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Main dans la main contre la violence faite aux femmes autochtones

9 novembre 2015

Par Boni Guy-Roland Kadio

Colonialisme. Racisme. Sexisme. Violence institutionnelle. Voici des mots qui ont résonné fort sur la colline parlementaire, le mardi 3 novembre dernier, à l’occasion du rallye contre les violences faites contre les membres de la communauté autochtone. « Nous voulons que justice soit faite! » Tel était le cri du cœur des nombreuses femmes qui ont apostrophé les décideurs politiques pour qu’ils agissent quant aux nombreuses disparitions de femmes autochtones.

Ce matin-là, des chants lyriques en mémoire des femmes disparues ou assassinées ont inauguré la manifestation. Montées sur des bâtons, des robes rouges ont défilé pour symboliser les disparitions successives de ces femmes, des disparitions qui choquent encore la conscience de la communauté autochtone canadienne. Une étude menée en 2003 par la GRC démontrait la surreprésentation des femmes autochtones dans les cas de disparition ou d’homicide au Canada.

Pour Sonia Bonspille Boileau de Kitigan Zibi, les violences contre sa communauté font écho à un passé honni : « Tout ce qui se passe est le résultat de 100 ans de colonisation transformés en violence et en une culture de sexualisation des Autochtones qui n’a que trop duré. » Selon elle, la violence envers les femmes aborigènes est un problème national, d’autant plus que selon elle, « la population aborigène est le peuple avec la plus grande croissance démographique au Canada. »

« Le problème des violences contre les femmes indigènes est un problème de droit humain », abonde Claudette Commanda, membre influente de la communauté Mohawk de Kanehsatake. Pour elle, les Canadiennes et les Autochtones doivent mener ce combat ensemble. Elle soutient par ailleurs l’idée d’une commission d’enquête nationale. Selon Commanda, si jusque-là les rapports d’enquête n’ont pas abouti, c’est parce que la méthodologie de travail n’est pas bonne. Cette « commission d’enquête doit dorénavant être composée des membres et femmes autochtones des familles Gles disparues ».

Des solutions doivent venir de la communauté ainsi que de l’autorité politique. Le professeur agrégé de criminologie Ronald Melchers affirme que « la violence concerne toute la communauté autochtone, que ce soient les femmes, les enfants ou les hommes ». Il ajoute qu’« il faut qu’il y ait une prise de conscience des communautés autochtones elles-mêmes. Les familles autochtones ne sont plus capables d’assurer leur sécurité et celle de leurs enfants, car il existe un manque de ressource et un manque de gouvernance ».

Le nouveau gouvernement Libéral a promis qu’une enquête publique nationale sur les femmes assassinées et disparues se fera. Reste à espérer que les résultats soient concluants.

 

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