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L’Université et sa communauté dialoguent sur le racisme

21 novembre 2019

Crédit visuel; Loïc Gauthier Le coz – Photographe 

Par Pascal Vachon – Journaliste

L’administration de l’Université d’Ottawa (U d’O) a organisé une discussion ouverte, à Town Hall, pour faire le point sur le racisme sur le campus. Plus d’une centaine de membres de la communauté se sont réunis au pavillon de la Faculté des sciences sociales pour témoigner de leurs expériences avec le racisme sur le campus.

La discussion ouverte, qui a pris vie la soirée du mercredi 20 novembre, a eu lieu suite à deux incidents de profilage racial et une enquête indépendante concernant le racisme sur le campus.

Un enjeu qui touche le personnel

Le corps professoral a fait valoir, lors du rassemblement, qu’ils ressentaient les effets du racisme sur le campus de manière particulièrement prononcée. Les membres du personnel ont, entre autres, dénoncé le peu de membres du corps professoral à l’U d’O issus de minorités visibles.

Il y aurait, selon eux, un nombre particulièrement bas de professeur.e.s faisant partie de minorité.s visible.s. Une étudiante au doctorat présente à l’assemblée a expliqué qu’au fil de ses 11 ans comme étudiante à l’U d’O, elle n’a eu aucun.e professeur.e Noir.e. 

Les membres du personnel ont dénoncés que le problème du racisme au sein de l’institution est peu abordé. « Parler de racisme dans cette Université, c’est un exploit, car on vit dans le déni du racisme ici. Je suis venu ici aujourd’hui car je ne peux plus me taire, je me suis tut pendant des années », a affirmé Nuah Makungu Masudi, professeur d’anthropologie et sociologie à l’U d’O.

Dans cette catégorie, des membres du personnels issus de minorités visibles ont mentionné le fait de se faire toucher les cheveux. 

Une étudiante présente à l’assemblée a partagé qu’un professeur lui avait déjà dit qu’il était incapable de la voir quand elle s’était assise à l’arrière de la salle de classe, car sa peau était trop foncée.

Le comité du Recteur ?

Cette assemblée ouverte avait pour but d’aider l’Université et le comité consultatif rectoral à éliminer le racisme sur le campus, à entendre les avis et les expériences des membres de minorités visibles de la communauté uottavienne.

D’autres assemblés auront lieu en 2020 et la communauté espère que les paroles de cette assemblée se traduiront en actions.

« On veut voir de vrais changements et j’espère que ce changement pourra être créé grâce au comité », a déclaré l’étudiant Jamal Boyce, étudiant uottavien qui a été victime de profilage racial sur le campus en juin de 2019. Il avait été arrêté et menotté en juin dernier par des officiers des Services de la protection de l’U d’O, lors d’un contrôle d’identité.

Une base de données

Suite aux incidents de profilage racial qui sont survenus en juin et en septembre de 2019, l’Université a créé une banque de données permettant d’identifier les membres de minorités visibles de la communauté uottavienne.

Jacques Frémont, recteur de l’U d’O, a commenté au sujet de cette base de données ; « je dirais que c’est clair que le nouveau système d’identification des gens sur le campus n’est pas bien compris ».

Frémont à l’écoute

Parmi la centaine de personnes présentes, le recteur et les membres du comité consultatif rectoral pour un campus sans racisme ont passé la totalité de la soirée à prendre des notes en écoutant les témoignages des membres de la communauté universitaire.

« C’était deux heures de conversations franches et riches », a jugé Frémont. « Je ne suis pas surpris par ce que j’ai entendu […] mais je suis très déçu de voir que ces situations sont aussi normalisées » a ajouté le recteur de l’U d’O.

Ces assemblées font suite à la déposition d’un rapport dans laquelle l’Université est critiquée pour des incidents de profilage racial concernant le Service de protection du campus. Le comité, composé de membres de l’Université, se rencontrera la semaine prochaine pour discuter des mesures à prendre.

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