Inscrire un terme

Retour
Opinions

Lettre ouverte : Prenons position contre la culture du viol

31 octobre 2016

Mon nom est Jordan Kent, et je suis étudiant en science politique et en histoire canadienne à l’Université d’Ottawa. Il y a une raison bien claire pour laquelle j’écris cette lettre aujourd’hui dans La Rotonde. Il est temps de discuter de ce que devrait faire la Fédération étudiante de l’université d’Ottawa (FÉUO) quant à la bataille et la prévention de la violence sexuelle et de la culture du viol sur le campus, où les incidents s’accumulent année après année.

Récemment, j’ai eu la chance de poser une question lors de la dernière réunion du Conseil d’administration de la FÉUO, quant au rôle que celle-ci occupe dans le combat contre la culture de la violence sexuelle, qui est un problème bien réel sur les campus d’ici et d’ailleurs. 

La question a été répondue par le président de la Fédération, Roméo Ahimakin, qui a souligné que la FÉUO tente de trouver des moyens de combattre le nombre aberrant de cas d’agression ou de violence sexuelle, par exemple en tentant de collaborer avec les équipes sportives des Gee-Gees. Ahimakin a également déclaré que les réponses aux incidents en matière de violence sexuelle avaient été médiocrement gérées par l’Université. Certes, c’est une chose de reconnaitre qu’il existe un problème et qu’il devrait être réglée, mais ça en est une autre de passer à l’acte pour tenter de supprimer ce problème sur le campus de l’Université d’Ottawa.

Dans les dernières années, notre campus a été bombardé de controverses en raison de ce problème. On pourrait parler de la suspension de l’équipe de hockey masculine, en raison d’allégations d’agression sexuelle, ou encore, pour nommer un exemple plus récent, le cas d’un ancien employé-bénévole de l’U d’O accusé de trafic d’êtres humains, plus précisément de jeunes filles mineures auxquelles on aurait promis un avenir dans le monde de la mode.

Il est triste de penser que de nombreux incidents relevant de la sphère de la violence sexuelle sont souvent non déclarés par les victimes, car elles peuvent avoir peur d’être ridiculisées, attaquées ou humiliées. Ceci dit, ce n’est pas correct et ce genre de traitement n’est pas acceptable.

Les personnes qui décident de dénoncer publiquement leur agression devraient être supportées et méritent toute l’aide qu’elles peuvent recevoir.

Voici une statistique qui vous donnera des frissons dans le dos. Saviez-vous qu’un.e étudiant.e sur cinq, fort probablement des gens que vous côtoyez sur le campus, a ou sera victime d’une agression sexuelle durant son passage dans le monde postsecondaire? Saviez-vous que la FÉUO a participé au processus de rédaction d’une politique de prévention contre la violence sexuelle qui se focalise sur la relation entre étudiant.e et professeur.e, ou encore entre professeur.e et professeur.e, plus qu’elle se penche sur le cas entre étudiant.e et étudiant.e?

N’est-ce pas étrange que nous vivions dans un monde où l’on considère ces pratiques acceptables? Où les équipes sportives de notre Université sont muselées et se font dire de ne pas parler à la presse de ce qui se passe réellement derrière rideaux fermés? N’est-il pas épouvantable qu’en 2016, on considère toujours ce genre de réaction et de comportement comme étant acceptable en milieu universitaire? Bien sûr, on continue encore de blâmer les victimes, leur consommation d’alcool ou encore leur choix vestimentaire lors de leur agression, sans pour autant blâmer l’agresseur et ses choix.

Ce genre de commentaires faits aux étudiant.e.s font la promotion de la culture du viol et devraient être condamnés par la Fédération étudiante.

J’ai passé les dernières semaines à consulter des étudiant.e.s des quatre coins du campus pour trouver certaines solutions, que nous jugeons comme étant un début pour combattre la culture du viol sur notre campus. Nous ressentons le besoin d’éduquer la population de l’Université d’Ottawa pour éviter que des cas de violence sexuelle continuent de faire du campus leur lieu de prédilection.

Nous voulons que la FÉUO prenne le temps de non seulement écouter notre message, mais également de mettre certaines mesures en marche pour combattre la violence sexuelle sur le campus.

Nous espérons que les membres de la Fédération étudiante siégeant au Conseil d’administration prendront en considération les mesures inscrites ci-dessous lors de leur prochaine réunion :

1. Nous proposons que la Fédération étudiante choisisse deux semaines qui seront consacrées à deux problèmes présents sur le campus, soit l’intimidation et la violence sexuelle. La première semaine aura pour consigne d’éduquer les gens sur les différentes formes d’intimidation, et les moyens de les prévenir. La deuxième semaine sera plutôt pour parler de la culture du viol et de la violence sexuelle sur le campus. Cela aura pour but de sensibiliser le corps étudiant à ces deux problèmes majeurs au sein de notre campus.

2. Nous proposons que la Fédération étudiante établisse un nouveau comité comprenant des membres de l’exécutif, du Conseil d’administration et du corps étudiant. Ce comité aura comme tâches de:

a) Composer des politiques sur la prévention de la violence sexuelle, plus particulièrement les cas entre étudiant.e et étudiant.e;

b) Rendre plus strictes les mesures prises contre les accusé.e.s de violence sexuelle;

c) Établir des ateliers de prévention et un programme éducationnel disponibles pour les étudiant.e.s qui sont victimes d’agressions sexuelles ou d’intimidation;

d) Organiser, en collaboration avec la personne responsable des campagnes de la FÉUO, deux semaines respectives de sensibilisation à la violence sexuelle et à l’intimidation.

3. Nous proposons que la Fédération étudiante crée un groupe de support pour les victimes d’agression sexuelle, pour que celles-ci puissent avoir accès à des ressources dans un espace sécuritaire.

À titre de collectif d’étudiant.e.s, nous demandons à ce que la Fédération étudiante étudie et adopte lesdites résolutions dans un délai raisonnable. Il est temps d’agir et de combattre la culture du viol et l’intimidation et c’est notre devoir de travailler ensemble pour y mettre fin.

Merci d’avoir bien pris le temps de lire cette lettre.

Sincèrement,

Jordan Kent 
Étudiant en science politique et en histoire canadienne 
Université d’Ottawa 

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire