :
L’image publique, communiquer aux étudiants que des changements peuvent être faits avec la structure que nous avons déjà. Le bilinguisme doit être amélioré.
Pour rétablir la confiance :
Changer la constitution et les politiques, informer les étudiants pour qu’ils veuillent s’impliquer.
Objectifs d’ici mai 2019 :
Augmenter le nombre de conseillers et psychologues, améliorer le système de clubs, s’assurer que les étudiants votent dans les prochaines élections fédérales, les semaines francophones, des changements structuraux.
Message aux étudiants :
Avec ce qui s’est passé avec les changements de Ford, il nous faut un syndicat qui est fort et uni pour les étudiants.
Plateforme du Syndicat Étudiant de l’Université d’Ottawa
Francesco MacAllister-Caruso et Mik Vattiata, coordonnateurs du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa
En quoi seriez-vous une amélioration par rapport à l’administration qui a précédé le référendum ?
On n’a pas créé le syndicat pour servir nos intérêts personnels. On a créé notre organisation avec le but en tête de répondre et d’adresser les enjeux. La première chose qu’on a faite était de tenir des consultations pour aller chercher les inquiétudes des étudiants directement puis on a créé des propositions pour y répondre. Il y a : empêcher les directeurs ou les personnes élues d’être embauchées à temps plein avant deux ans après la fin de leur mandat. C’est une politique qui éviterait les conflits d’intérêt dans les postes. La FÉUO a éliminé les slates pour les membres du CA mais pas pour les exécutifs, ce qu’on veut faire.
Quelles actions pour conserver et étoffer la pluralité des clubs et regroupements étudiants ?
On a mis en place des protections pour leur indépendance dans notre constitution, parce qu’ils nous ont fait savoir qu’ils se sentaient comme si la FÉUO était un gatekeeper sur ce qu’ils pouvaient dire ou ne pas dire. On a ajouté des mesures pour faciliter leur accès au financement et aux réservations de salles et à l’utilisation d’outils de marketing.
Comment rester impliqués et attentifs aux besoins des étudiants tout au long de votre mandat ?
C’est difficile à dire parce qu’on s’est engagé à ne pas se présenter aux élections si on est choisi comme syndicat. On ne veut pas que les étudiants pensent qu’on tente de prendre le pouvoir. On veut juste mettre en place un nouveau système qui fonctionne. Les consultations ont révélé que les étudiants se sentaient comme si la FÉUO les a laissés dans l’ignorance, qu’ils n’ont pas de voix.
Comment assurer une dynamique saine et productive avec l’administration ?
Au cours des derniers mois, nous avons créé une dynamique positive avec l’administration, pour parler de manière franche d’enjeux importants. C’est le moment de forger une relation saine pour s’assurer que l’administration respecte nos décisions et actions et sera là pour assurer la redevabilité du syndicat. On ne veut pas arrêter de mettre de la pression sur l’administration, on veut le faire de façon plus saine.
Quelles actions pour défendre les intérêts des étudiants face aux menaces externes (provinciale, fédérale) ?
C’est important d’avoir une voix unifiée. Un de nos commissaires est à l’équité et aux revendications. On va consulter les étudiants pour s’assurer de mettre notre énergie là où ils seront touchés seulement. En offrant un environnement de respect, on arrive à un consensus au lieu que cinq personnes élues décident sans consulter. Nos membres votants vont avoir le pouvoir décisionnel : l’AG sera la plus haute instance décisionnelle. Toutes les décisions prises à l’AG seront les décisions finales. Ça revient au CA de les implémenter, et non d’essayer de les renverser.
Comment combattre l’apathie étudiante face au syndicat ?
Les étudiants ne se sentent pas valorisés parce que même quand les choses ne vont pas, ils n’ont pas le pouvoir de changer quoi que ce soit. En rendant l’AG plus forte, le processus de destitution plus facile, ça va montrer aux étudiants que s’ils participent, la situation va s’améliorer.
Réponses en rafale – Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa
Plus grand défi :
Combattre l’apathie étudiante. Entrer en contact avec les étudiants, qu’ils soient au courant de ce qui est en jeu, qu’ils veuillent voter et s’impliquer dans ce processus.
Pour rétablir la confiance :
Les inclure dans chaque étape de la création de notre syndicat, continuer à être transparents dans nos processus.
Objectifs d’ici mai 2019 :
Recommencer à embaucher, préparer une assemblée générale, être à l’écoute des étudiants, des discussions avec l’administration pour obtenir les priorités de transition.
Message aux étudiants :
On n’a pas d’intérêt personnel à faire tout ça. On veut répondre aux inquiétudes des étudiants, leur donner l’option d’avoir plus de redevabilité et de transparence.