– Par Romane Baleynaud –

Dans Marathon, la pièce de la chorégraphe israélienne Aharona Israel, trois danseurs interprètent ce qui ressemble plus à du théâtre de l’absurde qu’à de la danse.

Deux hommes et une femme, en tenues de course, courent autour de la piste avant même l’arrivée des spectateurs. Ils continueront leur progression même après la fin de la pièce et l’ouverture des portes, une heure et demie plus tard. La course est rythmée par des mouvements simples, répétitifs et souvent disgracieux. Des injonctions scandées arbitrairement définissent les déplacements et remplacent la musique qui est rare et minimaliste. Tout en courant, les danseurs livrent au public des bribes de leurs vies singulières, marquées par le quotidien en Israël, le service militaire, les nouvelles technologies, les armes, la drogue, le souvenir, la violence, la douleur et la fête.

C’est alors qu’apparaissent des questionnements existentiels attendus : quel est le but de cette course effrénée? Voulant s’inscrire dans la tradition beckettienne, la pièce souligne, sans subtilité ni nuance, l’absurdité de l’existence. Ensuite, la communication se brouille entre les personnages qui sombrent tour à tour dans la démence. Comme autant de Sisyphe, les danseurs recommencent inlassablement leur course vaine.

Alors que la pièce souligne bien l’absurdité de la vie contemporaine, elle semble en rajouter peu. Ce constat existentiel, aussi soigneux soit-il, faisait déjà fureur il y a 60 ans. Plutôt que simplement réitérer ce mantra en y pointant du doigt, n’est-il pas temps d’en tirer une leçon? Par exemple, à défaut de trouver un sens à l’existence, Camus envisage que le bonheur se trouve dans l’exécution de la tache poursuivie. Toutefois, après nous avoir ramenés à l’absurdité de nos vies, Marathon n’offre aucune interprétation, aucun dénouement. Plutôt, les danseurs ont simplement repris la course et les spectateurs ont quitté.