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Par Yasmine El Kamel
Encadré central
La conférence de presse Notre tour, organisée le 11 octobre par la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) et l’Association étudiante de l’Université de Carleton (CUSA), présentait une « stratégie complètement menée par les étudiant.e.s pour prévenir la violence sexuelle et appuyer les survivantes et survivants sur les campus universitaires canadiens ». À cette occasion, La Rotonde ouvre une série de trois guides pour lutter contre la culture du viol au quotidien. Cette semaine, Caitlin Salvino, présidente du comité national Notre tour, et Leila Moumouni-Tchouassi, Vice-présidente aux affaires de l’équité de la FEUO, vous conseillent et répondent à certaines de vos questions.
Qu’est-ce que la culture du viol ?
Le gouvernement de l’Ontario définit la culture du viol comme étant « une culture selon laquelle les idées dominantes, les pratiques sociales, les images médiatisées et les institutions sociétales tolèrent implicitement ou explicitement l’agression sexuelle en normalisant ou en minimisant la gravité de la violence sexuelle commise par les hommes et en blâmant les victimes pour les abus qu’elles ont subis ».
Comment pourrait-on sensibiliser les plus jeunes ?
Il faut en parler. Plus on en parle, plus les gens seront au courant que cette culture existe, et plus ils seront à l’aise pour en parler. Les programmes de prévention sont également très importants. Ils permettent aux victimes d’agressions sexuelles de partager leur expérience. C’est une manière de lutter contre cette culture et cela permet aux victimes d’aller de l’avant.
Quels sont les facteurs à risque qui normalisent cette culture ?
L’inégalité des genres, la misogynie, le patriarcat ou encore l’hyper masculinité sont des éléments encouragés, voire même admirés, dans notre société. Ils contribuent à la normalisation de la culture du viol.
Comment anticiper des situations propices à l’agression ?
Les meilleurs moyens de prévenir la violence sexuelle sont les mesures de prévention et les formations. Pour nous, l’entrainement, la prévention et le support sont extrêmement importants. Ceux-ci doivent être offerts à partir de la première semaine à l’université, et doivent avoir lieu chaque année. Si on voit nos ami.e.s à une fête en train de donner trop d’alcool à quelqu’un, il faut être sûr de leur dire d’arrêter. Si on voit nos ami.e.s en train de forcer quelqu’un à faire des choses inappropriées avec quelqu’un d’autre, on doit les arrêter. Ça peut être n’importe quoi… comme dire : « cette blague sexiste n’est pas appropriée », ou « ce n’est pas correct de toucher cette personne si elle ne veut pas être touchée ».
Comment venir en aide à une personne victime d’agression ?
Il faut commencer par dire « je te crois » à la victime. Vraiment… c’est la première chose à dire. Il faut également reconnaitre que ce n’est pas de la faute de la victime, et la rassurer en disant que tout ira bien. Il est important de respecter ce que la victime veut. Ce n’est pas facile et la guérison prend du temps. Elle ne se fait pas de manière linéaire. Mais il est important d’être là pour la victime et de répondre à ses besoins.
Comment arrêter une situation d’agression lorsque celle-ci a lieu devant nous ?
C’est important d’intervenir. Parfois, c’est sûr qu’on va se sentir inconfortable, mais c’est important de faire en sorte que la situation s’arrête. Si la personne ne souhaite pas confronter l’agresseur, il y a d’autres manières de mettre fin à l’agression ; comme appeler la police ou demander à quelqu’un d’autre d’intervenir.