Par Maeve Burbridge, journaliste
Certains résidents du quartier Côte-de-Sable en ont assez des locataires étudiants qui ne prennent pas soins des maisons où ils habitent. Ces personnes voudraient voir une diminution importante du nombre de logements étudiants dans le quartier, ce qui aura sûrement un impact sur les étudiant.e.s qui dépendent en grands nombres de ce type de logement dans la Côte-de-Sable.
Certains résidents du quartier Côte-de-Sable, en particulier ceux membres du groupe Action Sandy Hill, en ont assez des logements étudiants délabrés. Les maisons de chambres, c’est-à-dire les maisons qui logent plusieurs colocataires universitaires, ne font pas partie de leur vision pour le quartier. Selon eux, ces vieilles maisons « patrimoniales » se font abuser par les locataires étudiants.
Avec les élections municipales qui arrivent à grands pas, soit le 22 octobre, les habitants de Côte-de-Sable se tournent vers les candidats pour faire entendre leurs requêtes et inquiétudes.
Thierry Harris, candidat aux élections municipales pour Ottawa-Vanier est d’accord que les logements étudiants nuisent à la Côte-de-Sable: « Moi je suis contre la construction de maisons de chambres à Côte-de-Sable. Je trouve qu’il y en a trop et que ça apporte un détriment à la communauté qui est adjacente à ces maisons de chambres-là. Les maisons de chambres ne sont non plus une solution sécure pour les étudiants avec tous les déchets et tout le bruit que ça apporte ».
Le groupe Action Sandy Hill veut agir sur l’amendement Zones résidentielles 4, Phase II, qui interdirait la prolifération de maisons de chambres à Côte-de-Sable, dans le but « respecter le caractère historique » du quartier et d’attirer une différente démographie au voisinage.
Quelle est l’alternative?
Selon ceux qui sont contre les maisons de chambres à Côte-de-Sable, les étudiant.e.s devraient plutôt vivre en appartement ou en résidence, où la réglementation est plus sévère. Harris partage cet avis: « Je crois que les étudiants et les étudiantes devraient avoir plus d’options de logement sur le campus tel quel de l’Université… Elle devrait construire des logements innovateurs pour que les étudiants puissent habiter là en sécurité à un coût abordable. »
L’embourgeoisement voulu
Harris encourage aussi les étudiants habitant présentement à Côte-de-Sable de migrer vers Vanier, la Basse-Ville, Gatineau ou bien d’habiter sur le campus, toutes des options qu’il a qualifié de quartiers « plus abordables » que Côte-de-Sable. Bref, il faut garder Côte-de-Sable pour ceux qui ont des moyens, ces personnes n’étant bien évidemment pas des étudiants universitaires, selon lui.
Toutefois, les maisons de chambres sont parmi les options de logement étudiant les plus abordables. L’élimination de celles-ci aurait de graves conséquences pour plusieurs étudiants qui n’ont pas les moyens de vivre en appartement ou en résidence, comme l’a suggéré Harris. La concentration d’étudiants qui habitent à Côte-de-Sable n’est pas négligeable. Sans maisons de chambres, où vont vivre les étudiants qui ne peuvent pas se payer un appartement à eux seuls?
Une « solution » pleine de lacunes
Il est probable qu’en visant l’élimination graduelle de maisons de chambres à Côte-de-Sable, le problème se déplace dans d’autres quartiers à proximité de l’Université tels que Vanier ou Gatineau. Côte-de-Sable n’aura peut-être plus de maisons de chambres, mais il y en aura le double dans d’autres voisinages. Le problème ne sera donc pas réglé, juste déplacé.
La solution proposée n’est donc pas conçue pour le bien de tous ni pour le long terme. D’autant plus, est-ce vraiment éthique de viser l’élimination graduelle d’un certain groupe du quartier, parce qu’un autre groupe le veut? Les étudiant.e.s ont le droit de vivre à Côte-de-Sable au même titre que n’importe qui. Une solution plus juste serait donc de trouver un compromis entre les intérêts des groupes en question.
Que faire alors?
La solution ne serait donc pas d’éliminer ce type de logement du quartier au fur et à mesure, mais de changer la réglementation qui l’encadre.
Gabriel Chaussé est un étudiant en sciences informatiques qui entame sa quatrième année. Il a vécu deux fois dans une maison de chambres. « Pour ma première expérience en maison de chambres, le fait que le propriétaire était présent a amélioré l’expérience parce que ça a forcé les étudiants à faire un effort de nettoyer et s’assurer que le maison reste en bonne condition. En général, c’était une vraiment bonne expérience », relate Chaussé.
Chaussé suggère que les propriétaires devraient être plus actifs au sein du processus de location pour s’assurer que les étudiants prennent soin du bâtiment, mais aussi pour faire les réparations nécessaires dans le but d’améliorer la qualité de vie des locataires. Souvent, les maisons ont besoin de réparations, mais le propriétaire cherche à tirer un maximum de profit avec un minimum d’investissement, et évite à tout prix de dépenser pour les réparations nécessaires.
Il semblerait que les étudiant.e.s en tant que tels ne sont en fait pas à l’origine du mécontentement des résidents de Côte-de-Sable. La vraie cause du débat des maisons de chambres est le manque de régulation, surveillance et d’encadrement de la part des propriétaires des maisons de chambres. Bref, c’est donc la réglementation qui encadre les logements étudiants qu’il faudrait amender au lieu de repousser les étudiants du quartier Côte-de-Sable.