L’Université hausse les frais malgré des millions en surplus: explications d’Allan Rock
– Par Émilie Deschamps –
Les hausses des frais de scolarité étaient au cœur de la discussion lors de l’entrevue mensuelle de La Rotonde avec le recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O), Allan Rock. Sur une autre note, La Rotonde a aussi voulu en savoir plus sur le projet de nouveau campus dans le sud-ouest de l’Ontario, qui se réaliserait d’ici cinq ans si le gouvernement donne son aval et fourni le financement nécessaire.
Lors de la dernière réunion du Bureau des gouverneurs, le corps décisionnel suprême de l’Université, la Coalition ontarienne contre les hausses a déposé une lettre demandant une réduction des frais de scolarité pendant trois ans, considérant que l’Université a enregistré des surplus à chaque année depuis les dix dernières années. Ce à quoi Allan Rock répond: « C’est vrai que durant les dix dernières années, nous avons eu des surplus, au total, c’est presque 500 millions de dollars. » Il explique que ces revenus ont servi à construire de nouveaux édifices sur le campus et à divers autres projets. Quant à la hausse annuelle des frais de scolarité, elle servirait à améliorer l’expérience universitaire en engageant notamment plus de professeurs pour augmenter le ratio professeur-étudiant et en installant un accès Internet sans-fil partout sur le campus.
« Je suis complètement conscient que c’est controversé [la hausse des droits de scolarité] », poursuit Allan Rock, « les étudiants étaient chaque année contre une hausse dans les droits de scolarité. Chaque année, l’Université doit convaincre le Bureau [des gouverneurs] que ce n’est pas irraisonnable, et chaque année [le résultat du vote] est assez serré. »
En ce qui concerne une possible hausse cette année, Allan Rock ne se prononce pas et dit que l’Université attend les directives du gouvernement ontarien qui viendront avec la présentation du budget.
Un nouveau campus d’ici cinq ans si tout va bien
Le taux d’accès à l’éducation en français dans la région du centre sud-ouest de l’Ontario est extrêmement bas, de 0 à 3 % selon un rapport d’enquête du Commissariat des services en français de l’Ontario. Ce rapport souligne notamment que « […] le Commissariat aux services en français a reçu de nombreuses plaintes au sujet du manque de possibilités d’études postsecondaires en langue française dans les régions du Centre et du Sud-Ouest de la province. »
Or, selon le recteur de l’U d’O, « nul autre que l’Université d’Ottawa est mieux positionné pour rencontrer les besoins des Franco-Ontariens, que ce soit ici ou dans le sud-ouest. » Le recteur ajoute: « J’ai constaté que dans le discours du trône, le gouvernement a annoncé son intention de rencontrer les besoins des Franco-Ontariens dans le sud-ouest. Pour moi, c’est un signal que possiblement, on a du financement disponible pour un tel projet. » La question du financement est fondamentale pour la poursuite du projet par l’Université.
Un autre projet pourrait toutefois satisfaire les besoins des francophones du centre-sud-ouest: celui d’une Université franco-ontarienne sur lequel travaille actuellement le Regroupement étudiant franco-ontarien. Toutefois, Allan Rock a énoncé certains doutes concernant un tel projet. « C’est intéressant [le projet d’une université franco-ontarienne], mais je ne suis pas certain que le gouvernement soit en position de financer une telle université. »
Pour le recteur de l’U d’O, il est clair que son alma mater est là pour satisfaire les besoins des franco-ontariens et qu’elle peut le faire mieux qu’une université franco-ontarienne. « C’est nous qui avons la responsabilité selon la loi de 1965 […] de promouvoir la langue et la culture française dans un contexte universitaire. Je ne suis pas certain qu’il faille créer une nouvelle université pour faire la même chose», prétend-t-il. « Je ne crois pas que les chercheurs d’envergure en photonique, en droit, en médecine [et] en science de la santé [aillent] dans une nouvelle petite université. C’est possible, mais je ne pense pas que ce sera le cas. » Allan Rock considère donc qu’il serait difficile pour une nouvelle petite université de recréer les possibilités qui s’offrent aux étudiants dans une université telle que l’U d’O.