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Arts et culture

Megaphono : Vitrines musicales ottaviennes

9 février 2015

– Par Didier Pilon –

Tous les acteurs régionaux s’assemblent pour trois jours remplis de concerts. Mettant en vedette près d’une cinquantaine de formations musicales, la ville entière vibre au son de Megaphono.

Contrairement aux villes canadiennes de grandeur comparable, Ottawa n’a pas d’association permanente qui rassemble tous les organismes locaux. Pour la première fois, tous les acteurs de la scène semblent avoir participé au festival. En effet, le Festival a regroupé des organismes tels que le Festival des arts Arboretum, CKCU, MusicOntario, Ottawa Showbox, Eventful Capital et encore beaucoup d’autres. Les concerts se sont produits sur une dizaine de scènes, éparpillées un peu partout dans la ville, comptant l’église St-Alban, l’Elmdale Oyster House, The Record Centre, House of Targ et Mercury Lounge.

Plusieurs des concerts ont permis d’explorer des lieux peu fréquentés. Par exemple, Ottawa Explosion a réussi à remplir le Diefenbunker (avec l’aide d’une navette, bien sûr) pour un concert punk et post-punk qui a fait vibrer les murs. Steve Adamayk Band, U.S Girls et Nightshades se sont produits dans le coffre-fort alors que Boyhood, Heat et Theaternia and Cabaal ont envahi la cafétéria.

L’événement laissait peu de temps pour se reposer. Tout de suite après le concert au Diefenbunker, la navette a ramené les gens au centre-ville pour deux autres concerts : un à l’Avant-Garde, l’autre au Ritual.

Ces soirées ambitieuses ont des moments de gloire et des moments de faiblesse. Le concert à l’Avant-Garde, présenté par Apartment 613, était tout simplement phénoménal. Les rythmes intéressants et intoxicants de Soru ont su réchauffer la foule. La poésie de Yao a coulé si doucement sur la musique de sa pianiste, son bassiste et son batteur, que nul n’a remarqué la cadence accélérée avant de se retrouver au centre du plancher de danse chantant à toute tête. La tournure acoustique et minimaliste de Pony Girl – un groupe connu pour ses arrangements hypercomplexes avec près d’une douzaine de musiciennes – était agréablement surprenante. Et, bien sûr, Mackenzie Rythm Section ont fait danser le bar en entier au son de leurs chansons funk, dissimulant une variété d’influences telles que le punk, le reggae et le rockabilly.

Toutefois, à l’édifice d’à côté, le taux de participation était décevant. Quoique CHUO présentait toute une collection de talents avec des groupes tels que HILOTRONS, Socalled, Buck N’ Nice et Training Season, les organisateurs étaient malheureusement trop ambitieux. Comment pouvons-nous nous attendre à remplir une salle aussi grosse que le Ritual en même temps que l’Avant-Garde? Puisque les billets étaient un peu plus dispendieux et que l’autre concert s’est rempli plus vite, seulement une cinquantaine de gens y ont passé la soirée. Un peu décevant pour des artistes qui se sont quand même donnés à fond!

Le lendemain, Folk Music Ontario a présenté deux spectacles simultanés en après-midi au Pressed et au Raw Sugar. La proximité des lieux permettait encore une fois de passer d’un spectacle à l’autre avec aise, mais il était difficile d’y rentrer tellement ils étaient remplis. Il fallait donc faire des choix difficiles. Par exemple, les amateurs de musique francophone ont dû choisir entre la prestation de Kristine St-Pierre et celle de Mehdi Cayenne Club, où celle de Jill Zmud et d’Amanda Rheaume. Les points marquants comptent sans doute la performance Dylan-esque de Jeremy Fisher, qui rappelle parfois le style poétique de Lou Reed, et l’harmonica bluesy de Catriona Sturton, parfois sombre et morose. Toutefois, le spectacle de Mehdi Cayenne Club était sans parallèle. Coulant du français à l’anglais avec la facilité typique des Franco-Ontariens, il passait si aisément du rock de garage sale et pesant aux murmures poétiques d’une berceuse. Ces précisément cette polyvalence qui a créé une atmosphère si accomplie.

Rendue à la soirée de clôture, au Mercury Lounge, la foule avait encore assez d’énergie pour danser jusqu’à 2 h sur les rythmes de Zattar (TIMEKODE). Bref, qui osera encore dire que rien ne se passe à Ottawa?

 

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