– Par Didier Pilon –
Marie-Jo Thério et Philippe B ont servi de cobayes, jeudi dernier, pour la première édition des Rencontres inédites de La Nouvelle Scène.
La prémisse est captivante : deux musiciens-interprètes se rencontrent pour une seule journée, ne pratiquent que quelques heures, et se retrouvent devant la foule pour un spectacle semi-improvisé. Tel est le concept mis de l’avant par Marcel Aymar, qui essaye à contre-courant de faire valoir l’expérience unique et incomparable du live.
De prime abord, certains ont douté de cette première recette, affirmant que Marie-Jo Thério et Philippe B n’ont que peu de points de repère communs. Pourtant, les deux partagent une honnêteté simple et marquante. En effet, ils partent d’observations quotidiennes, parfois même banales, et parviennent à dégager toute la complexité émotionnelle qui se rattache à la chose. Bien sûr, la Monctonienne le fait à sa manière instinctive et imprévisible alors que le Rouynorandien présente une décomposition cérébrale caractéristique d’un individu qui vit un peu renfermé dans sa tête. Toutefois, il faut noter la similarité de l’oeuvre : minimaliste et d’une beauté nue.
La soirée était divisée en deux sections. Dans un premier temps, les artistes en question ont présenté leur matériel solo. La foule a ainsi eu la chance d’établir le contraste entre les deux musiciens. Cette distinction était particulièrement évidente dans leur interaction avec le public. Alors que Marie-Jo Thério a fait rire avec ses grimaces, ses clins d’oeil et ses chants impromptus, l’humour de Philippe B, quoique tout aussi efficace, était sobre et articulé. Dans un deuxième temps, ils ont pris la scène à l’unisson. Philippe B a ainsi eu la chance de jouer la lead sur les rythmes fluides et impondérables de Marie-Jo Thério alors qu’elle a prêté son piano, son accordéon, son xylophone et même son mélodica aux ballades du chanteur folk. Au début de la soirée, chacun prenait peu de place dans les chansons de l’autre. « Ce fut une acrobatie un peu particulière, de s’intégrer l’un à l’autre », raconte Philippe B, « mais une fois avoir pris confiance, je me sentais plus téméraire ». Le tout a culminé dans une reprise à deux voix de « Jolie Louise » de Daniel Lanois à titre de rappel.
Quoique la foule connaissait déjà bien Marie-Jo Thério, qui a remporté le prix du meilleur album folk contemporain « québécois » de l’ADISQ en 2006 pour son album Les Matins habitables, plusieurs ont eu la chance de découvrir Philippe B. Ses ballades folks à trois temps, qui explorent une narrative d’images avant de déceler la morale, ont bien démontré pourquoi il a remporté, la semaine dernière, le Félix de l’auteur-compositeur de l’année.