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Comment lutter contre la culture du viol au quotidien ?

30 octobre 2017

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Par Yasmine El Kamel-Journaliste  

Encadré : Ces deux dernières semaines, le mouvement « #moiaussi » s’est créé, suite au scandale de Harvey Weinstein, producteur américain accusé de nombreuses agressions sexuelles. Ce hashtag permet à toutes les femmes de dénoncer ce qu’elles ont vécu. On en voit de plus en plus dans les réseaux sociaux. Josée Guindon est gestionnaire du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) d’Ottawa. Elle répond à nos questions pour ce deuxième volet sur la culture du viol.

Comment anticiper une situation propice à l’agression ?

Pour Guindon, il n’y a pas une situation plus propice à l’agression qu’une autre, les agressions peuvent survenir à tout moment, indépendamment du lieu. Il faut être à l’écoute des comportements de chaque personne qui peuvent aider à détecter une agression. En prenant l’exemple du contexte scolaire, Guindon explique par exemple que le rapprochement d’un professeur de la bulle privée d’un.e élève doit alerter l’attention.

Comment arrêter une agression lorsqu’elle se produit devant nous ?

Mieux vaut vérifier et valider que de ne rien faire, tout en s’assurant de sa propre sécurité. Si on reprend l’exemple du professeur trop proche : il y a plusieurs façons d’intervenir pour briser cette situation-là. Ça peut être d’aller directement les voir, ça peut être d’envoyer un texto a la personne concernée, le professeur ne serait plus seule avec l’étudiant.e. Il y aurait ainsi quelqu’un qui s’interpose. Pas besoin d’être la physiquement. Parfois, l’important n’est pas forcement d’intervenir. C’est normal de figer, de ne pas savoir quoi faire. Un autre moyen serait de lui signifier que tu es la, que tu l’as vu, que tu vas être témoin.

Faire face au comportement tendancieux d’un professeur

Ce qui est ressorti ces dernières deux semaines avec les cas de dénonciation : la relation de pouvoir. Une relation inscrite dans le rapport de l’enseignant envers les étudiant.e.s. Un pouvoir institutionnalisé mais également moral. Tout de suite quand on constate ou qu’on remarque des comportements, des paroles, des agissements hors normes d’un professeur envers un.e élève, il y a un problème. Les témoins peuvent aussi aller en parler à d’autres personnes, comme à la direction de la faculté.

Comment répondre à des propos machistes ou sexistes ?

Recommandation de livre : le manuel de la résistance féministe de Marie-Ève Surprenant. Le livre reprend beaucoup de ces propos qui essayent de faire peur aux femmes ou reculer la cause d’avancement des droits des femmes. Guindon lit une page au hasard : « et les hommes alors ! Ils sont tout autant victimes d’agression sexuelle ! ». Ceci est un commentaire qu’on a souvent. On est toujours à rappeler que oui les hommes sont aussi victimes, mais pas autant. 83% des victimes sont des femmes. Il faut toujours reconnaitre que oui, il y a une part de raison, mais reconnaissons les faits. Parfois, ça ne vaut même pas la peine de répondre à des propos machistes et aller utiliser son énergie ailleurs.

Comment aider une survivante à reprendre sa vie en main suite à une agression ?

Être la pour elle. Dire que tu la crois. Ne pas la bombarder de questions ou dire « tu devrais faire ci ou ça. » S’informer. Informez-vous sur les services qui existent, c’est quoi la procédure si tu es victime d’agression sexuelle. C’est quoi la procédure pour aller à l’hôpital… ça prend combien de temps etc. Comme ça elle n’aura pas à chercher toutes ces informations-là. L’entourage pourrait dire : on a l’information, on sait comment tu peux faire. Déjà un casse-tête de moins. Respecter son rythme : ce n’est pas parce qu’il y a un mouvement de dénonciation actuellement qu’elle voudra nécessairement tout de suite porter plainte à la police.

La représentation de la femme objet dans les publicités joue-t-elle un rôle dans la culture du viol ?

C’est sûr. Pourquoi quand on veut vendre une voiture, on ne peut pas juste vendre la voiture ? On veut vendre le corps de la femme. La voiture on peut la vendre avec son équipement, machinerie, performance et tout ça. On utilise le corps de la femme pour vendre des produits. C’est certain que ça perpétue une culture d’exploitation sexuelle, et de viol. C’est certain.

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