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Sports et bien-être

Le THC, le CBD et la gestion du stress

Mabinty Toure
5 octobre 2022

Crédit visuel : Johan Savoy – Co-rédacteur en chef 

Article rédigé par Mabinty Touré – Journaliste

Une étude publiée en 2016 a révélé que 65 % des étudiant.e.s de niveau postsecondaire en Ontario ont déclaré avoir souffert de forte anxiété en 2015. Ce chiffre peut expliquer pourquoi certain.e.s d’entre eux.elles auraient besoin de méthodes de relaxation efficaces. Parmi celles-ci, l’étude fait mention de l’utilisation de deux composants du cannabis : le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Mais sont-ils adaptés ?

À quoi sert le THC exactement ?

Elliott Wickham explique que le THC et le CBD sont deux molécules présentes dans la plante de cannabis, également appelés cannabinoïdes. Ce responsable des clés dans le dispensaire de cannabis One Plant, dans le quartier Glebe, partage que ces deux composantes de l’herbe sont consommées par plusieurs étudiant.e.s en cas d’anxiété et de stress.

Andra Smith est professeure à l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa, où elle étudie en profondeur l’effet du THC sur le cerveau. Elle explique que les neurones ont des récepteurs auxquels le THC peut se lier facilement, « un peu comme une serrure et une clé ». Le composé imite des neurotransmetteurs, des messages transmis par les neurones présents dans le cerveau appelés endocannabinoïdes, ajoute-t-elle.

Le THC est un composé psychoactif créant la sensation de « brain high », souligne Wickham, c’est-à-dire la sensation de planer après sa consommation. Smith explique que les endocannabinoïdes contribuent au développement du cerveau, comme celui du cortex préfrontal, et à de nombreux processus cérébraux.

Ce composé inonde le système endocannabinoïde, relate-t-elle, ce qui crée la sensation euphorisante. La professeure insiste sur le fait que ce processus peut endommager la mémoire, les capacités de prise de décision et la gestion du temps, entre autres.

Les bienfaits du CBD, un mythe populaire ?

Différemment du THC, le CBD n’a pas d’incidence psychoactive sur le cerveau. Selon Futura Sciences, le CBD agit en bloquant les actions d’enzymes qui modifient les niveaux d’anandamide, un neurotransmetteur connu pour provoquer l’euphorie. Cela augmente la quantité de ce dernier et stimule la réponse endocannabinoïde du corps, responsable pour la régulation de certains processus cognitifs.

Wickham ajoute que le CBD contribue énormément à réduire les inflammations, l’anxiété et le stress. Le responsable pense que la combinaison d’une faible dose de THC avec une forte dose de CBD dans une cigarette électronique permet d’aider les étudiant.e.s à se concentrer durant leurs travaux. Ce format est prisé pour sa petite taille et son manque d’odeur, souligne-t-il, ce qui facilite la discrétion.

Selon une étude récente de Santé Cannabis, les traitements à base de THC et de CBD sont plus efficaces que la consommation de CBD seul. Santé Cannabis conclu qu’en attente d’autres recherches, « il est probablement préférable d’aborder l’engouement pour le CBD avec prudence et peut-être scepticisme ».

Les consommateur.ice.s de CBD ont néanmoins accès à une variété de produits, comme le démontre Wickham. Ce dernier fait mention de comestibles ayant une forte dose de ce cannabinoïde. Le composé peut aussi être consommé sous forme d’huile, de bonbon ou de chocolat, allant de 10 à 30 mg en dose.

Mise en garde

En tant que neuroscientifique, Smith n’est pas d’avis que le THC à lui seul pourrait aider à la gestion de l’anxiété ou de la dépression. Cela serait même le contraire. Elle atteste que « le THC contient plusieurs neurotransmetteurs excitateurs qui renforceraient le sentiment d’anxiété, car il y a plus d’activité dans le cerveau ». D’après elle, il serait préférable de consommer les deux composantes ensemble pour se protéger des effets secondaires.

Wickham renchérit que le THC chez les jeunes peut déclencher des problèmes de santé mentale, comme la schizophrénie et la psychose. Selon une recherche gouvernementale, ces résultats seraient accrus « chez les consommateur.ice.s de moins de 16 ans ou dans le cas de consommation très fréquente ». Ceci est dû au fait que le cerveau poursuit son processus de développement jusqu’à l’âge de 25 ans, explique Smith, déduisant que la prise de THC pendant ces années formatrices est fortement déconseillée.

Pour ce qui est du CBD, il pose problème s’il est utilisé avec d’autres médicaments, ajoute Wickham. Les deux intervenant.e.s encouragent chaque consommateur.ice à engager une discussion avec leur médecin avant de consommer.

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