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Libérer les sciences: La chasse aux sorcières contre la science à son paroxysme

13 octobre 2015

Par Boni Guy-Roland Kadio 

Le mardi 6 octobre dernier se tenait le colloque « Libérer les sciences », une initiative de l’Association des étudiants diplômé(e)s (GSAÉD) et d’Evidence for Democracy. Les panélistes, tout en rappelant l’importance de l’évidence scientifique dans les prises de décisions politiques, ont montré comment le gouvernement actuel ne favorisait pas l’expression ou l’initiative scientifique.

La politique du business scientifique du gouvernement

Pour Robert Ramsay, agent professionnel de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, la science au Canada est minée par un sous-financement fédéral et par une « stratégie instrumentaliste et mercantiliste » prônée par le gouvernement actuel.

Ramsay est catégorique. « Après huit ans, cette stratégie a échoué », explique-t-il, en rappelant l’importance de l’ouverture d’un bureau parlementaire pour les scientifiques.

Le gouvernement Harper s’est montré hostile envers la science, notamment en abolissant le recensement national, en coupant les budgets des organismes environnementaux ou en limogeant des scientifiques fédéraux. Pour Ramsay, c’est l’économie « bulldozer » qui doit passer avant toute chose, au risque de prendre des décisions erronées.

Pour Christina Muehlberger, porte-parole du Caucus national des 2e et 3e cycles de la Fédération canadienne des étudiants et étudiantes, l’éducation postsecondaire subit elle aussi les désavantages de cette même commercialisation. Les dernières années ont vu une hausse de l’endettement étudiant, qui fluctue maintenant entre les 4 100 $ et 26 000 $.

L’éducation est « sous financée et dévaluée, elle est en matière de recherche financée par l’agenda à court terme des industries privées et du gouvernement » dit-elle. Ainsi, le Canada est passé du 18e au 26e rang pour ce qui est de l’innovation scientifique.

La science, entre marginalisation et mépris

Katie Gibbs, directrice de l’E4D, constate que le gouvernement ignore les avis scientifiques, et cela malgré qu’un sondage Macleans auprès des Canadiens ait fait de la science la priorité nord-américaine.

Scott Findlay, professeur de l’Université d’Ottawa (U d’O) en charge d’Evidence for Democracy, corrobore que « les scientifiques du gouvernement fédéral ont besoin de parler librement et ouvertement avec les médias, le public, et entre eux, à propos de la science, à moins qu’il y ait de bonnes raisons de s’abstenir ».

Plus de 90 % des scientifiques à l’emploi du secteur de recherche fédéral se disent muselés par le gouvernement Harper, comme le montre le rapport intitulé « Coup de froid sur la science publique ». Les scientifiques sont censurés et réduits au silence. Une situation que le gouvernement semble bien vivre, comme le précise Mme Gibbs, car son parti est le seul à n’avoir pas de plateforme détaillé sur la recherche scientifique.

Marie-France Paré, étudiante au doctorat et membre du Sénat de l’U d’O, est sans détour. « La science doit jouer un meilleur rôle dans les prises de décisions politiques. Le gouvernement actuel a pris la distance de l’évidence scientifique. Il n’utilise pas toujours les meilleures données et évidences disponibles pour prendre les décisions qui affectent tous les Canadiens ».

La science sous cette ère semble être vouée à un avenir ombrageux. Peut-être qu’un vent de changement permettra à celle-ci à retrouver ses chiffres et expérimentations de noblesse.

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