– Par Didier Pilon-
Claude Munson – Tempête affective en toute douceur
Avec un son qui évoque une alliance entre Bob Dylan et Jeff Buckley, Claude Munson & the Storm Outside tente d’unir folk classique et contemporain. Tout en rendant hommage aux grands pionniers de la scène tels que Neil Young, Van Morrison, Bob Dylan, il s’inspire tout autant du mouvement psychédélique et Freakfolk, s’immergeant dans la musique de Devendra Banhart, Timbre Timbre et The War On Drugs.
Originaire d’Halifax, Claude évoque par ses paroles un retour à l’océan, symbole de liberté et de périls. Plutôt qu’une narrative, la ligne directrice est une série de métaphores qui, ensemble, donnent forme à un chaos d’émotions. Sans doute, ce style renvoie aux influences poétiques qui ont marqué son parcours. Avant même d’explorer les grands poètes musicaux tels que Leonard Cohen et Lou Reed, il improvisait de petites mélodies en récitant les poèmes de son frère, maintenant journaliste.
Toutefois, c’est le timbre aigu de sa voix et son contrôle vocal impeccable qui donne vie aux paroles. Ses soupirs émotionnels, parfois même douloureux, captent corps et âmes. De longues notes mélodiques et mélancoliques, parsemées de dissonance passagère, nous transpose dans un état de rêve semi-lucide. Chaque hésitation laisse nos cœurs en suspens, réveillés que par la résonance de la prochaine syllabe.
Bien ancré dans la communauté artistique d’Ottawa, Claude a joué sur toutes les scènes de la région. Accompagné de sept musiciens (guitare, batterie, contrebasse, trompette, clavier, et deux choristes), il a lancé son dernier album au Mercury Lounge en 2012. Depuis, il a joué au Folkfest, au festival de Jazz, au Arboretum festival et à plus d’une douzaine de cafés et de bars. Sa prestation pour l’émission de télévision BRBR est toujours disponible sur le site web de TFO.
En novembre, cependant, Claude quittera temporairement la région en direction de l’Europe. Se libérant ainsi du désordre du quotidien (et de ses quatre emplois!), il espère pouvoir mettre pied dans la scène européenne. Se promenant de ville en ville accompagné de sa bien-aimée, il laissera le charme de la vie de bohèmes inspirer de toutes nouvelles compositions, qu’il enregistrera dès son retour en avril. En contraste avec leur premier disque, le nouvel album promet un tournant rock et expérimental plus entraînant.
Avant son départ, Claude entreprend à lui-seul une dernière tournée de la capitale nationale. Entre autres, ses prestations du 21 octobre au Pressed Café et du 4 novembre au Troquet sont à ne pas manquer!
Mugshots – Condamnation musicale
Dans le vieux sous-sol en pierres de l’ancienne prison d’Ottawa se cache un bar bien discret : Mugshots. Pourtant, c’est bien sur cette petite scène que défilent certains des meilleurs musiciens de la région.
Mugshots est une créature à deux têtes. En hiver, et par temps de pluie, c’est le sous-sol chaleureux du HI-Ottawa Jail qui accueille la foule. De petites tables en bois ornées de lumignons sont éparpillées autour des piliers qui soutiennent le bâtiment. Dans le coin le plus éloigné, quelques musiciens prennent leur place sur une petite estrade et jouent leurs chansons en toute intimité. Des inconnus vous approcheront sans doute, cherchant une des rares chaises et un coin de table pour supporter leur pichet. C’est en partie cette sociabilité qui contribue à l’atmosphère amicale et détendue du lieu. Toutefois, lorsqu’il fait beau, tout le bar se retrouve dans la cour intérieure et un reflux d’énergie s’empare de la foule qui chante et danse sous les étoiles estivales. Un sentiment de communauté règne alors que tout le monde semble parler à tout le monde.
La programmation du bar met l’accent sur les concerts acoustiques. Leur soirée jazz et les concerts organisés par la radio CKCU sont toujours un succès. Toutefois, ce sont les soirées scène ouverte, animées par Claude Munson, qui attirent la plus grande foule. Tous les mercredis, une abondance d’étudiants et de jeunes adultes se réunissent pour voir des musiciens parmi les plus talentueux de la région. Quoique le folk semble dominer la soirée, la scène est ouverte à tous. Certes, Charlie et Sara ont bien fait vibrer nos cœurs et bouger nos pieds au son folk de leur guitare, leur banjo, leurs kazoos (toujours plusieurs en mains, « au cas où ») et leur voix douce et sereine. Mais les cordes vocales punkrock au penchant jazzy-cabaret d’Alanna Sterling ont aussi su captiver la foule. La poésie de Brad Morden a souvent coulé sur la mélodie de son ukulélé et les riffs de guitare blues et les chants hip-hop d’Aspects ont su défier les genres.
Au cours des trois dernières années, le bar a aussi expérimenté avec des soirées DJ. Des troupeaux de gens s’alignaient à la porte pour pouvoir participer à ces fêtes légendaires. Toutefois, Mugshots doit maintenant mettre un terme aux événements du genre. Stephanie Smith, la gérante du bar, nous indique que le bruit dérangeait les résidents de l’auberge. « Notre entreprise est d’abord et avant tout une auberge », remarque-t-elle. « Nos clients paient par soir et l’on ne fait pas d’argent lorsqu’il faut les rembourser en raison du bruit ».
Toutefois, les amateurs de musique live n’ont pas à s’en faire. « Nous allons bien continuer de produire des concerts », nous rassure la gérante. « Nous voulons créer une atmosphère approchable où tout le monde peut venir prendre une bière ».