Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

LITTLE FEET | 4. La radio de Burbec

– Par Raph Koukamboulou-Yoyo –

Little Feet se promenait sur Kaffe street, en pleine nuit, sous le ciel étoilé. Il ressentit une joie profonde ; sa seule présence sur Steindorf indiquait qu’il était revenu de son voyage avec Artus et Prospin. Peut-être le maire lui avait-il pardonné, et peut-être n’irait-il pas à l’Orphelinat loin d’Albin Gruber, sa seule famille. Il passa le cœur léger devant le café Margareten. Le temps était agréable, une brise bienveillante lui caressait le visage.

En se rapprochant du trottoir il entendit murmurer son nom.

Little, Little

Irrésistiblement attiré par le son de la voix, il entra dans une maison au hasard à quelques pas du café. Dans l’obscurité la plus totale, il ne reconnut pas l’endroit. Un feu rougeoyant brûlait dans la cheminée. Près de l’âtre, se tenait une femme – Mademoiselle Margareten ! – il l’avait reconnue. Elle sembla jeter quelque chose dans le feu. Little Feet qui se rapprocha et vit qu’il s’agissait d’une lettre, mais n’arrivait pas à lire ce qui y était écrit. La lettre se consumait dans les flammes.

Margareten qui regardait par la fenêtre, l’air préoccupée, ne semblait pas avoir remarqué la présence de Little Feet. Un détail interpella Little, une faible lueur émanait du pendentif que Margareten portait à son coup. Elle finit par se tourner vers Little ; et avait changé d’apparence :

Un homme sans visage recouvert d’un capuchon noir se tenait face à Little Feet.

Little, Little

L’homme se rapprocha.

Little, viens à moi

Little Feet figé par la peur ne pouvait s’enfuir. Il fut aveuglé par une lumière intense. Quand il rouvrit les yeux, il était près d’un lac, tout trempé et allongé sur l’herbe. Il toussa et déglutit de l’eau. Recouvrant ses esprits sous la lumière crue du soleil il comprit qu’il avait fait un rêve et qu’il venait de se réveiller. Little se redressa et s’assit sur l’herbe, il se souvint alors avoir failli se noyer avant d’être  littéralement recraché par le lac ! En regardant autour de lui, tout lui semblait étrange en ces lieux qu’il ne connaissait pas. Artus et Prospin accoururent à sa rencontre.

-Tu viens de plonger dans le lac de Senextra Little, désolé de ce voyage quelque peu…agité, lui dit Prospin.

Senextra était la plus ancienne vallée au monde, bien loin de Vienne et du village de Little Feet. Little et les deux nains traversèrent le bois situé à l’entrée Burbec, aux abords du lac. Little n’avait alors aucune idée de ce qu’il y trouverait. En sortant des fourrés, Little Feet ne mit pas longtemps à se rendre compte que sa venue sur Burbec était attendue. Artus, Prospin et Little s’arrêtèrent sur la clairière.  Une foule d’Hommes-pouces – le nom que l’on donnait aux nains de Burbec – s’était regroupée devant la sortie du bois ; hommes femmes et enfants, avaient quitté leur maison pour voir de près Little Feet. Le jeune garçon était étrangement grand, les habitants de Burbec fascinés n’avaient jamais vu d’enfant avec de si longues jambes – mais jusqu’à quelle hauteur, diable, cet enfant grandirait-il? On n’a pas idée de faire des enfants aussi longs – Une petite fille impressionnée, laissa tomber sa poupée de chiffon. Les habitants de Burbec en avaient maintenant la certitude, ce que l’on racontait sur les Grands-Hommes de l’autre côté du lac, et leur longue taille, était donc vrai. Tous les regards étaient portés sur Little, l’on n’entendait pas une mouche voler.

– Qui sont ces gens? murmura Little Feet mal à l’aise, lançant un regard discret à Artus.

– Tes nouveaux voisins, les habitants de Burbec.

Un Homme-pouce se fraya un chemin au milieu de la foule. Il remit ses lunettes qui glissaient sur son nez, des lunettes sorties d’une autre époque.

« Bonjour », dit-il serrant vigoureusement la main de Little.

Une poignée de main forte et généreuse qui fit grimacer Little de douleur.

« Veuillez excuser nos manières… » dit l’Homme-pouce, « nous n’avions jamais vraiment vu de Grands-Hommes avant vous. J’ai lu toutes sortes de choses fascinantes sur vous, les Grands-Hommes, vos inventions, votre histoire…Euh pardonnez mes manières, permettez-moi de me présenter. »

C’est ainsi que Little fit la connaissance d’Helmet.

-Vous êtes? demanda Helmet

-Little Feet, dit-il avec hésitation.

À sa grande surprise, son nom ne suscita aucun étonnement auprès des gens de Burbec, contrairement aux professeurs du collège de Steindorf.

-Ohhh , fantastique, enchanté Monsieur Feet !

-Helmet, interrompit Prospin, as-tu de la place pour nous recevoir?

Ni Artus, ni Prospin, n’avaient envie d’amener Little chez eux, à cause de leurs voisins qui voudraient l’observer de près, lui poseraient d’interminables questions, et ne le laisseraient pas se reposer une seconde. Little fut donc amené chez Helmet, le temps que l’on s’habitue à sa présence sur Burbec. « On finirait bien par lui coller la paix », pensait Prospin en ses termes.

Little Feet fut surpris de voir à quel point les maisons sur Burbec étaient anciennes, comme si les gens vivaient à une autre époque. Leurs vêtements lui faisaient penser aux personnages de son livre d’Histoire ; vu qu’il n’avait jamais écouté les cours de Madame Leoni, il n’avait pas la moindre idée de quand dataient la verrerie et les meubles d’Helmet.

Helmet qui avait lu depuis tant d’années des livres sur les Grands-Hommes, était impatient de partager avec l’un d’entre eux ses recherches. Il invita donc Little à le suivre dans le sous-sol, accompagné d’Artus et Prospin. Helmet s’approcha d’une table poussiéreuse et enleva un drap  qui recouvrait une boite mécanique.

-Voici la création, dont je suis le plus fier.

Ses trois hôtes attendirent la suite avec curiosité.

Helmet s’éclaircit la gorge

-Inspiré des travaux des Grands-Hommes, dit-il avec un sourire enthousiaste, et des écrits de Mahlon Loomis, j’ai l’honneur de vous présenter la première boite à son de Burbec. Elle nous permettra de retransmettre les communications à distance. Plus communément appelée, radio.

Little regardait dans le sous-sol les nombreuses créations du bricoleur et découvrit sa passion pour les inventions ; Little ne le savait pas, mais l’une d’elle lui sauverait la vie un jour. Artus, Prospin écoutaient la présentation d’Helmet de la première radio de Burbec, sous leurs yeux.

Little préoccupé par autre chose, n’écoutait pas la conversation.

Il repensait au rêve étrange qu’il avait fait près du lac de Senextra, il n’en avait encore parlé à personne. Prospin annonça une nouvelle qui allait une fois pour tout apporter à Little toutes les réponses, au sujet de son étrange voyage qui touchait maintenant à sa fin.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire