Photo Emilie Azevedo
Par Maeve Burbridge, journaliste
Le Sénat de l’Université d’Ottawa (U d’O) a tenu une rencontre le lundi 19 novembre pour discuter d’enjeux tels que la position du gouvernement Ford par rapport à la liberté d’expression sur le campus ainsi que les mesures adoptées pour améliorer l’expérience étudiante à l’U d’O.
Les universités ontariennes font présentement l’objet de reproches du gouvernement provincial de Ford, qui condamne le manque de liberté d’expression sur les campus. L’administration progressiste-conservatrice aurait imposé aux universités d’émettre un énoncé officiel portant sur la liberté d’expression sur leurs campus respectifs d’ici le premier janvier ; le gouvernement provincial se réserve sinon le droit de couper les subventions des universités. La déclaration que prévoit émettre l’U d’O par rapport à la liberté d’expression serait basée sur la déclaration de l’Université de Chicago à ce sujet. Cette dernière ne prône pas la liberté d’expression absolue, puisqu’elle stipule que le discours haineux, ou hate speech, n’a aucune place sur les campus universitaires.
Les membres du Sénat soutiennent qu’il faut des limites à la liberté d’expression sur campus. D’après le recteur Frémont, « les autres universités prennent aussi une approche plutôt minimaliste » par rapport à cette déclaration imposée. David Graham, vice-recteur, soutient que « le discours haineux sur le campus doit être géré ». Paige Booth, présidente par intérim de la Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa a également condamné la législation de Ford, puisque ça « vise à protéger le discours haineux ».
Il semblerait qu’en général, l’Université n’accueille pas favorablement les politiques conservatrices de Ford. La politique sur la liberté d’expression sur le campus n’est pas le seul point de tension entre le gouvernement Ford et les membres du sénat. Ce dernier a également exprimé son regret et sa frustration profonde par rapport à l’annulation du projet de l’Université de l’Ontario français, ainsi que l’effacement du commissariat aux services en français pour l’Ontario. De plus, « des réductions budgétaires importantes se font annoncer au moins pour l’année prochaine » selon Frémont, puisque Ford envisage de couper les subventions à toutes les universités de la province. Plusieurs membres du Sénat ont plaint le fait que l’administration Ford tient plus à cœur la bière à un dollar que la qualité de l’éducation en Ontario et les services pour les Franco-ontariens.
Coupures dans les programmes
La rencontre du sénat débute avec l’annonce de l’annulation de deux programmes. D’une part, la mineure en études juives ne sera plus disponible pour les étudiant.e.s. Il n’y a présentement aucun étudiant dans le programme, puisqu’il existe une option en études juives qui est très comparable à la mineure, mais plus populaire. D’autre part, le diplôme d’études supérieures en études auditives verbales cessera également d’exister.
Remaniement du bac général
Les programmes de baccalauréats généraux en arts, en sciences et en sciences sociales verront une restructuration dans les prochaines années. L’objet du changement sera l’ajout de plus d’options de spécialisation, appelés des stackables, visant à « aider les étudiants à acquérir la multidisciplinarité que recherchent les employeurs et [leur] permettre plus de flexibilité » explique Aline Germain-Rutherford, vice-provost aux affaires académiques.
Qualité de l’enseignement à la hausse
Les dernières années ont été plutôt décevantes pour l’U d’O en termes de satisfaction étudiante, au point où l’Université a préféré ne pas diffuser le taux de satisfaction étudiante pour l’année dernière. Il semblerait toutefois que l’Université tente de corriger ses erreurs en instaurant un système d’évaluation des professeurs dans le but d’améliorer la satisfaction étudiante et la qualité globale de l’éducation que reçoivent les uOttaviens. Selon plusieurs sondages effectués dans d’autres universités, les étudiant.e.s apprécient énormément quand leurs professeurs dirigent un cours qui est bien organisé et structuré, avec un minimum d’imprévus. L’Université compte donc se pencher davantage sur cet aspect de l’enseignement pour satisfaire la population étudiante.
L’Université compte également instaurer un programme de dossier d’enseignement pour assurer la qualité de l’enseignement qu’elle offre. Il s’agit d’un système d’évaluation de chaque professeur de l’Université dans le but de cibler leurs forces et faiblesses individuelles et suggérer des pistes d’amélioration. De surcroît, le programme inclut des sessions de formation à intervalles pour assurer l’amélioration continue des stratégies d’enseignement. Selon Germain-Rutherford, un tel système « favorise le développement d’une culture institutionnelle de la valorisation de l’enseignement […] et un environnement d’enseignement actif et créatif […], et invite la discussion par rapport à comment [les professeurs] devraient enseigner ». En effet, plusieurs parmi les meilleures universités canadiennes, telles que Queen’s et l’Université de Toronto, utilisent un système d’évaluation similaire.
Il existe en fait déjà un système d’évaluation annuel des professeurs à l’U d’O, mais Jacques Frémont, recteur de l’Université, a qualifié le système actuel de « largement insuffisant et injuste ». Les taux de satisfaction des étudiant.e.s en baisse des dernières années en serait la preuve.
Erratum : l’article original indiquait erronément que le programme d’études en audiologie et ortophonie avait été aboli. C’est plutôt le diplôme d’études supérieures en études auditives verbales qui a été retiré.