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Par : Nonibeau Gagnon-Thibeault – Journaliste
Proposé par André Desrochers, professeur au département des sciences de la Terre et de l’environnement, un projet de chaire de recherche sur les fossiles de l’île d’Anticosti se met sur pied à l’Université d’Ottawa. Vieilles de 450 millions d’années et complètes, ces strates permettent aux scientifiques d’en apprendre davantage sur la première extinction massive de la vie et peut favoriser la candidature d’Anticosti comme patrimoine mondial de l’UNESCO.
Archives géologiques complètes
Desrochers explique ainsi que « l’île d’Anticosti est probablement l’endroit au monde où les vestiges, les archives géologiques de ce qui s’est passé, sont les plus complètes ». Cela tient du fait que les strates sédimentaires sont particulièrement bien exposées et n’ont subi que très peu de déformations. « On peut pratiquement mettre notre doigt sur la strate où la vie a quasiment disparu », précise Desrochers, qui a passé plus d’une trentaine d’années à faire des recherches sur Anticosti.
Lors de cette première extinction, 85% de la vie, qui était exclusivement sous-marine, a disparu. Les causes de cela ne sont pas encore claires aujourd’hui. Les strates sédimentaires de l’île d’Anticosti pourraient donner des réponses à de nombreuses questions que se posent les géologues.
D’ailleurs, Desrochers participe à des travaux actuels qui remettent en question la théorie traditionnelle de la première extinction. « S’il y a un endroit sur Terre où on a des chances de bien identifier les causes qui ont mené à cette extinction de la vie marine, c’est sûrement à Anticosti », juge Desrochers en ajoutant qu’on « a capturé l’évolution de la vie sur Terre à ce moment-là. C’est remarquable ».
Patrimoine mondial de l’UNESCO ?
Une demande de financement sur trois ans pour la chaire de recherche a été déposée au gouvernement québécois. « Je pense que les demandes ont été bien accueillies », estime Desrochers.
En été 2017, le gouvernement québécois avait annoncé qu’il mettrait fin aux explorations pétrolières et de gaz de schiste à Anticosti afin de favoriser les chances de l’île d’être ajoutée à la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, avait expliqué cette décision en expliquant que « on ne peut pas faire une demande pour qu’Anticosti devienne un joyau du patrimoine mondial et en même temps exploiter les hydrocarbures ».
La chaire de recherche permettrait de favoriser la candidature d’Anticosti puisque cela avancerait les recherches actuelles sur l’île et pourrait mettre de l’avant des trouvailles importantes. « Si on est capable d’initier dans les prochaines années un nombre de projets scientifiques ciblés pour répondre à certaines questions et augmenter l’importance du site, ça va jouer un rôle », affirme Desrochers. Le site est actuellement l’une des 8 candidatures retenues par le gouvernement canadien à être présentées à l’UNESCO.