
Le voyage d’Eugénie, la vieille excentrique qui conquit les cœurs de tout âge
Par Yasmine Mehdi
Il est 18 h 40 à l’Auditorium du Centre universitaire quand la pièce de théâtre suisse Le voyage d’Eugénie débute. Une quarantaine de curieux sont venus profiter de ce spectacle organisé par le Service de vie communautaire dans le cadre du Mois de la francophonie. Eugénie, l’unique personnage de ce monologue, a su charmer son public en livrant un texte hilarant, mais triste; léger, mais sérieux.
Quand la vieillesse et la mort font rire aux éclats
Le Voyage d’Eugénie met en scène Eugénie, une vieille dame excentrique, mais attachante. Au gré de son monologue, elle confie ses angoisses, mais aussi ses petits bonheurs. Veuve, c’est avec beaucoup d’émotions qu’elle parle de solitude, de maladie ou de mort : « Mourir, ça me va, mais c’est de ne plus vivre qui m’angoisse », soupire-t-elle durant une scène.
Si le thème central est la vieillesse, cela ne veut pas dire que tous ne peuvent pas s’y identifier. Eugénie, c’est notre grand-mère qui se désole que des étrangers lui aient cédé leur place dans l’autobus. C’est aussi notre mère qui ne comprend pas grand-chose à la technologie ou notre petite sœur qui se plaint de ses amies à longueur de journée. Eugénie, c’est une vieille excentrique, mais c’est aussi un peu de nous tous.
Vin et fromage avec Eugénie
La représentation du jeudi à l’Université d’Ottawa marquait la fin de la tournée nord-américaine du Voyage d’Eugénie, la pièce ayant été présentée à Vancouver, à Victoria et à Atlanta. C’est pour célébrer cette clôture que les spectateurs ont été conviés à une petite réception après la pièce.
La Rotonde a rencontré Anne-Lise Fritsch, qui jouait le rôle d’Eugénie. Les lignes, entre réalité et fiction, étaient floues pour la comédienne de 78 ans, qui s’est trouvé plusieurs points en commun avec son personnage tels l’autodérision ou les soucis de santé. « Vous m’y faites penser, je dois prendre mon médicament pour le cœur! » s’est-elle exclamée. « C’est un texte qui parle d’une personne âgée, mais qui touche tout le monde d’une façon différente. C’est la magie du théâtre », a-t-elle ajouté tout sourire.
Pascale Rocard, metteure en scène, a aussi parlé de son projet miracle. « On prépare un spectacle deux ou trois ans en avance. Là, on a commencé au mois d’août », a-t-elle expliqué. Bien qu’il fût difficile de réserver les salles et de trouver les fonds pour monter le projet, Rocard y est parvenue : « Je me suis battue comme une chienne par amour du théâtre. Ça a été une aventure humaine, mais aussi artistique. Moi, j’ai besoin d’art, sinon je meurs. »
Déçu.e d’avoir manqué cette pièce? Brocard garde le mystère, mais déclare vouloir retravailler avec l’auteur, Gilles Vuissoz. « Je crois avoir enfin trouvé ma paire d’écriture », a-t-elle conclu avec un sourire en coin.