– Par Samuel Lafontaine –
On nous dit souvent que nos années universitaires sont les plus belles années de notre vie. Que ce soit votre « matante » au party de Noël ou votre grand-père la fois dans l’année où vous décidez d’aller le visiter au foyer, tous et toutes semblent unanimes pour dire que les années de jeunesse allant de la fin de l’adolescence jusqu’à vos 30 ans sont les plus beaux moments de votre vie. Un peu comme Charles Aznavour qui, entre deux retraites « définitives », chante le refrain « hier encore, j’avais vingt ans… », L’ensemble de la planète tente de vous convaincre que vous n’avez aucune raison pour vous plaindre. ET POURTANT! Nous sommes dans la période la plus stressante de notre existence. La période où il faut faire des choix qui structurent le reste de notre vie. Ces choix sont de nature autant scolaire, que financière ou sentimentale. Il faut savoir trouver l’équilibre entre les petits boulots, l’endettement, les études, les amis, les relations amoureuses et la famille et malheureusement, il s’agit d’un équilibre tellement fragile qu’il est sans cesse à redéfinir. Chaque semaine, il faut savoir équilibrer un horaire qui ne cesse de s’alourdir à mesure que notre compte bancaire diminue, que le semestre avance et au fur et à mesure que naissent et meurent nos relations sentimentales. Tout droit sorti du secondaire, ou arrivé à l’université après un temps passé à végéter au CÉGEP, sommes-nous réellement prêts à affronter le monde universitaire? Car ce monde n’est pas seulement académique. Il ne suffit pas d’avoir de bons résultats scolaires. Pour survivre, il faut aussi affronter notre ennemi commun : la procrastination. Ce terrible ennemi qui nous empêche de quitter notre sofa et netflix pour aller faire du ménage, faire l’épicerie, cuisiner ou mettre les vêtements au lavage. Car l’une des choses que l’on apprend en quittant la maison familiale pour aller étudier à l’extérieur, c’est que notre mère n’était pas une femme mais bien une pieuvre dotée de huit bras et capable de faire toutes sortes de tâches en plus de ses activités à l’extérieur de la maison. C’est parce que le bébé pieuvre en moi se voit nier le droit de se plaindre que j’écris cette chronique. Je sais toutefois que lorsque je serai vieux, les choses dont je me souviendrai ne seront pas les ennuis financiers ou les travaux remis en retard, mais bien tous ces bons moments avec mes amis autour d’un verre dans un bar ou à la maison autour d’un repas et d’une bouteille de rouge. Alors à ce moment-là, lorsque petite pieuvre sera grande, je pourrai moi aussi regarder les jeunes de demain et leur dire : « petit, profites-en car ce sont, non pas les plus belles mais bien de très belles années ».