Crédit visuel; Alex Carre
Par: Nonibeau Gagnon-Thibeault
L’habitation typiquement hulloise au 151 rue Laurier se transformera temporairement en une maison de fous pour Poètes de sous-sol, une pièce de théâtre qui incorpore poésie et chorégraphie, les 8 et 16 septembre prochains. La Rotonde vous décrit l’expérience particulière qui s’y développe.
En entrant dans la maison qui abrite Poètes de sous-sol, le spectateur pénètre également dans l’environnement de Dexter Ill, une personne qui a été ostracisée par la société depuis son entrée dans le système d’éducation. Il y a sur les murs des dessins et des coupures de papiers journaux. Des textes curieux, parfois dérangeants, sont inscrits ici et là.
Est-ce le salon d’un fou? C’est la question que tente de décortiquer Poètes de sous-sol via la poésie et la chorégraphie. « Il y a une dynamique où on entre dans la tête de Dexter, une personne qui est ostracisée, isolée. On entre dans ce que cette isolation, ce manque d’écoute là et surtout ce que ce refus d’accès à la décision et au pouvoir peuvent donner comme symptômes », explique Maude Charron-Leclerc, qui dirige artistiquement la pièce en collaboration avec Emmanuelle Gingras.
Suivre littéralement l’histoire
Poètes de sous-sol n’a pas de scène fixe à proprement dit. La pièce commence au salon, se déplace dans le sous-sol puis dans la cour arrière pour finir à l’avant de la maison. Les comédiens sont parfois dans le public pour subitement s’en détacher et exprimer leurs poèmes et se mouvementer aux sons des mélodies. La foule suit littéralement l’histoire.
Cela permet au spectateur d’explorer par lui-même l’environnement de Dexter, sa connexion avec les autres spectateurs ainsi que son rapport avec les comédiens. « Ces rapports, dans ce contexte-là, sont beaucoup plus intimes. Non seulement le comédien fait partie de la foule, mais il est aussi partie du spectacle. Il est spectacle et spectateur », estime Charron-Leclerc, qui s’inspire de la chorégraphe québécoise Noémie Lafrance.
Bien que la foule se dirige sans problème pendant la majeure partie du spectacle, à un certain moment, les personnages se placent dans différentes pièces de la maison et y clament des poèmes. La foule, surtout au début de l’acte, ne sait où concentrer son attention devant tant de gens éparpillés. Les membres du public deviennent désorientés et doivent alors choisir qui écouter pour connaître le personnage plus en profondeur.
Ceci n’enlève toutefois rien à l’ingéniosité des directrices artistiques : elles mettent en place un environnement théâtral où le quatrième mur s’efface et où la foule vit et se déplace avec les comédiens, créant ainsi une connexion naturelle envers les personnages.
Un projet sans pression
Mettre en place un tel environnement peut sembler à première vue fastidieux, mais ce fut pour l’équipe une chose qui s’est faite naturellement grâce à la structure informelle des rencontres de création. « On avait beaucoup de liberté. On se réunissait comme un groupe d’amis puis on travaillait ensemble, on faisait de la peinture sur les murs. Ça réunit plus les gens que lorsqu’on se fait une réunion fixe. Il n’y avait pas de pression », relate Emmanuelle Gingras, directrice artistique.