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Arts et culture

Librairie du Soleil et marché des livres francophones: un dilemme

– Par Julia Brumelot-Gourmaud – 

En arrivant ici l’été dernier, en tant qu’étudiante française en lettres et sciences politiques, l’un de mes premiers réflexes était de chercher une librairie capable de me fournir des livres écrits dans ma langue maternelle. C’est ainsi que j’ai découvert la Librairie du Soleil.

Vu que la population d’Ottawa est composée de près de 20 % de francophones, je m’attendais à un marché du livre francophone plus dynamique et, pourtant, il ne me paraît pas avoir assez d’envergure. Les librairies ne semblent pas être présentes à tous les coins de rues et si, en centre-ville, Chapters et la Librairie du Soleil se côtoient de près, les autres sont assez éparses. Une question m’est alors venue à l’esprit: qu’en est-il de la disponibilité des livres francophones dans la capitale du pays bilingue le plus grand du monde, et qu’en est-il notamment au sein de la Librairie du Soleil?

Composition de la librairie

En observant les rayons, j’ai rapidement remarqué qu’ils étaient ornés de nombreux livres philosophiques, politiques, d’essais, de livres de littérature classique, bref, des ouvrages que l’on associe généralement à un niveau d’éducation relativement élevé. Des rayons enfant, bandes dessinées et voyages sont également présents mais, parallèlement, il n’y a pas énormément de livres « grand public », autrement dit romances, récits fantastiques, comédies ou relatifs au quotidien (activités, couple, cuisine, voyages, etc.).

Au début, j’avais trouvé cela dommage puis, tout compte fait, je me suis dit que cette librairie faisait partie des rares qui affirmaient un projet spécifique autre que celui de vendre des livres à tout prix. Ce projet, c’est celui de présenter une certaine facette de la culture francophone, et d’offrir une librairie de fond, proposant à la fois des bestsellers et des ouvrages moins connus.

Le dilemme

Hormis le rayon enfant et bandes dessinées, la composition de la librairie est donc orientée de façon à promouvoir un certain pan de la culture francophone. Le dilemme tient dans le fait qu’en voulant présenter cette vision culturelle, la librairie n’attire, en fin de compte, qu’une partie de la population déjà encline à lire ces ouvrages « intellectuels », et  laisse le reste à l’écart. Alors, promouvoir la culture francophone au risque de ne parler qu’aux « élites », ou se conformer à la culture populaire et attirer un public plus large? J’opte pour la première option, qui a le mérite d’affirmer un projet et une culture, plutôt que de prôner uniquement le gain financier.

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