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Par Nicolas Hubert
Les étudiants, victimes oubliées du système de paie Phénix ?
Le nouveau système de paie de la fonction publique, le système Phénix, connaît de nombreux ratés depuis sa mise en place en février dernier. Des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux rencontrent des difficultés à percevoir l’intégralité de leurs paies, lorsqu’ils ont la chance de recevoir un salaire. Entre 3000 et 5000 étudiants de l’Université d’Ottawa (U d’O) auraient travaillé pour le gouvernement cet été. En raison de la nature et des particularités de leurs contrats, ces derniers seraient pour la plupart concernés par les erreurs du système Phénix.
« Impossible de trouver un interlocuteur »
Un étudiant en sciences sociales ayant préféré demeurer anonyme a expliqué à La Rotonde que sa paie ne cessait de connaître d’importantes variations depuis fin avril. Après avoir rempli un formulaire de rétroaction, l’unique recours offert aux employés fédéraux dans sa situation, il y a quatre mois, l’étudiant s’est retrouvé pris au dépourvu.
« Il est carrément impossible de trouver un interlocuteur », précise-t-il avant d’ajouter qu’il ne possède aucune garantie que sa situation soit rapidement normalisée.
En évoquant les répercussions sur son état financier, il avoue toutefois que sa situation n’est pas aussi critique que celle de certains de ses collègues. « Mes cartes de crédit pourraient être en meilleur état, mais au moins mes factures sont payées et j’ai de quoi manger », confit-il en précisant qu’il ne possède plus d’assurance maladie et que l’assurance de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) est trop insuffisante pour couvrir ses prescriptions.
Concernant son quotidien, l’étudiant fait savoir qu’il mise de plus en plus sur la boîte verte, soit le service de boîte de légumes frais de la banque alimentaire de la FÉUO, mais qu’il s’inquiète également de la pérennité de ce service.
L’Université d’Ottawa veut soutenir ses étudiants
Dans un communiqué publié la semaine dernière sur le portail uoZone, l’U d’O annonçait avoir pris des mesures pour venir en aide aux étudiants employés par le gouvernement.
Concrètement, les personnes concernées sont invitées à prendre contact avec le bureau des Comptes étudiant afin d’établir des ententes de paiements pour la session d’automne.
L’administration de l’U d’O a indiqué à La Rotonde qu’aucune interview ne serait accordée à ce sujet, mais a néanmoins spécifié que seules trois personnes avaient pour l’instant fait appel à ce dispositif.
« Une entente de paiement semble impliquer qu’il y a quand même un paiement, mais que les étudiants affectés doivent avoir un revenu pour être capables de payer », indique l’étudiant touché en rappelant que le dispositif n’était pas encore disponible lorsque la majorité des étudiants finalisaient leurs choix de cours.
Les étudiants peuvent également compter sur les syndicats
D’autres mesures de soutien ont également été prises par l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC), l’un des principaux syndicats de la fonction publique canadienne.
Ainsi, bien que les étudiants ne puissent être représentés syndicalement, le vice-président de l’IPFPC, Stéphane Aubry, nous fait savoir que le syndicat leur « apporte une aide similaire à celle offerte à ses membres » syndiqués.
Soulignant la fragilité économique de ces jeunes travailleurs, M. Aubry confirme que l’IPFPC offre ainsi des conseils personnalisés aux personnes concernées et interpelle directement les hauts gestionnaires sur les cas les plus critiques afin de les rendre prioritaires.