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Sports et bien-être

Mise en perspective de la place de la femme dans le sport

TIRS DE BARRAGE

Vincent Rioux | Chef de pupitre
@vmrioux

Nommée entraîneuse de l’année de la conférence de l’ouest des SUO à trois reprises au cours des quatre dernières années, l’entraîneuse francophone des Lancers de Windsor, Chantal Vallée, s’est livrée aux Tirs de La Rotonde.

La Rotonde : Est-ce plus difficile pour une femme que pour un homme de percer au poste d’entraîneur?
Chantal Vallée : De prime abord, je pense en fait qu’il y a juste moins de femmes dans le coaching. C’est l’aspect de la compétitivité qui attire les hommes. Cela dit, ça reste un défi, mais ça a aussi ses avantages. J’ai une relation bien spéciale avec mes filles [de l’équipe]. On se comprend bien entre filles, mais je pense que nous avons tout de même besoin d’avoir un personnel d’entraîneurs équilibré. J’ai beaucoup d’hommes qui m’aident comme entraîneurs adjoints. Je pense que les filles prennent mieux les critiques quand ça vient d’un homme. Par contre, je pense que c’est plus facile pour moi de motiver les joueuses en tant que femme.

LR : Il y a encore des mauvaises langues qui disent que les femmes seraient moins aptes qu’un homme à occuper le poste d’entraîneur. Qu’en pensez-vous?
CV : Quand on est une entraîneuse, c’est dur de ne pas être émotionnelle. Je pense que c’est quelque chose que j’ai bien réussi en tant que femme dans le coaching. Je fais tout de façon très business avec mes joueuses. Je ne les attaque jamais personnellement. Quand je les approche, c’est pour leur parler de performances, de statistiques et de rendement sur le terrain. D’habitude, les filles ont vite tendance à penser que si on ne les fait pas jouer, c’est parce qu’on ne les aime pas. J’ai vite sorti cette mentalité de ce programme. Je suis très rationnelle quand vient le temps d’évaluer les performances des joueuses et je pense que ça m’a aidée à m’améliorer en tant que femme.

LR : Sentez-vous que vos collègues vous traitent différemment parce que vous êtes une femme?
CV : Quand j’ai commencé, j’avais le sentiment qu’on me traitait différemment. L’équipe n’était pas très bonne et il n’y avait vraiment aucune importance qu’on portait à moi ou à l’équipe. C’était dur de savoir si c’était parce que j’étais une femme ou parce que nous ne connaissions pas de succès sur le terrain. Moi, j’ai décidé de penser que c’était parce que notre équipe n’était pas bonne. Je me suis dit que j’allais faire de mon mieux et j’ai refusé de croire que je me faisais traiter différemment parce que j’étais une femme. J’ai voulu m’éloigner de cette mentalité le plus possible. [Depuis qu’on gagne,] je suis très bien traitée partout où je vais. Toutefois, la question se pose encore : est-ce que c’est parce que je suis une femme, ou est-ce que c’est parce qu’on gagne?

LR : Pensez-vous que les équipes de sport féminines devraient absolument être coachées par une femme?
CV : Je suis de celles qui pensent que ce qui compte le plus, c’est que l’entraîneur soit un leader, peu importe son sexe. Cela étant dit, je pense qu’une des raisons qui fait que j’ai du succès, c’est qu’en tant que femme, je réussis plus facilement à rejoindre la femme dans l’athlète.

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