Arts et culture
LITTÉRATURE
Autrefois forcées de se cacher sous des sobriquets pour publier leurs écrits, les femmes sont passées par le livre pour transmettre leurs réflexions. Ici-bas, quelques suggestions de lecture féministes, afin de donner un aperçu des nombreuses facettes de ce que ça implique d’être née avec deux chromosomes X.
Par Alexandre Henoud – Collaborateur
Le deuxième sexe par Simone de Beauvoir
Par le biais de cet essai en deux tomes, Simone de Beauvoir tire trois concepts nuançant l’homme et la femme : l’homme comme l’Un (Sujet) et la femme comme l’Autre (Objet); l’homme comme transcendance et la femme comme immanence; l’homme comme action et la femme comme fonction. Cette œuvre majeure de la philosophie est autant consultée pour sa vocation féministe qu’existentialiste.
Le féminisme en soi y est présenté comme étant plus normatif que descriptif : c’est une étude, une pensée critique qui s’est révélée révolutionnaire. À partir de ce point de départ, de Beauvoir impose les questions sur la femme : « Y a-t-il une nature de la femme? Qu’est-ce que la féminité? Qu’est-ce qu’une femme? »
Si le premier tome démêle le mythe des faits en faisant d’abord le point sur les connaissances biologiques, psychanalytiques et historiques des rapports entre femmes et hommes occidentaux, le deuxième peint les portraits des multiples femmes. Elle s’attarde notamment au passage entre fille et femme, donnant naissance à un adage largement repris : « On ne nait pas femme : on le devient. »
Par Myriam Bourdeau-Potvin – Cheffe de pupitre Arts et culture
J’aime les filles par Obom
Diane Obomsawin, Obom pour les intimes, raconte en dix histoires le début d’une relation. Toutes les femmes qu’elle a interrogées ont vécu différemment leur premier amour, leur premier baiser ou la première étincelle, et les dessins simplistes, mais efficaces d’Obom en témoignent d’une candeur honnête. Tendrement narrées, les histoires sont aussi celles de dix amies de l’auteure face à la découverte de leur homosexualité, interprétées par la vision unique de l’artiste.
Véritable célébration de l’amour, les personnages de l’univers d’Obom sont animaliers, ce qui ne les empêche pas de vivre des expériences bien humaines. Les premières fois, la découverte de soi et l’acceptation sont des thèmes qui rejoignent, peu importe si la lectrice a déjà traversé une période de remise en question, de réflexions ou de réalisation.
L’auteure, une Montréalaise qui publie sa première bande dessinée en 1997, occupe également la fonction de réalisatrice de film d’animation pour l’Office nationale du film (ONF). Son travail en animation a reçu presque autant de distinctions honorifiques que ses livres. Elle a d’ailleurs elle-même réalisé l’adaptation au petit écran de ses bandes dessinées en 2014.
Les tranchées par Fanny Britt
Les tranchées, c’est un essai portant sur la maternité de la dramaturge Fanny Britt. Un peu à la façon d’une téléréalité qui croque sur le vif quelques moments, Les tranchées est composé des réflexions de l’auteure et de quelques invitées (Madeleine Allard, Isabelle Arsenault aux illustrations, Marie-Claude Beaucage, Alexia Bürger, Annie Desrochers, Alexie Morin, Geneviève Pettersen et Catherine Voyer-Léger) autour de ce qu’est la maternité et ce qu’être une femme veut dire à travers tout ça.
La femme devient une mère, mais reste aussi une fille pour sa propre mère. À travers une variété de dialogues, des bribes de mémoire et d’anecdotes déconstruites, Britt trouve un fil conducteur qui explore la dualité existentielle des femmes, qu’elles soient aussi mères, professionnelles, infertiles, militantes, mères en devenir ou endeuillées.
Les Tranchées : Maternité, ambigüité et féminisme, en fragments est tout compte fait un roman pour toutes les femmes, qui, à défaut de s’y retrouver de près ou de loin dans chaque page, suscitera au moins une réflexion.