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Arts et culture

MEGAPGHONO : Vibrer au son d’Ottawa

8 février 2016

Du 2 au 5 février dernier se tenait la seconde édition de Megaphono, nouveau venu de la scène musicale de la région de la capitale nationale. Ce festival a pour but de promouvoir le rayonnement de la scène et de l’industrie musicale d’Ottawa-Gatineau tant au niveau local qu’international.  Au programme cette année, les prestations de plus de 60 artistes et de nombreuses conférences, réparties en 17 lieux, des deux côtés de la rivière.

Ce festival était aussi une occasion unique de réseautage, tant pour les artistes que pour les gens de l’industrie de la musique. La présence de groupes francophones étaient bien répartie, évitant de ne consacrer qu’une seule soirée au public francophone et encourageant ainsi les découvertes mutuelles. Les organisateurs ont par ailleurs pris soin de choisir des lieux de diffusion moins connus du grand public, dans un esprit de collaboration positive. La Rotonde présente un aperçu de la panoplie d’évènements proposés, qui ont été couronnés par une fête déjantée à l’Axeneo7 de Hull.

The Acorn Église St-Alban

Le coup d’envoi de Megaphono a été donné avec douceur par la voix veloutée de Rolf Klausener, l’artiste multi-instrumentaliste derrière The Acorn. Ses balades folkloriques ont rempli l’église de St-Alban, mardi dernier. L’acoustique exceptionnelle que permet l’architecture de l’édifice datant du milieu du 19e siècle a donné à chaque vibration la place qu’elle méritait. The Acorn, grâce à ses mélodies pittoresques, a plongé les spectateurs dans une sorte de transe latente. À la fois électronique, minimaliste et alternative, la musique qu’a offerte le groupe est restée unifiée et fidèle au style de ce dernier. Des morceaux tirés de leurs trois albums ont été présentés, permettant à chacun de se faire bercer au rythme de la guitare de Klausener, du clavier/synthétiseur d’Adam Saikaley, des percussions de Patrick Johnson et de la basse de Martin Charbonneau. Caylie Runciman, de Boyhood, a prêté momentanément sa voix pour un délectable duo. Dans la dernière décennie, The Acorn a été très présent sur la scène ottavienne. Ils continuent d’ailleurs de travailler d’arrache-pied pour préserver la place qu’ils s’y sont taillée : l’enregistrement de leur quatrième album débutera la semaine prochaine.

Boyhood  taverne Dominion

La température a monté d’un cran à la taverne Dominion, mercredi dernier, alors que Boyhood, projet de la multi-instrumentaliste-compositrice-interprète Caylie Runciman, est venu embraser les planches. La foule sans cesse grandissante, venue assister à cette performance post-punk présentée par Ottawa Explosion et Debaser, n’est certainement pas restée sur son appétit. On pouvait ressentir la complicité qui circulait entre les trois musiciens et la jeune frontwoman, malgré des problèmes de sons et un clavier tenant tant bien que mal en équilibre sur un tabouret. Runciman exhume une énergie créatrice incroyable, elle qui fait le tour des scènes musicales ottaviennes depuis déjà plusieurs années. À la voir aller, rien ne semble pouvoir faire obstacle à sa grande productivité. La spontanéité des compositions de Runciman se ressent d’ailleurs à travers un son expérimental parfois orné d’un côté pop accrocheur. Chaque spectacle de Boyhood est donc une expérience unique. La style du groupe a d’ailleurs beaucoup évolué au fil des années, de son premier EP éponyme (2011), au plus récent h3 d0n’t (2015).

Fet.Nat taverne Dominion

Fet. Nat, quatuor hullois qui privilégie un jazz éclaté, a par la suite fait danser la foule de la taverne Dominion grâce à son énergie débordante et à un son difficile à identifier tant il est unique. La foule était simplement hypnotisée par le saxophoniste Linsey Wellman qui ne s’arrêtait jamais de jouer grâce à la technique de respiration circulaire, mêlant ses notes à la voix imposante de JF No. Il est clair que ce groupe ne fait pas de la musique pour plaire aux médias populaires, mais plutôt pour combler un besoin créatif et pour explorer son style propre. Certaines de leurs prestations se veulent plus difficiles d’accès, mais leur performance de mercredi dernier, au style assez funky, a conquis le public mégaphonien avide de découvertes musicales. Les membres de ce collectif contribuent d’ailleurs au développement de la scène musicale gatinoise depuis plus d’une décennie. Un spectacle de Fet.Nat est une expérience à vivre et n’est pas comparable à l’écoute de leurs enregistrements. Clin d’œil à Everett, duo lo-fi d’Ottawa, qui a assuré la première partie de la soirée au Dominion avec brio grâce à sa musique shoe-gaze positivement queer.

Pony Girl Gainsbourg

Vendredi soir dernier au Gainsbourg, la formation ottavienne Pony Girl a émerveillé la foule avec une prestation qui était plus qu’à la hauteur des attentes. Les voix de Yolande Laroche et de Pascal Huot s’y sont alors mêlé à merveille, créant de douces harmonies qui ont contribué à la qualité cinématique de leur musique. Leur second album Foreign Life, paru en novembre 2015, est une exploration du réalisme des désirs et de leur satisfaction. Le sextuor a travaillé d’arrache-pied sur cet opus et le résultat est exceptionnel, donnant suite à leur premier album, Show Me Your Fears, datant de 2013. Le public du Gainsbourg s’est laissé entraîner dès les premières notes de « Foreign Life I » et l’apogée du spectacle a été atteinte lorsqu’ils ont joué « Dirty Picture ». L’énergie du band était alors palpable, la clarinette de Laroche se mariant parfaitement aux rythmes changeants du titre. Auparavant, le groupe de multi-instrumentaliste a fait l’unanimité des critiques grâce à ses « paysages sonores » et à la montagne russe d’émotions qu’il fait vivre au public présent à chacun de ses concerts. 

Jack Pine Bridgehead Roastery

Gareth Auden Hole, mieux connu sous son nom de scène Jack Pine, est l’artiste soliste qui a ouvert les festivités à la brûlerie des cafés Bridghead. Pine, de sa voix profonde et corsée qu’il accompagnait alors de rythmes de mandoline aux accents upbeat, a joué avec devant une foule intergénérationnelle qui buvait ça et là des cafés équitables ou mangeaient des produits locaux dans l’espace à ère ouverte de la brûlerie. Les œuvres folkloriques du musicien, qui alternaient entre un tempo lent, avec de longues notes graves et un rythme énergétique, ont transporté ses fans dans un univers d’émotions allant de la nostalgie au bonheur niais. Pine écrit et produit toutes ses chansons et puise son inspiration chez des artistes comme Tom Waits, Bob Dylan, The Animals, Agnostic Mountain et Gospel Choir. Le soliste a d’ailleurs profité de l’occasion pour souligner qu’il y lancera sous peu un nouvel album, intitulé « Lone Wolf ».

Chérie Bridgehead Roastery

La foule rassemblée à la brûlerie du Bridgehead attendait avec impatience l’apparition du groupe Chérie, composé de la chanteuse Magalie Rondeau, du guitariste Jeff Gleeson, du bassiste Jimmy Major et du percussionniste John Pinck. La soirée était présentée par Ottawa Showbox qui, comme la brûlerie Bridgehead, tenait à encourager l’économie locale. Les spectateurs remplissaient la salle, créant un bruit de fond constant qui s’est tout de suite éteint aux premières paroles de la vocaliste et de sa voix de soprano, qui ont donné aux balades une profondeur palpable.

Les mélodies du groupe proposent toutes un tempo lent et doux, remplies de tristesse et de solitude. Leur chanson « Wisdom », qu’ils ont présenté lors de la soirée, est en effet caractérisée par un long crescendo; au début lent et nostalgique, puis par un tempo élevé et puissant. Ont par la suite été jouées les chansons « City Life » et « Seth ».

Kristine St-Pierre Le troquet

Vendredi 5 février dernier, le public mégaphonien a traversé le pont (peut-être même pour la première fois pour certains) lors de la dernière journée du festival, afin de se rendre dans le Vieux-Hull. C’est là qu’est situé le Troquet, bar qui a accueilli un dernier évènement, composé de trois représentations hétéroclites.

Ce sera à la compositrice et interprète Kristine St Pierre que reviendra l’honneur de débuter la soirée, ce qu’elle fera avec des textes bilingues, intimistes et sincères. « Voyageuse du monde », Kristine St Pierre nourrit ses textes d’expériences et de souvenirs glanés au gré de ses voyages. Son style folk ne fait pas l’économie de textes riches traitant de sujets engagés, inspirés de sa vision perspicace et juste de notre société.

Le duo Noisy Locomotive a suivi et a proposé des rythmes de country old-time qui ont transporté le public dans une autre dimension musicale. La soirée s’est clôturée par la prestation groupe Saint Clare, dont les musiciens ont su faire découvrir au public un rock-n-roll franc et déjanté.

Megaphono 2016 a certainement su faire briller l’Outaouais et la francophonie en offrant une programmation bilingue à l’image de la région de la capitale nationale.

Mehdi Cayenne Café Happy Goat

Jeudi dernier, ce fut le Café Happy Goat qui eut l’honneur d’accueillir les rythmes funky, les moments sensuels et les jingles à répondre de Mehdi Cayenne, trio composé de François Gravel, Olivier Bernatchez et Mehdi Hamdad lui-même. Le café, qui se métamorphose au crépuscule en salle de spectacles, gagne lentement une solide réputation : comment ne pas être charmé par l’hybridation entre les plafonds industriels, le mobilier organique et les œuvres d’art colorées placardées sur les murs? C’est l’endroit parfait pour découvrir les diverses facettes emprisonnées dans la tête de Hamdad : il sera tantôt poète, puis rockeur, et en une seconde, deviendra bouffon, ou danseur. Que ce soit avec un slow aux sonorités folk ou du rock énergisant, Mehdi Cayenne saura vous faire danser. Si vous êtes comme la foule rassemblée au Happy Goat Café jeudi dernier, et que vous en redemandez, c’est votre jour de chance : le groupe vient tout juste de lancer la vidéo pour leur plus récent succès, « Je te vois ».

 

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