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L’important apport des sciences sociales au secteur de la santé

18 novembre 2013

– Par Sinda Garziz –

La Faculté des sciences sociales (FSS) de l’Université d’Ottawa (U d’O) en collaboration avec Relations avec les anciens (Alumni relations) et le bureau de la doyenne de la Faculté des sciences sociales ont organisé mercredi dernier une conférence portant sur les sciences sociales et la santé. Quatre professeurs et chercheurs appartenant à quatre domaines différents ont essayé de mettre en relief l’influence que pourraient avoir certaines sciences sociales sur la santé et l’importance de les prendre en considération pour créer de nouvelles perspectives.

Rosa Dublin, doyenne de la FSS de l’Université d’Ottawa, a ouvert la conférence par une présentation des conférenciers et des quatre volets sur lesquels ont porté leurs interventions, soit : la politique publique, la criminologie, l’économie et la psychologie.

La première intervention de Patrick Fafard, politologue, s’est intéressé à commentles sciences politiques et plus concrètement les institutions politiques jouent un rôle important dans le domaine de la santé. Il a expliqué cette influence  en prenant tout d’abord l’exemple des maladies infectieuses qui, généralement considérées comme anodines, s’avèrent parfois dangereuses et peuvent prendre une dimension globale et internationale, telles que la grippe aviaire. À ce moment, le gouvernement a des responsabilités et intervient en assurant la présence de traitements (la vaccination, par exemple). Il intervient aussi dans la logistique du processus de la vaccination en sensibilisant les gens et en les amenant à se faire vacciner. De ce fait, la vaccination est une question très politisée. Puis, M. Fafard a présenté un autre exemple qui peut appuyer ce rôle, l’industrie pharmaceutique. L’état se préoccupe de la disponibilité des médicaments et de leur accessibilité, et ça, sur l’échelle nationale comme internationale. Qu’est-ce qui fait qu’au Canada les prix des médicaments changent d’une province à une autre? C’est un domaine d’expertise des politologues dans le sens où c’est le gouvernement fédéral qui s’assure avec ces variations que les médicaments restent toujours abordables. Enfin, le gouvernement peut intervenir aussi à un niveau international pour assurer l’accès des pays en voie de développement aux médicaments lorsqu’il y a une incapacité pour  ces pays de remplir leurs obligations. Pour conclure son intervention, le professeur Fafard montre « qu’au Canada, les soins sont perçus comme étant la responsabilité de l’état et on s’attend à ce que le gouvernement prenne en charge ce secteur, le système de santé est alors une question politique par excellence », affirme-t-il.

La deuxième intervention a porté sur un autre volet, celui de la criminologie. La question principale à laquelle Jennifer Kilty, professeure agrégée au Département de criminologie, a essayé d’apporter quelques réponses est celle qui cherche à comprendre comment la criminologie peut contribuer à la compréhension de la santé. Étant intéressée par les milieux carcéraux, elle a commencé par citer quelques exemples où il y a intersection du domaine de la santé et celui des lois, notamment avec les addictions et les effets psychologiques des incarcérations. Cette intersection se traduit par l’établissement d’institutions similaires, mettant l’accent sur le contrôle social : l’hôpital et la prison. Puis, elle a illustré cette convergence dans les discours utilisés, notamment le discours de médicalisation pour expliquer les comportements criminels et déviants qui comprend une criminalisation des médicaments. « Quand vous vous faites incarcérer, votre santé ne relève plus de la responsabilité du ministère de la santé mais de l’institution carcérale. L’institution qui représente la sanction et la punition sera en charge de votre santé », explique Mme Kilty.

Pour sa part, Vicky Barham, directrice du Département de science économique de l’U d’O, s’est attardé sur comment la gestion économique du secteur de la santé peut l’influencer. Elle a souligné l’importance de tenir compte des différents incitants qu’existent dans le secteur privé et étatique, et comment ils peuvent changer la qualité du service présenté aux patients. La seule différence entre les travailleurs des deux secteurs est la paye qu’ils reçoivent, déterminant ainsi la qualité du service. Néanmoins, le secteur étatique de la santé reste assez efficace, car il permet à toute personne d’avoir accès aux soins médicaux. Pour finir son intervention, Mme Barham a mentionné que le fait d’avoir accès à l’information influence de très près l’économie du système de la santé. Par exemple, la publication des statistiques comparatives sur la mortalité dans les hôpitaux peut jouer un rôle majeur en faveur des hôpitaux privés, et dans ce cas, ceci peut être dramatique car la confiance avec les patients se brisera.

La dernière intervention de la conférence a traité de  la dimension psychologique. John Hunsley, professeur titulaire à l’École de psychologie de l’U d’O, a démontré la contribution de la psychologie pour une meilleure qualité de vie. Face à l’importance du nombre de personnes qui souffrent de désordres mentaux, un Canadien sur dix a au moins, une fois durant sa vie, été affecté par un trouble mental. « On est tous touchés directement ou génétiquement par les problèmes mentaux », affirme-t-il. La problématique soulevée ici est l’ignorance de l’effet critique de médicaments psychiatriques et de l’existence de l’alternative du traitement psychologique. Grâce à plusieurs techniques thérapeutiques développées et essentiellement la thérapie cognitive-comportementale, les thérapies psychologiques peuvent traiter aujourd’hui la plupart des désordres psychologiques. « Ce n’est pas dans l’optique de la concurrence avec la psychiatrie, mais il est important que les gens puissent choisir leur traitement », conclut-il.

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