– Par Samuel Lafontaine –
Au début du mois, le service de télécommunications canadien a reconnu avoir espionné « par accident » certains citoyens canadiens.
Dans le but de faire le point sur les révélations apprises lors de l’affaire Snowden, Le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC) a commencé à dévoiler, sur son site internet, peu avant les vacances du temps des Fêtes, un peu plus d’informations sur ses activités, selon les informations de l’Agence QMI.
Le CSTC a notamment dévoilé que la Loi sur la défense nationale l’autorise à espionner des citoyens canadiens dans certaines conditions. Parmi ces conditions, nous pouvons citer l’exemple d’un étranger sous surveillance du CSTC qui contacterait un citoyen canadien.
Le CSTC est également en droit de prêter assistance aux services secrets canadiens tels que le Service canadien du renseignement de sécurité, la Gendarmerie royale du Canada ou l’Agence des services frontaliers. Cette collaboration avec les services secrets peut également être un prétexte pour espionner et/ou intercepter des Canadiens soupçonnés de crimes.
Michel Juneau-Katsuya, ancien de la GRC et de la SCRS, professeur à temps partiel à l’Université d’Ottawa et expert en sécurité nationale et internationale, se dit « étonné que l’information soit sortie [sur le site internet du CSTC] » et il explique que le CSTC est l’équivalent de la National Security Agency (NSA) américaine. « Le CSTC est l’organisation la plus secrète au Canada. Son rôle est de protéger les informations du gouvernement et d’intercepter des communications de tout acabit », explique-t-il.
À savoir si le CSTC espionne consciemment les Canadiens, il affirme que « la NSA n’espionne pas les Américains et que le CSTC n’espionne pas les Canadiens. Leur travail est d’espionner des étrangers. Donc la NSA surveille les Canadiens et le CSTC fait de même aux États-Unis, pour que les deux pays s’échangent ensuite les informations ».
M. Juneau-Katsuya juge « très importante » l’affaire Snowden et parle même d’un « effet Snowden » pour décrire le poids qu’a eu la révélation de milliers de documents secrets concernant divers services de renseignements à travers le monde. Pour lui, « cette affaire a soulevé beaucoup de questions et la plus importante d’entre elles est de savoir jusqu’où le gouvernement peut aller pour assurer notre protection. Il est important de trouver un équilibre entre protection et vie privée ».
L’affaire Snowden est nommée d’après cet informaticien américain, ex-employé des services secrets de son pays et qui a révélé au début de l’été 2013 des informations top secrètes sur les pratiques de ses anciens employeurs, soit la CIA et la NSA.
Au Canada, il existe un comité appelé Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. Il s’agit d’un mécanisme de contrôle mis en place pour encadrer le travail des services de sécurité et de renseignement canadiens.