La Rotonde : Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter pour ce poste?
Giuseppe Guida : Ce que j’ai constaté dans mon travail à la FÉUO c’est que certaines choses, comme l’augmentation des frais de scolarité, peuvent seulement être changées de l’intérieur, au Bureau des gouverneurs. J’avais plusieurs idées sur l’éducation postsecondaire et je me demandais comment je pouvais les présenter pour qu’elles aient un impact dans la vie étudiante. Il y a un vrai manque de représentation dans cette instance et je voulais aussi travailler pour les étudiants.
LR : Qu’est-ce que le Bureau des gouverneurs?
GG : Le BDG est la plus haute instance décisionnelle qui vote les budgets et les projets de développement d’édifice ou de résidence ainsi que la hausse des frais de scolarité. Le BDG peut aussi décider de changement de programme, de pair avec le Sénat de l’Université. Tout passe par le BDG. Présentement, on a deux représentants étudiants de 1er cycle et une représentante des 2e et 3e cycles. La plupart des personnes qui siègent au BDG ne sont pas élues mais sont choisies et nommées par le recteur. On y retrouve le recteur, Allan Rock, et des représentants de divers compagnies et organisations communautaires. Ce qu’il faut noter, c’est que seulement les représentants étudiants sont élus. Le véritable problème c’est qu’il y a un manque de démocratie flagrant dans cette instance décisionnelle.
LR : Quel est votre rôle au BDG?
GG : Pour mon mandat, j’aimerais qu’il y ait beaucoup de transparence au BDG. Pour moi, c’est très important que les étudiants sachent ce qu’y si passe. Je veux vraiment savoir ce que les étudiants pensent de leur expérience universitaire et je veux défendre leurs droits et leurs intérêts. Les représentantes qui sont en poste présentement font un travail excellent et je veux continuer leur travail. Il faut noter que les représentants ne sont pas affiliés à aucun parti étudiant, mais je partage l’idée que les frais de scolarité sont beaucoup trop hauts. On a subi une augmentation de 86 % depuis 2006, ce qui pour moi est inacceptable. J’attends voter contre toute forme de hausse. À chaque année, le BDG vote une hausse des frais de scolarité. Je trouve qu’il y a d’autres moyens de financer l’Université, mais je comprends aussi qu’il faut aller militer au niveau provincial et fédéral. Mon but est de regarder les faits et les arguments présentés par le BDG et de dire ce qui est bon pour les étudiants, s’il existe d’autres façons de faire pour éviter une hausse au lieu de dire « bloquer tout » projet sans rien proposer. Il faut travailler avec l’Université pour le bien-être des étudiants. Il faut aussi que les étudiants s’intéressent à cette instance. À la dernière rencontre du BDG, il y a eu des discussions sur la différenciation , bref que les universités se spécialisent dans différentes disciplines. Ça crée des problèmes lorsqu’on regarde le cas du bac en journalisme. On dit que les étudiants peuvent aller étudier à Carleton parce que le programme est meilleur là-bas, mais on ne pense pas aux étudiants francophones qui sont exclus par de telles mesures. Si l’Université d’Ottawa abolit son programme en journalisme, il n’y aura plus de programme francophone de journalisme en Ontario. Donc notre rôle c’est vraiment de défendre les groupes étudiants.
LR : Comment la différenciation affecte-t-elle les étudiants?
GG : Selon moi, les étudiants devraient pouvoir étudier partout où les programmes sont offerts. Les coupures dans les cours de philosophie par exemple, affectent directement le choix des étudiants. Et cela affecte aussi le choix de cours optionnel. Les étudiants en génie, par exemple, ne pourront plus prendre de cours de philosophie si ça les intéresse. Cette différenciation transforme l’université en usine de l’éducation. C’est un autre procédé de commercialisation du savoir qui réduit la valeur de la connaissance par rapport à la valeur du diplôme. L’université n’est plus une institution du savoir mais une entreprise du savoir.
LR : Trouvez-vous que le poste de représentant étudiant au Bureau des gouverneurs est nécessaire et efficace?
GG : C’est assez difficile de répondre à ça. Les représentants ont une voix assez minoritaire au BDG. Mais si on regarde la vaste majorité de la population étudiante, ce qu’on constate c’est que si tous les étudiants et les représentants s’opposent à une idée, l’Université se doit de nous écouter. Il ne s’agit pas seulement de dire qu’on est contre la hausse, là c’est sûr que l’écoute va être moindre. Il faut arriver avec des projets concrets et les mettre sur la table. Malheureusement, j’ai gagné par acclamation pour ce poste. J’aurais vraiment aimé faire campagne et discuter et débattre sur le campus d’idées et de représentations pour que les étudiants soient au courant des enjeux et de l’existence de différentes mesures qui affectent leur vie directement.