Benjamin Doudard
Étudiant en science politique et communication
Université d’Ottawa
La semaine dernière fut somme toute assez chargée en politique fédérale, avec comme évènement principal la mise à jour économique présentée par le ministre des Finances, comme le veut la coutume, six mois après le dépôt du budget fédéral.
Parmi les éléments principaux de cet énoncé économique de l’automne, on retiendra notamment un déficit plus petit que prévu à court terme, mais des prévisions à plus long terme qui semblent pointer, à l’inverse, à un déficit plus élevé qu’anticipé. Le gouvernement annonçait également qu’il compte accorder au directeur parlementaire du budget (DPB) davantage d’indépendance, en le faisant officier du Parlement (au même titre, par exemple, que le vérificateur général).
De plus, on a appris que le gouvernement libéral irait de l’avant avec sa promesse électorale de mettre sur pied une Banque d’infrastructure, soit un fond servant à financer des projets d’infrastructures, notamment dans le transport en commun et l’infrastructure verte, un projet auquel le fédéral va dédier 15 milliards de dollars. Le gouvernement espère que cette structure permettra d’attirer d’importants investissements privés, et estime pouvoir aller chercher de 4 à 5 dollars privés pour chaque dollar fédéral investi.
Alors que l’Opposition officielle décrie le fait que le gouvernement emprunte encore davantage et qu’il ne compte même plus équilibrer le budget au cours de son mandat, les néodémocrates s’inquiètent du fait que la Banque d’investissement libérale pourrait signifier la privatisation d’infrastructures publiques, ce qui risque de se traduire par exemple en plus d’autoroutes à péage, selon eux. Le Hill Times rapportait également que la mise à jour fait aussi état d’un cout de 17.5 millions de dollars engendré par les mesures de sécurité prises lors de la visite du Président Obama en juin dernier.
Mardi, la Chambre a également étudié une motion conservatrice qui portait sur le pouvoir accordé à la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique. Cette motion avait pour origine la tempête politique entourant les collectes de fonds partisanes auxquelles ont participé certains ministres au courant des derniers mois, notamment une soirée privée à Halifax fin octobre à laquelle était présent le ministre des Finances et où les invités avaient à débourser 1500 $. Cette pratique, bien qu’elle ne constitue pas une enfreinte aux lois fédérales, suscite l’indignation de plusieurs, basée sur l’idée qu’il existe un accès préférentiel et payant au ministre chargé de dessiner le budget.
Les Olympiens et Paralympiens de Rio célébrés en Chambre
La Chambre des communes a reçu une cohorte de taille après la période des questions de mercredi dernier, accueillant plus de 200 athlètes ayant participé aux Jeux olympiques et paralympiques d’été de Rio.
La Chambre, temporairement en comité plénier pour pouvoir accueillir des invités, a notamment vu défiler la joueuse de tennis Eugénie Bouchard, la nageuse Penny Oleksiak et la gymnaste Rosie MacLennan, ainsi que la nageuse paralympique Camille Bérubé, étudiante en communication de l’Université d’Ottawa. Celles et ceux qui auront suivi la cérémonie n’auront pu s’empêcher de remarquer le fait qu’en défilant dans la Chambre, la plupart des athlètes s’arrêtaient pour prendre une photo avec le premier ministre, alors que les chefs de l’opposition ont dû se contenter de salutations sommaires de poignées de main, signe que le premier ministre demeure bel et bien populaire auprès des Canadiens
Full house à la Chambre haute
Le premier ministre Trudeau a procédé à la nomination, la semaine dernière, de 12 sénateurs et sénatrices pour terminer de combler les 22 sièges qui étaient vacants au Sénat à son arrivée au pouvoir. Les deux vagues de nomination ont pourvu à l’Ontario six sièges lundi et six autres au Québec mercredi.
Les nombreuses vacances étaient dues au fait que le premier ministre Stephen Harper avait cessé de nommer des sénateurs en 2013, ne souhaitant pas aggraver les épineux dossiers du scandale des dépenses du Sénat et de la réforme du Sénat. Alors que le Nouveau Parti démocratique demandait l’abolition pure et simple de la Chambre haute, le Parti libéral prônait l’idée de la réformer pour la rendre plus indépendante. Justin Trudeau, ayant éjecté de son caucus les sénateurs libéraux en janvier 2014, dans la foulée du scandale des dépenses, avait mis sur pied après son élection un comité non partisan chargé de lui faire des recommandations, parmi lesquelles il choisirait des sénateurs qui seraient de facto indépendants.
La communauté franco-ontarienne sera de nouveau représentée au Sénat, grâce à la nomination de Lucie Moncion, présidente et Chef de direction de l’Alliance des caisses populaires de l’Ontario. L’Ontario français n’avait plus de voix au Sénat depuis le départ à la retraite, en avril 2015, de la sénatrice Marie Charette-Poulin.
Adoption à l’unanimité de la motion néodémocrate sur les enfants des Premières Nations
L’Écho de la Colline rapportait il y a deux semaines qu’une motion du NPD avait fait l’objet d’un débat en Chambre, réclamant du gouvernement des investissements supplémentaires dans les soins des enfants des Premières nations et lui demandant de respecter la décision du Tribunal canadien des droits de la personne de mettre fin à la discrimination à l’égard des enfants des Premières Nations, notamment en « cessant de contester devant les tribunaux les demandes de familles autochtones qui cherchent à obtenir accès à des services assurés par le gouvernement fédéral ».
La semaine dernière, la motion est passée au vote et a été adoptée à l’unanimité, avec 302 voix en faveur. Une motion n’étant toutefois pas contraignante, le gouvernement pourra tout de même choisir de la mettre en œuvre ou pas.