– Par Lysane Caouette –
C’est le travail ardu des comédiens que l’on souligne en premier lieu lorsque l’on regarde une pièce de théâtre. Mais qu’en dit-on de ces artistes minutieux qui travaillent de l’autre côté du rideau? Ces artistes qui transposent leur créativité en avant-scène pour créer l’ensemble visuel d’une pièce? Cette semaine, La Rotonde s’est penchée sur le travail d’une spécialiste en création d’éclairages et de décors. Margaret Coderre-Williams, professeur agrégée et conceptrice en résidence au Département de théâtre de l’Université d’Ottawa, travaille dans le métier depuis maintenant 37 ans. La Rotonde l’a rencontrée.
Les premiers intérêts de Mme Coderre-Williams pour la création visuelle se sont concrétisés alors qu’elle était étudiante en théâtre à l’Université d’Ottawa. D’abord guidée vers son amour premier, l’aspect du jeu, une toute nouvelle passion s’est relevée à elle.
C’est lors d’un exercice durant lequel chacun des étudiants devait expérimenter une tâche entourant la production d’une pièce qu’elle a été initiée à la création d’éclairages. Pour cette première approche, le défi était de suivre les instructions afin de « survivre » à l’exercice. Quelque temps après, le directeur technique de la production l’a approchée afin qu’elle puisse prendre en charge la création d’éclairages de la prochaine pièce. Un souvenir dont se rappelle très bien la professeure. « C’était plus un exercice d’essai-erreurs. J’étais intéressée, mais je n’ai pas eu les outils nécessaires pour faire la conception. Mais je l’ai fait! »
Après avoir réfléchi aux options qui s’offraient à elle, Mme Coderre-Williams a entamé une maîtrise en mise en scène à l’Université de Victoria. Alors qu’elle en était à sa première année, elle a confirmé ses réels intérêts : la conception d’éclairages et de décors, en plus des costumes comme troisième choix.
Les éclairages n’ont pas pour seule utilité de projeter de la lumière afin d’éclairer la scène. Au contraire, les lumières ont une approche très artistique : elles soulignent l’atmosphère de l’ensemble de la scène, notamment en mettant en valeur les émotions et les mouvements des personnages et de l’espace dans lequel ils sont plongés. « L’éclairage aide les spectateurs à comprendre l’environnement dans lequel évoluent les personnages, spécialement lorsque la scène est plus limitée. Il peut aussi aider à comprendre par exemple que la scène se déroule à l’extérieur, ou bien qu’elle se passe sous une ambiance de suspense ou sous une scène d’amour. Tu dois créer toute cette atmosphère avec les éclairages. »
Pour l’artiste, la création de divers effets avec les lumières est quelque chose qui « l’a beaucoup frappée ». « Tu peux avoir les idées avec l’éclairage, tu peux avoir une connaissance des choses qui sont possibles [à réaliser], mais chaque fois, chaque fois quelque chose vous donne des surprises. […] L’éclairage est la première chose qui m’a beaucoup frappée. Et c’est à cause des surprises », explique Mme Coderre-Williams, les yeux brillants.
D’autre part, la personne responsable de la conception de décors a libre recours à son imagination, mais celle-ci est toutefois encadrée de plusieurs contraintes : spécifiquement à l’Université d’Ottawa, la production doit composer avec un petit espace, notamment lors des changements de scène. Le financement des productions théâtrales fait aussi partie des compromis.
Dès les premières démarches de la production, le concepteur de décors se voir collaborer avec le metteur en scène.
« Comme créateur, on se doit d’aider à explorer la vision du metteur en scène avec notre œil de concepteur, d’artiste », explique Mme Coderre-Williams.
Puis, le travail de concepteur d’éclairage suit, toujours dirigé par les références du metteur en scène. Le texte de la pièce en soi est une référence pour repérer les moments clés de la pièce, mais aussi en observant le metteur en scène diriger la troupe d’acteurs à la première lecture de la pièce.
« J’ai aussi besoin de voir comment le metteur en scène dirige les acteurs. J’ai besoin de voir le potentiel de création que j’aurai en regardant la disposition des décors et des acteurs sur la scène. Parce que c’est ce que tu crées sur la scène, tu crées une composition visuelle, et la lumière est une partie importante de cette composition. Alors je regarde les moments d’émotions, je repère les opportunités où l’éclairage supportera et aidera à faire comprendre aux spectateurs les moments d’émotions. »
Peu d’étudiants poursuivent des études pour travailler dans la création d’éclairages ou de costumes, selon la professeure Margaret Coderre- Williams, soulignant qu’environ un étudiant aux quatre ans se dirige vers une des deux voies. Un programme se spécialisant dans la création d’éclairages ou de décors n’est pas offert à l’Université d’Ottawa. Cependant, plusieurs cours dans ces champs d’intérêts sont offerts pendant la formation.