
Mehdi Hamdad : « La seule chose qui compte, c’est le feu qui pousse à créer »
– Par Didier Pilon –
Avec des cris déchaînés enivrants se mélangeant et des soupirs mélodiques attendrissants, la musique et poésie de Mehdi Cayenne Club s’emparent tout entier des spectateurs pour une expérience musicale holistique.
Avec une carte de route qui inclut une résidence en France avec Francis Cabrel et Grand Corps Malade, des concerts avec Alex Nevsky et Saul Williams, quatre prix au Festival de la chanson Petite-Vallée ainsi qu’une prestation à la télévision à Belle et Bum, Mehdi Cayenne Club perce rapidement la grande scène musicale. Humble, ce chanteur-musicien-poète confie qu’il demeure plus fier de ses petits spectacles dans des prisons, des maisons de retraite, des écoles, des cafés, des bars et, bien sûr, dans la rue.
Mehdi Cayenne Club est le projet musical de Mehdi Hamdad. Au cours des dernières années, plusieurs musiciens de la région d’Ottawa-Gatineau (bassistes, guitariste, percussionnistes) ont participé à cette plateforme et contribué à la force créative du groupe. « Je travaille – en fait je joue – avec des gens que j’admire et que j’aime », confie Hamdad, « et donc j’accueille et je cherche la différence ». Dans sa forme actuelle, le groupe est composé de Mehdi à la guitare et au chant, d’Olivier Bernatchez à la batterie (qui joue aussi avec Le Havre) et de François Gravel au clavier. Le trio clavier et drums permet d’explorer des sons parfois complexes, parfois minimalistes.
Né en Algérie, grandi à Montréal, Moncton et Ottawa, Mehdi se dit étranger perpétuel. Sa musique se voit une réflexion ouverte et assumée de sa personne et de son parcours diasporique. Au-delà d’un style musical uni, elle s’exprime comme point de convergence des forces culturelles qui l’ont façonnée : l’ici et l’ailleurs, le nouveau et l’ancien. « C’est par l’hybride que je suis naturellement – le fait que moi j’ai le cul entre deux chaises, linguistiquement, culturellement, musicalement –, que je me sens pertinent à mon époque », s’exprime le chanteur.
Ainsi, à ses airs se mélangent le familier des mélodies pop folklorique et la dissonance et les cassures rythmiques d’un post-punk pesant. Son plus récent album, Na Na Boo Boo, est une collection de chansons hétéroclites qui emprunte autant aux narratives poétiques prononcées à la Jean Leloup, qu’aux arrangements indie pop à la Malajube ; au folk minimaliste qu’au post-rock écrasant. Bref, il échappe les comparatifs simplistes en créant un style bien unique.
Cette polyphonie de style est le résultat de ses goûts particulièrement variés. Alors qu’il a grandi en écoutant à la fois la grande Chanson française de ses parents (Brel et Piaf demeurent incontournables!) et le rock industriel de ses grands frères (Nine Inch Nails, A Silver Mt. Zion), le chanteur-poète a aussi trouvé une niche dans le mouvement hip-hop et slam. Toutefois, ses influences sont beaucoup plus complexes et incluent des artistes aussi variés qu’Amédé Ardoin (pionnier de la musique cadienne dans les années 1930), Deerhoof (noise punk sanfranciscain aux reflets de pop) et Caetano Velso (musicien expérimental brésilien).
Avec un nouvel album prévu pour mai 2015, il ne faut pas rater sa chance de le voir en direct dans les bars intimes de la région. Sa prochaine tournée sera peut-être sur la grande scène!