Par Nonibeau Gagnon-Thibeault, journaliste
« Démissionnez! » Une cinquantaine d’étudiants étaient devant les bureaux de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) le 6 septembre dernier pour scander la destitution des élus sous enquête par le Service de police d’Ottawa pour fraude.
Rappelons qu’en août, La Rotonde sortait la nouvelle que Rizki Rachiq, Axel Gaga et Vanessa Dorimain, respectivement président, V.-P. aux opérations et directrice exécutive de la FÉUO, font présentement face à des allégations de fraude pour plus de 20 000$.
La manifestation, qui a débuté vers 12h, était majoritairement composée de membres de clubs étudiants, mais également d’étudiant.e.s venus exprimer leur insatisfaction face à leurs représentants. « Je suis ici parce que je veux que la Fédération étudiante soit bien gérée. 20 000$ ce n’est pas rien, c’est notre argent. […] Les élus devraient être mis de côté, c’est sérieux », soutient Vincent Francis Couture, étudiant en science politique et en linguistique à l’Université d’Ottawa (U d’O).
Le groupe Un-Tied SFUO faisait circuler trois pétitions parmi les étudiant.e.s afin de mettre en place des référendums sur la destitution des trois membres mentionnés plus haut. L’objectif avoué de l’organisation est de mettre à pied chacune de ces personnes. « Nous allons continuer de travailler de façon ardue pour atteindre notre objectif. Nous ne voulons pas que ce soit quelque chose qui disparaît après quelques semaines », fait savoir Zachary Robichaud, porte-parole francophone de Un-Tied SFUO.
Les clubs des quatre partis politiques principaux au Canada, soit les conservateurs, les libéraux, le NPD et les Verts de l’U d’O ont participé à la manifestation. Ce consensus n’est pas surprenant selon Alec Connor, porte-parole des libéraux de l’U d’O, qui juge que ce n’est pas un enjeu idéologique, mais plutôt de fraude. « C’est totalement intolérable, des membres de l’exécutif se font enquêter pour fraude et ils ne sont même pas suspendus avec paye. Rien ne se passe, ils ont encore leurs mains sur la Fédération étudiante », juge-t-il.
Une petite foule, symptôme d’apathie étudiante?
Il y avait approximativement une cinquantaine de manifestants au Centre universitaire, ce qui était moins qu’attendu. Plus de 170 étudiant.e.s avaient indiqué sur Facebook leur participation à l’événement et 550 autres y étaient intéressé.e.s. Est-ce un autre cas d’apathie étudiante?
Selon Tiyana Maharaj, l’organisatrice de la manifestation, la taille de la foule importe peu puisque c’est « le début d’un mouvement étudiant plus large ». Elle blâme « Uni.e.s et leur corruption » pour l’apathie étudiante lors des élections. « La plupart des étudiants ont l’impression qu’ils ne peuvent rien faire pour contrer Uni.e.s. L’apathie des électeurs n’est pas de notre faute et c’est honteux que l’on doit dorénavant se battre pour que le pouvoir puisse revenir dans les mains des étudiants », estime Maharaj.
Certains manifestants qui désirent rester anonymes furent profondément déçus de ne pas voir une plus grande mobilisation. « Ils nous volent notre argent, le C.A. ne fait rien, et on n’est même pas une cinquantaine de gens ici ! On vient ici avec des pancartes, on va partir et puis quoi ensuite ? », se désole l’un d’eux.
Le vote en ligne pour assurer des élections transparentes
La manifestation a eu le support de plusieurs clubs étudiants non-politiques, tels que Cure for Women and Children uOttawa, Société des débats français de l’U d’O et Club de vélo à uOttawa. Pour un membre de Solutions, sous le couvert de l’anonymat, cela met en lumière que l’enjeu n’est pas idéologique. « Il était important d’avoir les clubs à la manifestation pour démontrer que c’est non-partisan », partage-t-il.
Le membre de Solutions insiste sur l’importance de mettre en place des élections en ligne afin d’assurer des élections plus difficiles à détourner. « L’élection n’a pas été tenue correctement. Il y a des problèmes au niveau du comité des élections. Rizki y siégeait, puis il a quitté le comité pour être candidat à la présidence après s’être assuré que ses amis supervisent l’élection, qu’ils comptent les votes. On doit s’assurer que le vote en ligne soit implanté cette année. Il est plus facile de détourner des élections avec des votes papier qu’en ligne », explique-t-il.