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L’écart entre étudiants et décideurs s’agrandit

3 septembre 2014

Par Clémence Labasse

Alors que les Associations étudiantes promettent, le Sénat réglemente, et le recteur et les vice-recteurs exécutent, le Bureau des gouverneurs (BDG) décide. Souvent désigné comme la plus haute instance institutionnelle, le BDG prend les décisions qui ont le plus d’influence sur la vie universitaire, et seuls trois membres y représentent la cause étudiante. 

Myriam Whalen et Vincent Mousseau, les deux représentants des étudiants au premier cycle, ont évoqué avec La Rotonde les défis qu’ils rencontrent en siégeant au BDG. Leurs difficultés à accéder aux ordres du jour et à apporter des idées sur la table du BDG sont ressorties comme étant des complications majeures.

Les étudiants mis à l’écart

Avant les rencontres du BDG, il n’est pas rare que les représentants étudiants aient de la peine à obtenir l’ordre du jour, indique Mme Whalen. « On a eu certains problèmes l’année passée. [Les ordres du jour] doivent passer par Diane Davidson (vice-rectrice à la gouvernance). Malheureusement, elle n’est pas ici depuis plusieurs mois, pour des raisons personnelles. Tout doit passer par le bureau du recteur et on a eu de la difficulté à ajouter nos points à l’ordre du jour », explique-t-elle.

Mme Whalen ajoute d’ailleurs que « certains professeurs ont eu des problèmes similaires dans le passé. On espère que ce sera différent cette année. »

Plutôt que d’ajouter directement à l’ordre du jour, M. Mousseau explique que les membres sont parfois invités à rencontrer le vice-recteur pour discuter de leurs propositions, mais que ces réunions sont rarement fructueuses. Le représentant évoque d’ailleurs le fait que certains documents leur sont parfois communiqués dans des délais déraisonnables. Il donne en exemple la présentation sur le budget de 2014, qui leur a été donné « à la dernière minute, quelques heures avant la rencontre », le jour où pour la neuvième année consécutive, le Bureau a voté une hausse des frais de scolarité.

Dans une entrevue avec La Rotonde en novembre dernier, Allan Rock, recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O), avait argué que la représentation des étudiants au BDG était adéquate puisqu’elle « reflète la pratique canadienne ». Ce dernier avait ajouté qu’ « avec la formule actuelle, les étudiants ont le droit et l’opportunité de s’exprimer [et qu’] ils font une contribution très importante au Bureau ».

En plus de ces obstacles, les représentants ne peuvent pas participer entièrement au fonctionnement du BDG. « Les étudiants n’ont pas le droit de siéger à certains comités », précise M. Mousseau. Ce dernier a d’ailleurs tenté de se renseigner auprès du président du Bureau, Robert Giroux, sur les raisons qui justifiaient une telle mesure, mais rien ne lui a été présenté depuis.

« Manque de processus formels »

Une carence en procédures lors des réunions des gouverneurs soulève également un mécontentement. Mme Whalen affirme en effet qu’« il y a un manque de processus formels au BDG » et ajoute que certaines décisions devraient être prises avec plus de transparence. Peu importe les efforts des étudiants, « [le BDG] a son plan en tête et il va le suivre », indique la représentante.

« On ne suit pas de code de procédure [tel que le Code Morin]. Pour moi, c’est un problème », affirme quant à lui M. Mousseau. Celui-ci explique qu’au début de son mandat, il avait interrogé M. Giroux sur le code de procédure utilisé, mais que ce dernier lui avait alors confirmé que les réunions ne suivaient aucun code de conduite particulier.

Cette situation mène à certains problèmes, selon les représentants. « Le président n’est pas censé voter lors des réunions, mais très souvent, même s’il ne vote pas […], il dit par exemple “ si je votais, je voterais non, mais je ne vais pas voter ” », expliquent les deux membres du BDG.

Mme Whalen déplore que les activités du BDG demeurent bien souvent dans l’ombre et que peu d’étudiants connaissent le BDG. « On veut que [les étudiants] viennent à nos réunions, cela ajouterais plus de force à nos revendications », élucide la représentante au premier cycle.

Des décideurs loin de la communauté universitaire

Pour améliorer la communication, « on aimerait que les courriels de tous les membres du BDG soient sur le site web du Bureau des gouverneurs, mais nous-mêmes nous n’avons pas accès aux courriels de nos collègues », soupire Mme Whalen.

Au total, le BDG peut est composé d’un maximum de 32 membres. Parmi les élus, l’on retrouve trois représentants des étudiants, deux représentants des professeurs et deux représentants du personnel de soutien. Le groupe des membres nommés est composé de notables de la capitale, représentants de diverses compagnies et organismes, tels que la Financière Manuvie, The Globe and Mail et la Société canadienne du sang.

La Rotonde a tenté de communiquer avec certains membres du corps professoral qui siègent au BDG. L’un d’eux n’a pas fait suite à notre demande, alors qu’un deuxième nous a référés au président du Bureau, qui ne nous a toujours pas répondu.

Interrogé sur le fait que les membres du BDG ne doivent pas répondre aux questions venant de l’extérieur, M. Rock avait indiqué qu’ils siégeaient comme bénévoles et que lui-même était, en tant que responsable de l’administration, disponible pour répondre aux questions.

Lors du vote sur la hausse des frais de scolarité, en mai dernier, le président a tenu la réunion en téléconférence avec les autres membres et notamment les représentants étudiants, dans un lieu différent de leur habituelle salle de réunion au pavillon Tabaret. Si la séance était censée être diffusée en direct sur un écran, tel dispositif n’a pas été mis en place.

Selon les représentants étudiants, « tous les moyens ont été bons pour éloigner la réunion des manifestations étudiantes ». Mme Whalen conclut que« si les membres du BDG n’entendent pas les étudiants, ils ne peuvent pas comprendre entièrement la portée de leurs décisions ».

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