Par David Beaudin Hyppia
En cette rentrée des classes, certains étudiants commencent leur année scolaire presque sans abri. Histoire récurrente cette année, des étudiants découvrent que la maison qu’ils avaient louée est encore en rénovation.
La ville d’Ottawa impose une limite de sept chambres par maison et ce genre de maison doit être proche de lieux à débits rapides, comme une autoroute ou des artères principales. Ce n’est cependant pas tous les propriétaires qui respectent ces lois. Le cas du 154, avenue Sanford, dont parlait le Ottawa Citizen le 25 août, en est un exemple.
En effet, des étudiants qui avaient loué des chambres au 154, avenue Sanford pour le début septembre sont arrivés devant une maison encore en construction. Adam Sarumi, le propriétaire, s’est défendu en affirmant qu’il s’agissait bien d’une maison louée à un groupe et sur seul bail. « Ils peuvent appeler ça comme ils veulent, il n’y a pas de dortoir ici », affirme-t-il, après s’être fait demander par la ville de ne pas afficher la vente individuelle des chambres. Une histoire semblable s’est produite au 95, 4e avenue dans le quartier Glebe.
Jaime Casigay, étudiant à l’Université d’Ottawa, vit présentement dans une chambre d’hôtel, car la maison qu’il a louée avec d’autres étudiants était encore en chantier. Il devait emménager le 1er septembre au 179, rue Henderson, dans une résidence privée appartenant à Takyan Consulting. « Quand j’ai signé le contrat, ils m’ont dit que je pourrais m’y installer le 1er septembre. Malheureusement, ils m’ont dit d’attendre jusqu’au 8 septembre, qui est le premier jour de classe. Et même encore aujourd’hui, la maison n’est pas encore prête », affirme l’étudiant. La compagnie lui a promis de lui rembourser ses dépenses pour son logement, un montant qui monte déjà dans les quatre chiffres. « Je reste à l’hôtel depuis mardi passé », déplore-t-il. « J’ai déjà dépensé 1 250 $ pour 7 jours. Je suis frustré. »
Si l’Université accompagne bien ses étudiants qui habitent en résidences, il y a un manque flagrant d’aide et d’informations pour les étudiants logés hors campus. « [P]eut être que l’Université pourrait informer ses étudiants sur comment choisir une place où habiter pour l’année scolaire hors des résidences, mais je crois qu’ils le font déjà », rajoute Casigay.
Ce cas démontre bien qu’Ottawa ne peut pas contrôler tous les incidents de ce genre. « Le pire, c’est que les étudiants ne voient pas ce que l’on voit », explique un résident du quartier Côte-de-Sable, qui a désiré assumer anonymat. « Le quartier s’est décrépi depuis une dizaine d’années. C’est triste, parce que tout le monde est perdant dans ça, sauf ceux qui ramassent l’argent à la fin. »
Action Côte-de-Sable, l’organisation des résidents du quartier, s’oppose complètement à ce genre de pratique. Les quartiers environnants ont vu leur population changer depuis l’arrivée des 15 000 étudiants dans les dix dernières années. Le quartier Côte-de-Sable est l’un des plus touchés. En 2012, Action Côte-de-Sable avait réussi à faire pression pour faire passer une loi limitant le bruit dans le quartier. Après s’être opposé à la construction de la résidence Henderson, mais sans succès, et à la construction de la résidence au 275 Laurier Est, cette fois-ci avec brio, Action Côte-de-Sable aura sûrement plus de pain sur la planche.